easyJet a capté 28% du trafic passager de l’aéroport de Bordeaux en 2017. En choisissant de baser 3 Airbus A320 et 110 salariés dont une majorité de navigants, elle parie sur le potentiel de croissance d’une région. Cette nouvelle base (inaugurée le 28 mars 2018) s’inscrit dans les objectifs stratégiques de l’aéroport pour contrer la concurrence du TGV.
La relation commerciale qui unit l’aéroport de Bordeaux à easyJet remonte à 2006, date de l’ouverture de la première ligne de la low cost anglaise, en Aquitaine. La création de la base s’inscrit dans une logique de croissance. Elle ne constitue pas moins une étape cruciale pour la compagnie. « Une fois basée, une compagnie est structurellement présente, notamment à travers son personnel. Il devient plus difficile de faire machine arrière », explique François Bacchetta, directeur d’easyJet pour la France. Il est en effet plus facile d’arrêter une ligne qui n’atteint pas ses objectifs que de fermer une base, autrement dit, easyJet est à Bordeaux pour longtemps.
Depuis douze ans qu’elle opère à Bordeaux, la low cost a pu évaluer le potentiel du marché local, mais aussi la volonté de l’aéroport de l’accompagner dans son développement. « Billi est l’aérogare la plus compétitive de France », déclare François Bacchetta. Billi est le « terminal à services simplifiés » ouvert en 2010 par l’aéroport pour répondre aux besoins spécifiques de compagnies low cost, et agrandi en 2014.
C’était aussi, à l’époque, le moyen de pouvoir mettre en place une politique tarifaire incitative sans s’exposer à des poursuites judiciaires. Marseille a été le premier aéroport à montrer la voie en 2006. Lyon a suivi quelques temps après (2011).
Billi c’est aussi l’une des armes de l’arsenal de l’aéroport pour anticiper les conséquences de la création de la ligne à grande vitesse de la SNCF entre Bordeaux et Paris. Au moment de prendre la décision de sa construction, le low cost n’était encore qu’une promesse de trafic pour les aéroports régionaux français, et la navette d’Air France, entre Bordeaux et Orly, était le principal moteur de la plate-forme. La SNCF avait enclenché le compte à rebours. L’aéroport était engagé dans une course de vitesse.
Le pari s’est révélé gagnant. Avant même que le trafic entre Bordeaux et Orly ne s’effondre, l’aéroport avait réussi à le ramener à une proportion plus raisonnable, en attirant de nouveaux opérateurs. L’espagnole Volotea a été la première low cost à se baser à Bordeaux. L’anticipation de l’aéroport a été un tel succès qu’en 2017, année d’entrée en service du TGV, le low cost a représenté la moitié du trafic total et a affiché une croissance de +20%.
Entre 2009 et 2017, le trafic low cost a progressé de +84%. « Nous n’avions pas prévu une aussi forte croissance », reconnaît Pascal Personne, directeur de l’aéroport de Bordeaux. L’été 2017, billi dont la capacité est comprise entre 2,3 et 2,4 millions de passagers a frisé l’asphyxie. Une partie du trafic low cost a été transféré sur le terminal A pour amortir le pic de trafic estival, et en mars 2018, les postes d’inspection filtrage ont été modifiés pour augmenter le débit : « Nous avons gagné 50 % de passagers à l’heure », affirme le directeur qui annonce un redimensionnement du terminal low cost en deux temps.
En 2019, la salle d’embarquement sera reconfigurée, et début 2021, la surface du terminal sera doublée pour atteindre 10.000 m2. Trois postes avions seront créés (peut-être trois de plus si la croissance du trafic l’exige) en plus des six existants. Cet investissement de l’ordre de 10 millions d’euros oblige l’aéroport à reporter à 2023, au plus tôt, la reconfiguration des halls A et B destinés au trafic conventionnel. « La priorité, c’est billi », déclare Pascal Personne qui ajoute que « la perspective d’évolution du trafic du terminal billi est de +50% d’ici 2021. Nul doute qu’easyJet en sera le principal moteur »
« Avec notre nouvelle base, nous devenons un acteur local clé pour la région, créant 110 emplois parmi lesquels une équipe de direction et des équipages (pilotes, hôtesses et stewards) afin d’opérer sous contrats locaux les trois avions A320 », a souligné Johan Lundgren, le nouveau PDG d’easyJet qui a donc réservé sa première apparition publique en France, depuis sa nomination, à Bordeaux, pour l’inauguration de la base.
L’intérêt d’une base réside moins dans le développement du nombre de lignes que dans l’adaptation des horaires aux besoins des clients locaux.En 2018, easyJet opèrera au total 31 lignes dont 14 exclusives, et offrira 2,4 millions de sièges, soit 400.000 de plus qu’en 2017 « Nos investissements à Bordeaux nous permettent également de renforcer notre offre à destination des voyageurs business avec des destinations domestiques et trois centres d’affaires (Genève, Lyon, Londres) disponibles en aller/retour avec départ matinaux ». Pendant près de deux ans, avant de prendre sa décision de créer sa base bordelaise, easyJet a testé le marché en faisant dormir à Bordeaux (« night stop ») un A320 basé à Lyon.
« Ma priorité stratégique est de faire en sorte qu’easyJet continue de croître et de s’étendre en France, premier marché easyJet en Europe après le Royaume-Uni », affirme Johan Lundgren. easyJet compte 33 avions sur ses six bases françaisesEasyjet possède six bases en France : Paris-CDG (9 avions), Paris-Orly (6), Lyon-Saint Exupéry (7), Nice (4), Toulouse-Blagnac (4) et Bordeaux-Mérignac (3) Un 34ème arrivera en juin 2018 à Nice.
Gil Roy
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Et pendant ce temps le PN d'AF est en grève, sciant un peu plus chaque jour, la confortable branche sur laquelle ces forçats de l'air sont assis.
Bravo au low cost qui ouvre des horizons nouveaux à ceux qui gagnent tellement moins que ces "chers" pilotes.
Bordeaux qu'il va falloir se partager avec HOP et VOLOTEA, la suite n'est qu'une question temps.
Bordeaux a tous les atouts, pour connaître avec easyJet, la même histoire d'amour que celle vécue par Liverpool John Lennon Airport, depuis 1997.