Cadence stabilisée à l’Airbus Corporate Jet Centre

Le centre de finition des Airbus de luxe produit aujourd’hui quatre cabines par an. Le souci du détail y est omniprésent. Pour la seule cabine, les prix s’étagent entre 27 et 40 M€.

A Toulouse, l’Airbus Corporate Jet Centre (ACJC), filiale d’Airbus spécialisée dans la réalisation de cabines VIP pour la famille A320, vient d’atteindre son objectif en termes de cadence de production : quatre ACJ par an. Pour Benoît Defforge, le pdg, ce rythme est désormais stabilisé.

Les effectifs ont atteint 215 personnes, contre 115 lors du rachat en 2007. Benoît Defforge vise un total de 240 à 250 employés à terme. S’y ajoutent 250 emplois indirects dans la région, revendique le pdg. Les 9000 m2 de hangars, sur l’ancien site Sogerma, permettent d’abriter six avions. En tout, l’ACJC a réalisé huit cabines d’ACJ neufs jusqu’à maintenant. Il s’agit de trois ACJ320 et cinq ACJ319. Le carnet de commandes est plein jusqu’à la fin 2013, assure une porte-parole. L’un des rares clients qui puisse être nommé est le saoudien Aviation Link Company.

Le designer “maison”, Sylvain Mariat, a dessiné certaines de ces cabines. Il s’efforce de marier l’ergonomie avec un style relativement fluide et épuré. Les rendus 3D sont un outil important dans sa relation avec le client. Qu’on en juge sur l’image ci-dessous : il ne s’agit pas d’une photo mais bien d’une vue générée par ordinateur. L’aspect de la surface du cuir, par exemple, est d’un réalisme à tromper un photographe professionnel. Seul ennui, ces images sont très longues à créer – plusieurs jours par image. Elles ne peuvent donc être utilisées pour couvrir l’ensemble de la cabine.

Autre point important pour le client d’un Airbus de luxe : le respect exact de ses mensurations. Le siège principal est fabriqué afin que, lorsqu’il est assis, les commandes de multimédia de bord, d’éclairage, etc. tombent naturellement sous sa main. L’ACJC fait parfois transporter le siège dans un grand hôtel, quelque part en Europe, pour un rendez-vous “d’essayage” avec le client.

Une cabine d’ACJ319 coûte de 20 à 30 M$ (15 à 22,5 M€), sur un total de l’ordre de 80 M$ (53 M€) pour l’avion complet. Elle offre une surface habitable de 83 m2. Le plus souvent, on y installe 19 sièges. Mais seuls 4 à 6 de ces places sont couramment occupées. Un ACJ vole entre 200 et 1000 heures par an.

D’une manière générale, les Airbus Corporate Jetliners se vendent bien. Ce ne sont pas de gros volumes : 170 Airbus VIP ont été livrés depuis le milieu des années 1980. Mais, à 65 M$ (48,5 M€) l’ACJ318 (entrée de gamme), on comprend qu’Airbus s’estime satisfait. L’avionneur toulousain vise même désormais les avions d’affaires de la catégorie des Gulfstream G650, Falcon 7X et Bombardier Global 8000, dont les prix s’approchent de celui de l’ACJ318. Comme le rappelait récemment un dirigeant de l’avionneur, « les milliardaires sont moins touchés par les crises que les millionnaires ».

Thierry Dubois