En trois semaines, l’aéroport Marseille-Provence a perdu 99% de son trafic. Tout en espérant une « reprise timide » des vols domestiques au cours de la deuxième quinzaine de mai 2020, il table sur une baisse de son trafic passagers de l’ordre de 15 à 20% en 2021 par rapport à 2019. AMP perd 13 M€ de chiffre d’affaires par mois en ce moment.
Ce n’est pas parce que les low cost présentes à Marseille, ni Air France, ont mis en vente leurs vols à partir de début juin 2020 que les avions décolleront. Cela dépendra évidemment de l’ouverture des frontières intra-européennes pour commencer et surtout des contraintes sanitaires qui seront imposées aux transporteurs aériens.
Le PDG de Ryanair a été clair : il n’est pas question de faire voler des avions en laissant un siège entre deux passagers. Son modèle économique comme celui d’easyJet, sa concurrente directe, repose sur des taux de remplissage largement supérieurs à 90%. A 66%, les avions resteront au sol.
Pas facile dans ces conditions d’échafauder des scénarios en intégrant autant d’incertitudes. « La durée de vie d’un scénario peut être d’une journée en ce moment », reconnaît Philippe Bernand, président du directoire d’Aéroport Marseille Provence (AMP). Et pourtant, l’exercice est inévitable quand chaque mois 7 à 8 M€ de trésorerie sont consommés.
Le 23 avril 2020, le scénario de sortie de crise prévoyait une baisse de 46% du trafic en 2020 par rapport à 2019. Il anticipait un ralentissement du recul à partir de septembre 2020. « Nous revoyons toutes les semaines nous prévisions de trafic et chaque fois à la baisse », déplorait Julien Boulay, directeur commercial et marketing, en présentant le dernier scénario en date.
L’aéroport anticipe des faillites à venir parmi les compagnies, des reports d’ouverture de ligne et une baisse inévitable des fréquences sur les principaux hubs européens auxquels est connecté Marseille-Provence. « L’été sera catastrophique pour les compagnies alors que c’est habituellement à cette période qu’elles engrangent leur marge de l’année pour supporter la baisse d’activité de l’hiver ». Air Canada a déjà annoncé qu’elle suspendait sa ligne sur Montréal et Sun Express reporte son arrivée à l’année prochaine, au mieux.
Le chiffre d’affaires d’AMP dépend pour plus de 90% du trafic aérien et de l’activité aérienne Le domanial et les services liés à l’aérien représentent 10% du chiffre d’affaires. Autrement dit, depuis mi-mars 2019, date de la mise en place du confinement l’argent ne rentre plus dans les caisses de l’aéroport phocéen qui doit néanmoins faire face à des charges incompressibles. L’aéroportuaire est une industrie à coûts fixes élevés. 25 M€ destinés initialement à des travaux ont été utilisés pour faire de la trésorerie. Trois quarts des effectifs sont à l’arrêt. L’aéroport tourne avec une dizaine de personnes sur site. Et pour aggraver cette situation, comme le souligne Philippe Bernand, « les aéroports financent à perte les missions régaliennes déléguées par l’Etat. » Les taxes collectées sur les passagers par les compagnies en mars et avril 2020 ne seront pas reversées faute de trésorerie. C’est donc une charge supplémentaire pour les aéroports.
Pour l’heure, l’aéroport marseillais tourne avec seulement un hall sur trois. « Il faudra attendra 30% du trafic normal avant de réarmer progressivement l’ensemble des infrastructures » précise Denis Corsetti, directeur des opérations.
S’il faudra des mois avant d’envisager l’ouverture d’un deuxième terminal, le désarmement s’est fait en une semaine seulement. Le 18 mars 2020, le terminal 2 a été fermé, et le 23 mars, le hall A du terminal B. De 20 à 30.000 passagers par jour début mars 2020, le trafic est tombé à 300 par jour actuellement avec 3 à 5 vols en semaineAir France assure un vol sur Paris-CDG et Air Corsica deux vols quotidiens sur Bastia et autant sur Ajaccio
« La deuxième semaine de mars a été chaotique » reconnaît le directeur des opérations du fait de l’arrêt brutal du trafic régulier et de la programmation de nombreux vols supplémentaires pour rapatrier les passagers débarqués à Marseille par les paquebots de croisière, ainsi que les équipages de ces navires. Non seulement, il s’agissait de gros porteurs, mais aussi de destinations inhabituelles comme Atlanta, Manille ou Bali.
Dans les semaines à venir Marseille-Provence devra se contenter de vols domestiques.
Gil Roy
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