Les aubes de soufflante, en fibre de carbone tissée en trois dimensions, du moteur LEAP de CFM International sont des pièces critiques. La fabrication en pré-série est déjà en cours, quatre ans avant la mise en service du moteur des futurs Airbus A320neo, Boeing 737 Max et Comac C919.
Le motoriste CFM s’est lancé dans des investissements massifs en vue de la fabrication en série du Leap, qui doit équiper la prochaine génération de monocouloirs – Airbus A320neo, Boeing 737 Max et Comac C919 chinois. Certains éléments très innovants, comme les aubes de soufflante, sont même déjà produits en pré-série. La coentreprise du Français Snecma et de l’Américain GE veut être prête à produire « bon du premier coup » afin d’assurer sans anicroche une mise en service programmée pour 2016.
Les avantages de la fibre de carbone en matière de légèreté, comparée aux alliages métalliques, sont connus. Pourquoi ne pas reprendre, sur le Leap, la technologie éprouvée sur le GE90, bien plus puissant ? C’est une question de diamètre de soufflante – 1,98 m contre 3,25 m – explique-t-on chez CFM. Les aubes du GE90 sont bien plus grandes et peuvent donc plus facilement encaisser un choc à l’oiseau. « L’aube a beau rapetisser, l’oiseau fait toujours la même taille », sourit François Bastin, responsable du programme Leap. D’où la nécessité de concevoir une aube intrinsèquement plus résistante.
Snecma a donc travaillé sur une technologie de tissage en trois dimensions. Le motoriste a fait appel à un spécialiste : l’entreprise américaine Albany Engineering Composites (AEC). Après tissage du renfort, la pièce est moulée par transfert de résine. Seul le bord d’attaque est en métal – du titane.
Au résultat, la soufflante du Leap ne comporte que 18 de ces pièces critiques. A comparer à 36 sur le CFM56-5B de l’A320 actuel. D’où une conception plus simple et une maintenance allégée. En outre, on gagne 450 kg par avion, en comptant les aubes et le carter de soufflante (aussi en composites tissés 3D). Le résultat de 15 ans d’études, souligne François Bastin. Associée à d’autres technologies, la soufflante permettra au Leap d’afficher un rendement amélioré de 15 %.
Snecma, responsable de cette partie du turboréacteur, a déjà produit 2.000 aubes. Ces composants sont aujourd’hui produits à raison de 50 par mois. La cadence passe même, progressivement, à 100 par mois. Pourtant, aucune de ces aubes ne volera. Il s’agit seulement de maîtriser le procédé de fabrication « au plus juste » (lean manufacturing). « Autrement, nous risquerions un taux de rebut très élevé », explique François Harant, responsable du réseau de fournisseurs. Avec toutes ces précautions, il vise moins de 10 % de rebut.
Les aubes seront produites dans deux nouvelles usines à Rochester (dans le New Hampshire aux Etats-Unis) et à Commercy (Meuse). Chacune emploiera 400 personnes. En tout, ce seront 32.000 aubes qui en sortiront chaque année. A l’intérieur de chacune de ces usines, un espace important sera alloué à AEC. L’investissement total de GE et Snecma afin de construire ou moderniser des usines pour le Leap est de 750 M$ (577 M€).
Les tout premiers Leap de série seront assemblés en 2015. Mais la transition du CFM56 au Leap s’étalera principalement sur la période 2017-2018. « Passer de 1.600 moteurs par an à la même production d’un autre type en deux ans, ça ne s’est jamais fait », assure François Harant.
Thierry Dubois
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CFM veut anticiper pour produire le moteur Leap sans anicroche
cela prouve que lorsque l'on investit dans la haute technologie, c'est payant, à la fois pour les économies réalisées sur l' avion, que pour le devenir des 400 personnes qui vont travailler sur le site de production, de niveau 5 étoiles, et seront certainement très bien payées pour un travail intéréssant.
La mondialisation, c'est la compétition, il faut continuer pour avoir " un métro " d'avance. !