Chabord, de la F1 à l’aéronautique

Chabord, le fabricant d’échappement-silencieux pour avions légers développe son activité sur le créneau de l’aéronautique de loisir.

L’ensemble échappement-silencieux développé par Chabord pour le biplace de voltige Cap10 d’Apex Aircraft vient d’être certifié par l’EASA. C’est la onzième certification obtenue par cette entreprise haut-savoyarde de 10 salariés depuis un peu plus d’une quinzaine d’années. Maurice et Alain Chabord, le père et le fils, incarnent désormais, sur le créneau de l’aviation générale, un savoir-faire reconnu en matière d’optimisation des performances des moteurs à piston et de réduction des nuisances sonores. Ils ont acquis cette expertise dans le monde de la compétition automobile et plus particulièrement de la Formule 1.

La réussite de Maurice Chabord est d’avoir substitué à l’inox, l’inconel 625, un alliage de nickel, de chrome et surtout de matériaux spéciaux (tungstène, titane, molybdène, etc) qui présente la propriété de conserver ses caractéristiques aux températures les plus élevées.  » Grâce aux propriétés étonnantes de cet alliage, il était possible de réduire de moitié les épaisseurs des collecteurs d’échappement et donc de diviser par deux le poids tout en augmentant la fiabilité « , explique Alain Chabord.  » A travers la Formule 1, nous avons su mettre en place une organisation très réactive en nous appuyant sur du personnel motivé et des sous-traitants passionnés « . Au fil des saisons de Grand Prix, puis de Rallye avec Citroën notamment, Chabord a tissé, dans un rayon d’une dizaine de kilomètres, un réseau d’ateliers qui possèdent tous un savoir-faire spécifique : usinage, découpe laser, traitement thermique, traitement de surface, banc d’essais. Ensemble, ces professionnels ont découvert l’aviation.

Ce sont d’abord des pilotes de voltige en quête de puissance qui vont solliciter Chabord, puis des aéro-clubs confrontés à des problèmes de nuisances sonores. Une opportunité de diversification que saisit l’entreprise d’Annecy. D’autant que la pression environnementale toujours plus forte, en Europe, laisse entrevoir des débouchés importants à moyen terme. Paradoxalement, la plus grande difficulté qu’elle aura à surmonter sera d’apprendre à concevoir et développer des produits dans un cadre réglementé. Jusque-là seule la performance comptait.  » Ce fut une révolution dans l’entreprise. Cela nous a beaucoup contraints au début, mais cela nous a aussi beaucoup apporté par la suite, notamment dans l’organisation de la fabrication « . Depuis 2005, l’Atelier Chabord possède un agrément de conception et un agrément de production délivrés par l’EASA.

A ce jour, environ 300 avions sont équipés d’échappement et de silencieux Chabord. L’aéronautique ne représente encore que 15% du chiffre d’affaires de la société (1 M€ environ).  » Depuis le début des années 90, nous avons investi 250.000 € pour développer et certifier des produits aéronautiques. Nous avons bénéficié en 2002, d’une aide de 70.000 € de l’Anvar que nous commençons à rembourser cette année « . L’Agence a, en effet, estimé que Chabord avait atteint l’objectif visé et que ses matériels constituaient un succès technologique.

Gil Roy. Air & Cosmos N°2067. 2 mars 2007

Photo : Maurice et Alain Chabord dans leur atelier. (© Gil Roy)