Comment soigner sa peur de l’avion

Au sein du Centre du traitement de la peur de l’avion, la psychologue Velina Negovanska a élaboré une thérapie en trois temps qui fait intervenir un psychologue formé au traitement des phobies et à la gestion de l’anxiété, des professionnels de l’aviation, et qui peut s’achever dans un simulateur de vol.

Une étude menée auprès des personnes ayant peur de l’avion a montré que la très grande majorité des personnes répondent à plusieurs critères de la peur de manière simultanée. Pour les personnes qui ont contacté le Centre de traitement de la peur de l’avion, l’anxiété la plus fréquente concerne les turbulences (79% des cas), l’orage (74%) et la panne d’un moteur (64%). La peur d’avoir peur ou de faire une attaque de panique est également très fréquente (66%), et 79% des personnes estiment avoir un besoin excessif de garder le contrôle de chaque situation.

Pour répondre à l’ensemble de ces difficultés, il est donc indispensable d’envisager une prise en charge globale comprenant l’intervention de plusieurs spécialistes dans différents environnements : psychologue formé au traitement des phobies et à la gestion de l’anxiété, professionnels de l’aviation, puis confrontation progressive à l’avion, par exemple dans un simulateur de vol. Les interventions peuvent être proposées sur une journée ou de manière espacée en fonction des besoins spécifiques de chacun.

Etape 1 : Les trois avantages de la prise en charge psychologique

La peur de l’avion est par définition une peur irrationnelle que la personne n’arrive pas à contrôler. La plupart des personnes que nous rencontrons savent que l’avion est le moyen de transport le plus sûr mais continuent à en avoir peur car les pensées négatives vont bloquer tout raisonnement logique et vont laisser place aux émotions, souvent décalées de la réalité. Le voyage en avion est alors associé à une mort certaine, à un crash fatal et les erreurs de raisonnement du type « mon avion va forcément avoir un problème » ou « cette turbulence et ce bruit sont anormaux » se multiplient. Avant d’apprendre les informations sur la sécurité aérienne, il faut donc réussir à comprendre ses propres schémas de pensée et apprendre avec lui une nouvelle manière de voir la situation.

Comprendre et maîtriser les effets des émotions sur le plan physique (rythme cardiaque élevé, mains moites, tremblements, vertiges, etc) est primordial. Contrôler son rythme cardiaque au moyen d’exercices de respiration et l’apprentissage des techniques de relaxation permet de mieux apaiser ses pensées et ne pas les laisser s’emballer.

Les prises en charge psychologiques, contrairement au coaching par exemple, ont également l’avantage d’être remboursées par certaines mutuelles.

Etape 2 : Initiation à la sécurité aéronautique

Cette deuxième étape apporte ensuite toutes les réponses aux questions que les personnes ayant peur de l’avion peuvent se poser : L’avion résiste-t-il aux turbulences ? Les orages sont-ils dangereux ? Que se passe-t-il en cas d’une panne ? Comment atterrit-on sans visibilité ? Les bruits associés à chaque moment du vol et les principes de la sécurité aérienne sont expliqués pour répondre à toutes les questions et permettre a chacun de se familiariser aux éléments du vol. Nous avons par ailleurs la chance d’avoir dans le Centre un ancien aviateur militaire qui a vécu crash, feu cabine, panne de moteur, défaillances des systèmes du bord et foudroiement… et qui est toujours passionné d’aviation ! Il est d’autant plus facile pour lui de parler des éléments de la peur s’il les a lui-même vécues !

Etape 3 : Mise en situation : la séance de simulateur de vol

Cette étape est importante car elle permet de reprendre confiance dans l’équipage et la machine, mais aussi de voir comment l’avion est préparé pour surmonter des événements souvent anxiogènes pour les passagers : atterrissage dans le brouillard ou avec du vent de travers, panne de moteur, orages et turbulences… Notre Centre propose par exemple une mise en situation graphiquement époustouflante dans la reproduction exacte du cockpit d’un Boeing737. Le stagiaire peut observer les réactions du pilote dans toutes les situations, puis pourra prendre les commandes pour un décollage et un atterrissage épaulé par le pilote de ligne instructeur. Le stagiaire pourra à cette occasion associer chaque bruit ou mouvement lui paraissant étrange aux réelles manœuvres effectuées par le pilote.

Les personnes pour lesquelles l’élément essentiel de la peur est une autre phobie (peur du vide, claustrophobie…) doivent pour leur part principalement travailler avec un psychologue. Dans tous les cas, un suivi personnalisé doit ensuite être assuré après le stage et le retour en vol, pour continuer à répondre à toutes les questions et pour que les patients se sentent soutenus lorsqu’ils prennent la décision de ce confronter à leur peur. Différents modules complémentaires peuvent également leur être proposés : séances avec un psychologue, accompagnement à l’aéroport ou en vol …

Dans un prochain article, nous aborderons les exercices et les conseils permettant de mieux préparer et vivre son vol.

Velina Negovanska
[Velina Negovanska est Docteur en Psychologie, formée aux thérapies comportementales et cognitives, spécialisée dans le traitement des phobies et la gestion de l’anxiété. Elle est également psychologue référent du [Centre de Traitement de la Peur de l’Avion[/note]