Combattre la peur de l’avion, c’est d’abord comprendre ce qui provoque cette phobie. Velina Negovanska, Docteur en psychologie, identifie cinq grands types de peur de l’avion.
A l’instant où vous lisez cet article, près de 500 000 personnes sont dans un avion. Ce moyen de transport est devenu tellement naturel qu’en être privé peut représenter un réel handicap. Voyager jusqu’à Moscou en train ou jusqu’aux Etats-Unis sur des bateaux de marchandise est certes envisageable, mais de telles aventures, certainement agréables lorsqu’elles résultent d’un choix, peuvent entrainer des conséquences sociales et professionnelles importantes lorsqu’elles sont subies. En Europe, 20% de la population ne peut pas monter dans un avion en raison de sa peur et un tiers des passagers subit de l’anxiété en vol. On comprend donc que le développement de prises en charges efficaces et adaptées est primordial.
La première étape pour trouver un traitement efficace est de comprendre sa peur. Celle-ci peut être la combinaison de plusieurs facteurs, cinq grands types de peur de l’avion étant identifiés.
« Je suis très angoissée même en allant simplement chercher un ami à l’aéroport » : l’aviaphobie sans événement déclenchant précis est une réelle phobie identifiée comme telle par les psychologues, elle peut provoquer une anxiété importante à la simple vue d’un avion. Certaines personnes ont ainsi des difficultés en voyant ou entendant simplement un appareil, même sans devoir embarquer.
« J’ai subi un trou d’air de plusieurs secondes, les plateaux repas se sont envolés, les gens pleuraient et j’ai cru que nous allions nous cracher » : la peur peut être la conséquence d’un fait marquant, que celui-ci soit vécu ou raconté. La survenue d’un événement en vol, comme des turbulences fortes ou un orage, la vue d’une hôtesse qui fait la tête interprétée comme le signe évident d’un crash prochain, mais aussi le visionnage répété d’images de crash dans les médias ou la description d’un atterrissage difficile par un ami sont autant d’éléments qui peuvent provoquer une peur du prochain vol.
Près de 80% des personnes qui nous contactent avouent avoir un besoin excessif de garder le contrôle de chaque situation et acceptent mal de confier leur vie à autrui. Cette difficulté est en général gérable et est rarement l’unique élément de l’anxiété, mais retrouver confiance dans la machine et le personnel de bord ainsi qu’apprendre à accepter à déléguer certaines activités est indispensable.
« J’ai peur de ne pas pouvoir me maîtriser, de faire une crise d’angoisse, de hurler ou de pleurer si quelque chose se passait ! » : beaucoup de gens ont un niveau d’anxiété élevé dans leur vie de tous les jours. Face à une situation particulière, sans leurs repères habituels ni capacité de s’isoler ne serait-ce qu’un instant, ils peuvent alors avoir des crises d’angoisse et l’impression de perdre le contrôle. La volonté de ne pas se trouver dans cette situation gênante (ces crises vécues mal et avec un sentiment de honte vis-à-vis des autres) peut bloquer de nombreuses personnes au moment de l’embarquement.
Les autres phobies qui ont une répercussion sur les capacités à prendre l’avion sont nombreuses. Les plus connues sont la claustrophobie, l’agoraphobie ou la peur du vide, mais d’autres peurs plus rares comme la peur de vomir en public et la peur de l’eau peuvent devenir des handicaps insurmontables.
Il est important de combattre les idées reçues concernant le traitement de la peur de l’avion. Les médicaments comme les anxiolytiques peuvent avoir un effet bénéfique ponctuel qui s’estompe souvent avec les années, mais ils ne changent surtout rien à l’anxiété subie avant chaque vol et ne soignent pas de manière durable. Ils peuvent avoir des effets secondaires longtemps après l’atterrissage, comme la somnolence ou les difficultés de concentration. L’alcool est à proscrire, son effet est décuplé en vol et augmente en réalité le niveau d’anxiété tout en ayant un effet désinhibiteur.
« Force toi à embarquer, ça va te guérir ! » est probablement la phrase la plus entendue par les personnes qui nous contactent. Mais lorsque l’on sait que 25% des personnes angoissées dans un avion sont des voyageurs fréquents, il est clair que le fait de réussir à voyager ne signifie pas la fin des problèmes, bien au contraire. Un passager qui associe son voyage à une mort certaine va passer l’intégralité de son vol attentif à chaque secousse, aux attitudes des hôtesses, interprétant chaque bruit comme la confirmation que quelque chose va mal… et il conclura « si je survis à ce vol, je jure que je ne monterai plus jamais dans un avion ! ».
Il n’existe donc pas de formule magique pour surmonter une phobie de l’avion et chaque composante de la peur doit être considérée pour réussir à se soigner. Comme dans toute phobie, la peur de l’avion est irrationnelle. S’informer est important, et tout le monde sait que l’avion est le moyen de transport le plus sur du monde sans être rassuré pour autant. Il faut donc trouver les éléments déclencheurs et travailler sur les pensées négatives associées à l’avion pour permettre de débloquer cette situation. Trouver des réponses précises à ses questions et se réhabituer progressivement à l’avion sont les étapes suivantes et complémentaires à toute prise en charge efficace. D’après les études de l’INSERM, ce sont les thérapies comportementales et cognitives qui donnent les meilleurs résultats pour traiter les phobies comme la peur de l’avion. Un contact avec un psychologue formé à ce type de thérapie est donc indispensable : la sophrologie, l’hypnose, les coachs et l’acupuncture sont très à la mode mais donnent des résultats médiocres et éphémères lorsqu’ils existent.
Nous vous expliquerons dans un prochain article comment la recherche sur le traitement de la peur de l’avion permet aujourd’hui de donner de meilleurs résultats.
Velina Negovanska [Velina Negovanska est Docteur en Psychologie, formée aux thérapies comportementales et cognitives, spécialisée dans le traitement des phobies et la gestion de l’anxiété. Elle est également psychologue référent du [Centre de Traitement de la Peur de l’Avion[/note]
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Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
"La peur donne des ailes"
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
idem pour moi j'avais la peur de l'avion et ai décidé de passer mon Brevet, depuis je suis plus a l'aise sachant comment ça marche, mais je ne suis pas pret pour la voltige.
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
¨Bjr
La personne qui a peur, cherchera toujours des choses à greffer dans la tête.
Et ces choses là sont généralement emplifiées quand à l'écoute des bétises racontées par ci par là.
Personnellement je ne suis pas psychiatre, récemment j'ai discuter avec une amie qui se met dans des situations terribles quand l'avion traverse des turbulences et parfois au bruit des moteurs au changement de régime etc...
Mon discours était le suivant :
En voiture quand tu monte sur un dos d'âne ou tu redecend d'un trotoire ca bouge et après ca devient normal ce n'est pas un accident, ou bien quand tu es dans un bateau pour visiter les calanques tu caresses les petites vagues sans que le bateau coule etc...
Depuis elles est ravi que ses engoisses ont été diminuées et voyage normalement.
Amicalement
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
Bonsoir,
Fort d'une expérience de psychiatre / psychanalyste et de PPL / Vélivole ( 2500 h.) je m'autorise à penser que les propos tenus dans cet article relèvent d'une "joyeuse fumisterie". Qualificatif que je prête bien volontiers à tout ce qui relève des TCC (Thérapies Comportementales et Cognitives.)
La "peur de l'avion", l'aviophobia - comme toutes les phobies - relève de problématiques archaïques profondément engrammées dans l'inconscient personnel et qui se manifestent en déplacement / transfert de troubles de la relation parentale.
Autrement dit, l'aviophobia n'est que le symptôme d'un problème structurel de la psyché qu'il est totalement illusoire de vouloir traiter en n'agissant que sur ces manifestations. Dans le meilleur des cas - ou le pire - tout ce qu'il est possible de réaliser, c'est de contraindre l'inconscient à opérer un nouveau déplacement / transfert. Alors si cette phobie disparaît, ce sera pour être remplacée par une autre, infiniment plus invalidante...
A partir de ce symptôme, il me semble plus pertinent de remonter à la source et de traiter alors le problème structurel. Ce que le transport aérien commercial y perdra - éventuellement - sera allègrement compensé par une amélioration de la santé individuelle comme publique.
Xavier.
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
Je réponds à Xavier qui parle de fumisterie.
Vous avez affirmé que votre méthode est supérieure, car elle s'attaque aux causes profondes du mal, c'est un lieu commun.
Votre démonstration n'en n'est pas une. Vous parlez par affirmations. Votre seule justification est votre expérience. Vous n'avez absolument rien démontré. Si vous avez dit que votre méthode s'attaque aux racines du mal, vous n'avez pas démontré qu'elle est efficace.
Ce qui intéresse les patients, c'est l'efficacité d'un traitement.
Pouvez vous citer une étude sérieuse sur la question?
Une étude sérieuse commence par une méthode commune d'évaluation de l'état du patient. Et se poursuit par la mesure des progrès obtenus sur un suffisamment grand nombre de patients.
Montrez nous une étude qui évalue l'efficacité des deux méthodes, et ensuite seulement on verra si l'une des deux est une fumisterie.
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
Il existe des questionnaires d'évaluation de la peur de l'avion validés et traduits depuis des années. Ils sont notamment utilisés pour estimer le niveau de la peur de l'avion.
De nombreuses publications scientifiques expliquent quel type de prise en charge donne le meilleur résultat, vous pouvez par exemple voir le site pubmed pour un aperçu. On peut retenir les études comme "Use of skills learned in CBT for fear of flying: Managing flying anxiety after September 11th" qui détermine que ce sont les thérapies incluant les TCC qui sont les plus efficaces, ou encore "Self-implication and heart rate variability during simulated exposure to flight-related stimuli" qui montre que le ralentissement du rythme cardiaque permet à l'exposition (en simulateur de vol) d’être plus efficace, d'où l'importance de la présence d'un psychologue.
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
Dans mon cas, passer le PPL m'a permis de surmonter l'angoisse de l'avion qui venait de la mauvaise expérience de mon premier vol de ligne étant enfant (vertiges principalement). J'ai effectivement l'oreille interne sensible mais le fait de comprendre comment fonctionne le vol et de l'expérimenter en pilotant m'a beaucoup aidé à reprendre confiance. Prochaine étape, la voltige mais ça s'annonce plus difficile...
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
Il y a fort longtemps, le centre anti-stress d'Air France proposait à ses "clients" de visiter un cockpit en vol... Est-ce toujours le cas aujourd'hui ?
Par ailleurs, il faut rappeler que pour 100 millions de passagers-kilomètre parcourus, le risque d'accident est de 0,035 pour l'avion et le train, de 0,07 pour le bus, de 0,25 pour le bateau, de 0,7 pour la voiture, de 5,4 pour le vélo, et de ... 6,4 pour la marche à pied et de 13,8 pour la moto. Ainsi, la voiture "tue" 20 fois plus que l'avion.
Comprendre la peur de l’avion pour mieux la prendre en charge
L'accès au cockpit est en théorie interdit aux passagers depuis le 11/09, c'est alors une décision des pilotes, leur réponse variant d'un jour à l'autre.
Pour ce qui est des statistiques de la sécurité aérienne, la plupart des phobiques sont au courant que "l'avion est le moyen de transport le plus sur du monde", mais s'ils ont des pensées négatives automatiques du type "turbulences = crash", les pensées négatives et la peur de l'avion restent.
C'est pour cela que le travail d'un psychologue est indispensable, cela permet de faire baisser son anxiété et de remplacer ses idées négatives par des informations valables, comme les risques réels d'un vol, d'une turbulence, d'un orage... :)