Confiance retrouvée de courte durée pour les compagnies aériennes

Interrogés par IATA entre décembre 2021 et janvier 2022, les directeurs financiers et responsables du fret des compagnies aériennes avaient confié leur optimisme relatif sur un début d’amélioration de leur rentabilité. La guerre d’Ukraine avec ses conséquences sur le prix du pétrole et les restrictions de l’espace aérien risque d’avoir raison de la confiance affichée en début d’année.

Le variant Omicron battait en retraite. C’était avant que la situation dégénère en Ukraine. Les résultats de l’enquête réalisée par l’IATA montrait que le transport aérien retrouvait le moral. A une immense majorité (83%), les participants disaient alors avaoir constaté un début d’amélioration de la rentabilité des compagnies aériennes sur le 4^ème trimestre 2021, que ce soit pour le volume de fret ou trafic passager, comparé à la même période de 2020.

« Une amélioration qui devrait se poursuivre » précisait l’association soulignant même qu’ils étaient désormais 59% (contre 31% sur le 3^ème trimestre 2021) à croire en une augmentation des embauches au cours des douze prochains mois grâce notamment à la reprise des opérations passagers.

Hausse de la demande…

L’étude de l’IATA, réalisée, rappelons-le avant l’invasion de l’Ukraine, indique que 96% des interrogés ont signalé une augmentation du nombre de passagers au quatrième trimestre 2021 par rapport à la même période un an auparavant. Le rebond tant attendu du transport aérien soutenue par le retour progressif du trafic de passagers est la conséquence directe de l’assouplissement des restrictions aux frontières sur certains marchés clés, notamment la réouverture des liaisons transatlantiques début novembre 2021.

Fin décembre 2021, début janvier 202, une grande majorité des participants à l’enquête (91 %) s’attendait à ce que la reprise du trafic passagers se poursuive au cours des douze prochains mois malgré l’épidémie d’Omicron.

Du côté du fret, 71 % des transporteurs interrogés ont signalé une augmentation des volumes sur les 3 derniers mois de 2021 comparé à la même période de 2020. Ceux qui ont fait état d’une amélioration expliquent que la demande a été plus élevée en partie du fait de la congestion des chaînes d’approvisionnement dans l’industrie du transport maritime.

A noter aussi qu’avec le retour des passagers dans les avions de ligne, les transporteurs 100% cargo ont pu récupérer une partie de la capacité fret que s’étaient « accaparées » les compagnies aériennes privées de passagers pendant le COVID.

La prudence reste de mise

L’enquête IATA fait toutefois état d’une certaine prudence sur les perspectives 2022 puisque la part des interrogés qui s’attendent à une rentabilité plus élevée est passée de 74 % (enquête du 3^ème trimestre 2021) à 59 % actuellement.

Les deux tiers des compagnies aériennes interrogées prévoient qu’en 2022 les rendements passagers se stabiliseront aux niveaux actuels ou chuteront en raison d’une pression concurrentielle accrue sur le marché.

En ce qui concerne le fret seul, 58 % des personnes interrogées s’attendent à ce que les rendements restent élevés ou augmentent encore, contre 68 % lors de l’enquête précédente.

Ukraine et pétrole

Le cours du pétrole retrouve des niveaux qui n’avait plus été vus depuis 2014. Le prix du Brent, la référence pour le prix du kérosène en Europe, était à 102,5 $ ce jeudi 24 février 2022 à la clôture. Soit une hausse de +4,62%.

Une hausse sans réelle surprise, prédite par les analystes en raison des tensions géopolitiques et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais aussi de la lenteur de la croissance de l’offre de pétrole et d’une anticipation d’une demande plus forte que prévu.

Avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine, 55% des professionnels interrogés par l’IATA, s’attendaient à une poursuite de la hausse au cours de l’année. Ils étaient 47% lors de la précédente enquête (octobre 2021).

Jérôme Bonnard