Plus de deux semaines après sa disparition entre Kuala Lumpur et Pékin, le Boeing 777 du vol MH370 de Malaysia Airlines demeure introuvable. La zone de recherche se déplace. Tous les scénarios ont été imaginés. Reste l’impuissance des autorités malaysiennes et la douleur des familles des 239 victimes de cet événement, en passe de devenir une énigme.
L’épave du Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines qui assurait le vol MH 370 n’est toujours pas localisée, les informations divergent, sont fréquemment contradictoires, une situation qui est devenue une délicate leçon de patience. Personne ne dispose en effet du recul adéquat pour en parler sereinement et, bien entendu, l’heure des leçons, des conclusions, n’a pas encore sonné. Ce qui n’interdit pas quelques commentaires de bon sens.
La première difficulté à prendre en compte : le drame que vivent depuis deux semaines les familles des passagers. Elles sont confrontées à une situation inédite dans l’histoire contemporaine de la sécurité aérienne, la disparition d’un long-courrier au-dessus de l’océan, dans une zone mal circonscrite. Or, théoriquement, le gros biréacteur pourrait très bien s’être posé sur une piste abandonnée et ses passagers pourraient être en vie.
Bien qu’il s’agisse là d’un scénario peu crédible, on peut comprendre que des parents, des amis, s’y accrochent, entretenant ainsi l’incertitude et la douleur. Cela en prenant en compte de subtiles différences culturelles qui font qu’en Asie, la tristesse, le chagrin et l’incompréhension s’expriment plus ouvertement, plus violemment, que dans les pays occidentaux. D’où les moments difficiles, les incidents, qui ont émaillé ces derniers jours les réunions d’information organisées régulièrement à Kuala Lumpur et à Pékin.
Dans cet esprit, il apparaît injuste de critiquer Malaysia Airlines et ses autorités de tutelle au prétexte que leur gestion de crise serait faible, insuffisante ou maladroite. Leurs responsables, à un titre ou à un autre, sont mieux conseillés qu’on ne veut bien le dire et diffusent régulièrement les informations qu’ils parviennent à réunir, aussi incomplètes soient-elles. Mais, comme en marge de toute catastrophe, la théorie du complot a fait son apparition, sans tarder, véhiculant l’affirmation gratuite selon laquelle certaines données à disposition des autorités ne seraient pas rendues publiques. Ce qui est visiblement faux. Il faut admettre, aussi difficile cela soit-il, qu’un avion commercial a disparu corps et bien, que son épave n’est pas localisée, au fond de l’océan ou sur une piste soigneusement cachée. On ne peut pas s’empêcher de penser à l’Oiseau blanc de Nungesser et Coli ou à la célèbre aviatrice américaine Amelia Earhart introuvables depuis des décennies. Mais, à cette époque, le transpondeur n’était pas inventé, pas plus que le radar ou encore moins les transmissions automatiques d’informations du type ACARS.
Commentaire de Barbara Kracht, directrice de BMK Stratégies, spécialiste reconnue de la communication de crise : « il est aisé de donner des leçons, assis tranquillement derrière son bureau. Mais vu ces circonstances exceptionnelles, voire inconcevables, le contexte émotionnel extrêmement intense, les facteurs culturels, l’environnement géopolitique, je ne vois vraiment pas ce qu’on pourrait faire de mieux ».
C’est un avis à méditer. Barbara Kracht (qui fut porte-parole d’Airbus pendant de très nombreuses années) ajoute « qu’il y aura certainement des leçons à tirer à une date ultérieure de cette tragique disparition. Mais, à ce stade, au vu de ce que Malaysia Airlines, la Malaisie et, surtout, les familles doivent endurer, ce qui est au-delà de tout ce que l’on peut imaginer, on ne peut qu’avoir de la compassion pour eux tous, en espérant que l’on retrouve très prochainement la trace de cet avion ».
C’est là une touche d’humanité bienvenue dans un contexte pour le moins ingrat. Ce qui n’empêche pas d’affirmer qu’il est tout simplement inimaginable qu’un gros porteur puisse disparaître ainsi. Il est plus que jamais évident qu’il faudra innover, mettre en œuvre des moyens techniques nouveaux pour assurer le suivi continu des vols long-courriers.
Entre-temps, Malaysia Airlines déploie des efforts méritoires en termes de communication, résistant, outre l’infernale théorie du complot, aux arnaques, spams et autres bidonnages. Reste l’inquiétude croissante des spécialistes de la sécurité, aggravée par le fait que, là où se concentrent actuellement les recherches, à 2.500 kilomètres environ de Perth, le fond de l’océan, par endroits, se situe à 7.000 mètres en-dessous de la surface. Du coup, c’est là que s’arrête la comparaison avec l’accident du Rio-Paris d’Air France de 2009, l’exploit du BEA français, la récupération des enregistreurs CVR et DFDR ne pouvant sans doute pas être rééditée dans de telles conditions. Demeure une certitude : tout reste possible.
Pierre Sparaco
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Disparition du vol MH370 : une leçon de patience
Merci pour cet article clair et plein de bon sens qui ne s'abandonne pas dans des théories fumeuses ! En pensant très fort aux passagers et aux familles!
Disparition du vol MH370 : une leçon de patience
En tant que franco-malaisien, après trois semaines de tempérance, je ne supporte plus de voir écrit, ici et là, "malaysien-ne-s". Le gentilé en français est simplement malaisien avec un "i" dérivé de l'appellation française de Malaisie. Le "y" se trouve dans l'appellation malaisienne et anglaise "Malaysia" créée à partir de Malaya (le nom de la colonie anglaise) lors de l'intégration des Etats de Sarawak et Sabah (Bornéo) à la fédération en 1963. Malaya fait référence à Malay en anglais, provenant de Malayu ou Melayu (ancienne orthographe) en malais qui désigne le peuple, le groupe de langues et la culture du monde malais, qui regroupe un bien plus vaste territoire que la Malaisie actuelle : Indonésie, une bonne partie des Philippines, Sud de la Thaïlande.