easyJet gâte ses actionnaires

Avec un chiffre d’affaires en hausse de +10,5% en 2013 et un bénéfice qui bondit de +50,9%, easyJet a décidé de verser 366 millions d’euros à ses actionnaires. Les pilotes de ligne français de la low cost anglaise réclament, eux aussi, un retour sur investissement.

Alors qu’Alitalia est au bord du gouffre et qu’Air France s’enfonce inexorablement, easyJet affiche une santé financière insolente. La low cost anglaise vient de publier ses résultats financiers annuels au 30 septembre 2013. Ils sont pour le moins impressionnants compte tenu de la conjoncture du transport européen.

easyJet fait état d’un chiffre d’affaires de 4.258 millions de livres (5.060 M€) en hausse de +10,5% et d’un bénéfice avant impôts de 478 millions de livres (568 M€) en progression de +50,9%. Ces résultats se traduisent par une marge avant impôts de 11,2% en hausse de 3 points par rapport à 2012. Dans un secteur où la marge bénéficiaire moyenne est d’à peine 1%, easyJet fait figure d’exception.

Sur l’exercice 2013, la low cost a transporté 60,8 millions de passagers, soit +4% de plus qu’en 2012. Dans le même temps, le revenu total par siège a augmenté de +7% à 62,58 £ soit un peu plus de 81 euros. En 2013, easyJet a augmenté sa capacité de +3,3% pour la porter à 68 millions de sièges. Le taux de remplissage a progressé de +0,6% pour atteindre 89,3%.

« easyJet a consolidé sa présence dans les aéroports principaux avec une part de marché de plus de 40% sur les vols court-courriers dans des aéroports tels que Londres Gatwick, Milan Malpensa et Bâle-Mulhouse », précise le transporteur à bas coût anglais. La compagnie s’est également développée en France dans les aéroports régionaux et a enregistré une forte croissance en Italie. Elle a annoncé de nouvelles ouvertures de bases à Hambourg et à Naples. « Ces ouvertures ont été en partie facilitées par la décision, motivée par des questions de performance commerciale, de fermer la base de Madrid. Elle affirme avoir sécurisé ses besoins futurs en termes de flotte auprès d’Airbus, jusqu’à 2022 et au-delà. »

Compte tenu de ces performances remarquables, easyJet a décidé de distribuer 308 millions £, soit 366 M€ à ses actionnaires, par l’association d’un dividende ordinaire (133 M£) et d’un dividende spécial (175 M£). Cette dernière décision (soumise à l’approbation des actionnaires lors de l’Assemblée générale de la compagnie le 13 février 2014) a fait réagir les pilotes français d’easyJet, membres du SNPL. « Nous, les pilotes, sommes très inquiets car les négociations actuelles se déroulent comme si nous travaillions dans une compagnie en difficulté financière. La Direction essaie de diminuer les coûts au détriment des jeunes pilotes, et sans tenir compte de la fatigue des équipages. Il est temps de mettre en place les améliorations qui permettront aux collègues de travailler avec des plannings adaptés. », déclare Didier Bourguignon, membre de la section easyJet du SNPL France ALPA et porte-parole, dans un communiqué de presse diffusé le jour même de la publication des résultats financiers d’easyJet (19 novembre 2013). Si la direction ne fléchit pas sa position, le syndicat français se dit prêt à passer à l’action, dans les mois à venir.

Gil Roy