easyJet investit le marché domestique français

La compagnie britannique à bas coùt easyJet va ouvrir simultanément deux nouvelles bases en France, en 2008, à Paris-CDG et à Lyon-Saint Exupéry.

EasyJet vient de prendre une longueur d’avance sur ses concurrents directs, et en particulier sur l’irlandaise Ryanair, en annonçant la création de deux nouvelles bases, en 2008, en France, en complément de sa base d’Orly (6 avions). Alors qu’en Europe, la part moyenne du trafic à bas coùts est de 34% du total du transport aérien, elle n’est que de 16 % en France, soit la moitié de ce qu’elle est en Allemagne (32%) et plus de trois fois moins qu’en Grande-Bretagne (53%). Beaucoup reste encore à faire et easyJet a décidé de se doter des moyens nécessaires pour tirer parti de cette situation.

Française à part entière-

Les deux nouvelles bases débuteront leurs opérations début 2008, en février pour Paris-Charles de Gaulle et en avril pour Lyon-Saint Exupéry. Dans un premier temps, cinq Airbus A319 seront basés sur ces deux aéroports, trois à Paris et deux à Lyon.  » Cela représente un investissement de 200 millions et la création de 200 emplois directs « , précise Andy Harrison, PDG d’easyJet.  » Au total, sur les quatre prochaines années, nous prévoyons d’investir quelques 600 millions d’euros en basant 20 avions en France, pour transporter 12 millions de passagers. Nous desservirons alors 80 destinations depuis l’hexagone et emploierons autour de 1000 personnes « . La britannique annonce la couleur : elle ne se contente plus de son statut de deuxième compagnie en France, elle entend devenir la première low cost française, non seulement en terme de réseau, mais également de structure légale puisqu’elle à régularisé le statut du personnel rattaché à son établissement français.

EasyJet opère actuellement vingt vols par jour au départ du Terminal 3 de Roissy-CDG. En février prochain, elle en traitera six de plus. A cette date, elle transférera ses opérations au Terminal 2B qui offre, des conditions d’exploitation jugées  » bien meilleures pour l’expansion futures de la compagnie « . La nouvelle base parisienne fonctionnera en complémentarité de la base existante d’Orly (6 avions, 21 vols quotidiens) à laquelle sont rattachés 200 employés.

EasyJet est déjà présente à Lyon-Saint Exupéry où elle opère trois vols quotidiens auxquels viendront s’ajouter à la fin de ce mois, deux nouvelles destinations. Avec deux appareils basés, elle va pouvoir proposer, à partir d’avril 2008, sept nouvelles liaisons.  » Nous allons offrir une capacité totale d’environ un million de passagers « , souligne François Bacchetta, directeur France d’easyJet, qui, par ailleurs, ne craint pas de  » cannibalisation à la marge entre Lyon et Genève « . La compagnie opérera depuis le nouveau terminal à services simplifiés. Les travaux d’aménagement qui se sont élevés à 1,2 millions d’euros sont achevés depuis plusieurs mois. Cet équipement devrait être mis en service au plus tard, en avril prochain. Toutefois, l’aéroport souhaite pouvoir transférer les vols existants d’easyJet dès le début 2008 afin de  » rôder  » ce nouvel outil. Une demi-douzaine de compagnies, dont Blue Air, Jet4You ou encore ClickAir, ont déjà opté pour leur transfert « , précise Lionel Flasseur, directeur du marketing d’Aéroports de Lyon, et d’une certaine manière, père du terminal à services simplifiés.  » C’est véritablement cette aérogare qui a permis d’emporter la décision avec easyJet. Jusque-là, il nous était, en effet, impossible d’apporter aux compagnies la contrepartie qu’elles réclamaient « , souligne Alain Favier, en charge du développement du réseau à Aéroports de Lyon.

Au-delà de l’ouverture simultanée de deux nouvelles bases, une première pour la compagnie britannique, le fait marquant est la montée en puissance de l’offre low cost sur le marché intérieur français. Présente déjà sur Toulouse et Nice au départ d’Orly, elle proposera au printemps prochain, en plus, Biarritz au départ de Roissy-CDG et Toulouse et Bordeaux, au départ de Lyon-Saint Exupéry. Pour ces trois nouvelles destinations, elle mettra en place deux vols quotidiens de manière à favoriser les allers-retours dans la journée. Elle cible en particulier la clientèle affaires qui actuellement représente sur ses lignes, entre 20 et 40% du trafic total au départ d’Orly. En s’attaquant ainsi au marché domestique régional, easyJet se place de fait en concurrence frontale avec le groupe Air France-KLM qui ne devrait pas manquer de réagir.

Gil Roy. Air & Cosmos N°2095 – 12 octobre 2007