Paradoxalement, l’édition 2011 du salon de l’aviation d’affaires européennes qui a fermé ses portes hier au soir à Genève a battu tous ses records, alors que les constructeurs (et avec eux leurs fournisseurs et sous-traitants) guettent les signes annonciateurs d’un hypothétique redressement du marché.
Cette année, le salon Ebace (11ème édition) a réuni sur l’aéroport de Genève, 511 exposants, soit 12% de plus qu’en 2008, année record. 2008, c’est aussi l’année du déclenchement de la plus grave crise financière qui a ébranlé l’économie mondiale depuis 1929. Elle a mis a genoux les constructeurs aéronautiques d’aviation d’affaires et avec eux, tous les acteurs de la filière. Alors que beaucoup voulaient croire que le fond avait été atteint en 2010 et que 2011, serait l’année de la relance de l’activité – d’où la hausse du nombre des exposants – il ne fait plus aucun doute qu’ils vont devoir se serrer la ceinture quelques mois encore, voire une ou deux années de plus, dans le meilleur des scénarios. Les résultats du premier trimestre 2011 ne sont pas là pour rassurer…
En 2010, les livraisons de jets d’affaires neufs sont tombés à 763 unités contre 1.154 en 2008. Elles pourraient encore baisser cette année d’une cinquantaine d’unités. Honeywell table sur moins de 700 livraisons pour 2011. Cessna espère livrer autour de 179 Citation comme l’année dernière (contre 289 en 2009). Dassault, en revanche, prévoit de ramener ses livraisons de Falcon de 95 en 2010 à 70 en 2011. Toutefois, le haut de gamme résiste mieux à la crise que les modèles d’entrée de gamme et cela s’explique par le fait que le centre de gravité du marché s’est géographiquement déplacé.
Les Etats-Unis, marché historique et dominant de l’aviation d’affaires, tout comme l’Europe sont au point d’attente. L’activité est désormais tirée par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Cette nouvelle clientèle a besoin d’avions à très long rayon d’action, d’où le succès d’Airbus et de Boeing qui ont battu des records de livraisons en 2010 avec 13 Corporate jets (contre 11 en 2009) pour l’européen, et 10 BBJ (contre 4 en 2009) pour l’américain. Airbus admet que la demande est soutenue par la Chine, le Moyen-Orient et l’Asie. Charles Edelstenne, le PDG de Dassault, a reconnu, pour sa part, que depuis le début de l’année, la Chine était devenue pour les ventes de Falcon, le premier marché…
Dans ce contexte, il est évidemment hasardeux pour les constructeurs de lancer de nouveaux programmes, d’autant que tous sont déjà engagés dans le développement de nouveaux avions. C’est le cas de Bombardier avec ses deux futurs modèles haut de gamme Global 7000 et 8000 qui devraient entrer en service respectivement en 2016 et 2017. C’est aussi celui de Gulfstream, qui sur le même créneau, espère toujours livrer le premier G650 avant fin 2011, bien que les vols d’essais n’aient toujours pas repris après l’accident survenu le 2 avril 2011. De son côté, Embraer a lancé en 2008, les Legacy 450 et 500, dont le premier vol est programmé pour le second semestre de cette année.
Le seul constructeur à avoir dévoilé un nouveau programme, cette année à Ebace, est Dassault avec le Falcon 2000S. Plus qu’un nouvel avion, il s’agit d’une évolution d’un modèle existant. Le 2000S constitue toutefois un réel défi industriel et commercial pour l’avionneur français qui veut se doter d’un modèle d’entrée de gamme économiquement compétitif à 25 millions de dollars. Ce nouveau cheval de bataille est destiné à faire la jonction avec le futur Falcon dont le nom de code actuel est SMS (pour Super Mid Size) et qui est en cours de développement dans les bureaux d’études de Saint-Cloud. A propos de ce futur Falcon, le constructeur demeure toujours aussi avare d’informations.
De cette édition 2011 du salon de l’aviation d’affaires, il ressort un goût amer. Les avions sont toujours aussi beaux et leurs constructeurs font toujours autant d’effort pour les mettre en valeur, mais le cœur n’y est pas. L’éjection de Jack Pelton, le patron de Cessna, le 2 mai dernier et l’absence de Luis Carlos Affonso, l’emblématique manager d’Embraer, relégué, début mai également, à la direction des programmes nouveaux, démontrent que la crise est profonde. Tous les professionnels ont le regard tourné vers le marché de l’occasion. C’est à ce niveau que la reprise fera sentir ses premiers signes. Pour l’heure, tous tentent de se convaincre que le nombre des avions d’occasion mis à la vente n’augmente plus (il représente actuellement 1/6e de la flotte totale) et que les cotes se stabilisent enfin à leur point bas. Mais il est certain que la crise financière qui mine l’Europe de l’Euro et les révoltes qui secouent l’Afrique du Nord et le Moyen Orient ne sont pas faites pour rassurer, même les plus optimistes.
Gil Roy
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