Pas question de rejoindre une alliance qui contrarierait ses plans. Son objectif est de faire de sa base de Dubaï le plus grand hub mondial.
» Je défie quiconque de prouver que nous bénéficions de la moindre subvention « , affirme Tim Clark, le président exécutif d’Emirates, sans toutefois se faire d’illusion sur sa capacité à convaincre ses détracteurs. Le plus virulent d’entre eux est sans doute le PDG d’Air France, qui ne manque pas une occasion d’accuser la compagnie des Emirats Arabes Unis de bénéficier des faveurs gouvernementales. Une récente étude de la banque UBS (Union des banques suisses) apporte un démenti.
Cette analyse publiée mi-janvier, précise qu’aucune preuve de subventions n’a été trouvée. Elle estime que les atouts de la compagnie résident plus dans son modèle économique que dans un quelconque traitement de faveur. En 2003, les coùts unitaires d’Emirates étaient inférieurs de 40% à ceux de KLM. Comme toutes les sociétés des EAU, elle n’est assujettie à aucune taxe et les charges sociales sont réduites. Toutefois, l’étude souligne également, que la compagnie bénéficie de conditions d’exploitation particulières, notamment d’infrastructures aéroportuaires ultramodernes.
Le président d’Emirates ne se prive pas de faire remarquer que les nouveaux terminaux de Roissy-CDG a été conçu pour les besoins spécifiques d’Air France et qu’il est difficile d’obtenir des droits de trafic en France pour des lignes qui viennent concurrencer la compagnie nationale. La polémique est loin d’être close, d’autant que les résultats d’Emirates ne manquent pas d’agacer tous ceux qui commencent à voir en elle une concurrente sérieuse.
» Sur les six premiers mois de l’exercice fiscal 2004-05 nos profits ont progressé de 41%. Malgré la hausse du pétrole et des conséquences du tsunami, nous prévoyons de réaliser 476 millions de dollars de profit « , précise Tim Clark. Ce sera le dix-neuvième exercice bénéficiaire consécutif en vingt ans d’existence.
Emirates qui a été créée le 25 octobre 1985 par la famille régnante de l’émirat de Dubaï et qui est dirigée par Tim Clark depuis juillet 2003 (il a rejoint la compagnie en 1985), exploite une flotte en pleine expansion. Elle se compose actuellement de 75 avions, exclusivement des gros-porteurs. Elle devrait augmenter au rythme moyen d’un appareil par mois sur les sept années à venir. Emirates a en effet passé commande de 100 avions dont 45 A380 (dont deux cargos).
Son premier super jumbo jet devrait lui être livré en octobre 2006. Trois autres suivront avant la fin de cette même année. » Nous avons figé l’aménagement intérieur la veille de la présentation publique de l’A380, à Toulouse « , précise Tim Clark, sans donner plus de détail. » L’A380 est appelé à devenir le porte-drapeau de notre flotte du fait de sa taille et du nombre d’appareils de ce type que nous allons exploiter à terme « . Le patron d’Emirates est prêt à parier que » cet avion va dynamiser l’intérêt des passagers pour la 1ère classe « .
La compagnie a prévu deux à trois semaines de réglages, notamment au niveau du catering, avant de mettre son premier très gros-porteur en ligne. L’A380 entrera en service sur l’Europe, à partir de novembre 2006. D’abord sur Londres actuellement desservie à raison de sept rotations quotidiennes (4 sur Heathrow et 3 sur Gatwick) puis sur Paris, pour le vol de la mi-journée.
Le dernier né de la famille Airbus est à la dimension des ambitions d’Emirates dont l’objectif est de faire de Dubaï la première plate-forme de correspondances au monde. Elle mise sur la montée en puissance des marchés chinois et indiens qui selon Tim Clark, constituent » un fort potentiel de croissance pour les compagnies du Moyen-Orient « . Il entend également se positionner sur le marché africain : » le continent africain, plus particulièrement encore sa partie orientale, est très mal desservie « .
Pour Emirates, Dubaï est appelé à devenir le point de passage obligé pour les voyageurs se rendant d’un continent à l’autre. Pour mettre en œuvre une telle stratégie qui va à l’encontre des intérêts des chefs de file des grandes alliances, Tim Clarke a besoin d’avoir les coudées franches. Pas question d’aliéner sa liberté de décision en intégrant Star Alliance ou Sky Team, d’autant qu’à ses yeux, ces alliances se caractérisent par leur manque de stabilité. En revanche, il n’est pas opposé à des partenariats (code share principalement) sur des lignes spécifiques.
Emirates qui présente aujourd’hui la plus forte croissance des compagnies traditionnelles et qui entend s’imposer rapidement comme l’une des majors planétaires a renoncé temporairement à commander des A350 et des 787. » Nous pensons que ces deux avions sont un tout petit peu trop petit pour nous « .
Gil Roy. Tour Hebdo N°1159 / Février 2005
BONUS
La France, un marché à conquérir
Au printemps prochain (la date n’est pas encore arrêtée), Emirates mettra en place un vol de nuit, chaque jour de semaine, entre Dubaï et Paris-CDG. Il viendra renforcer le vol quotidien de la mi-journée, qui à partir de début 2007 pourrait être assuré en A380. La compagnie a fait une demande de droits de trafic pour un vol direct quotidien entre Dubaï et Nice. Actuellement les deux villes sont desservies via Rome, le week-end seulement (vendredi, samedi, dimanche). Jean-Luc Grillet, directeur France d’Emirates, estime que le potentiel pour un vol direct existe. » Avec un stop et des vols uniquement en fin de semaine, la desserte actuelle n’est pas adaptée à la clientèle affaires « .
En décembre, la compagnie de Dubaï desservira Genève en quotidien. Le vol sera effectué en A330-200. Le taux de remplissage visé est de 60%, du fait du yield élevé escompté,. » Notre objectif est d’aller chercher 35% de nos passagers en Rhône-Alpes. Nous envisageons de mettre en place des navettes de préacheminement « . Tim Clark, le président d’Emirates, reconnaît estime qu’il est envisageable de mettre en place un service direct, à partir de Lyon-Saint Exupéry, à l’échéance de quatre à cinq ans.
Gil Roy. Tour Hebdo N°1159 / Février 2005
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