Etihad Airways prend le contrôle d’Alitalia

Au terme de négociations complexes, Etihad Airways entre dans le capital d’Alitalia, à hauteur d’un peu moins de 50%. Suffisamment toutefois pour prendre en main les destinées de la compagnie italienne dont l’avenir se décidera désormais à Abu Dhabi.

Alitalia va passer sous le contrôle d’Etihad Aiways, moyennant un investissement de 600 millions d’euros. Cette somme permettra à la compagnie d‘Abu Dhabi d’acquérir un peu moins de 50 % du capital du transporteur italien, limite imposée par l’Union européenne pour maintenir le statut communautaire de l’entreprise. Sans quoi Alitalia cesserait d’être européenne et perdrait l’ensemble de ses droits de trafic.

L’opération était attendue de longue date mais a nécessité des négociations difficiles, au point que la rupture a momentanément été considérée comme probable il y a quelques semaines. James Hogan, PDG d’Etihad, s’est en effet montré inflexible, sachant que le dossier italien était délicat et qu’Alitalia, en cas d’échec, risquait purement et simplement la faillite. D’où, notamment, l’exigence de supprimer près de 2.500 emplois supplémentaires, sur un total de 14.000 environ, une saignée évidemment mal perçue par les autorités de Rome.

Ces dernières, à tort, avaient par ailleurs compris que l’aéroport de Milan-Malpensa serait relégué à un rôle secondaire par la compagnie nouvelle mouture. Elle a eu fort à faire à convaincre les uns et les autres qu’il n’en était rien et vient de tenter de mettre un terme à la rumeur en publiant un démenti cinglant. Ce n’est pas un incident anecdotique : les Italiens commencent à comprendre que la vie ne sera plus tout à fait comme avant, la notion de vraie-fausse compagnie nationale faisant irrémédiablement partie du passé. Le centre de décisions va bientôt se trouver au cœur des Emirats arabes unis et on imagine que l’adaptation sera malaisée. Mais l’entreprise aura de nouveau un avenir.

James Hogan se dit heureux de cet aboutissement, Gabriele Del Torchio, admistrateur-délégué d’Alitalia parle d’excellentes perspectives, Roberto Colaninno, président, évoque un accord avec un partenaire stratégique qualifié d’idéal. Mais ce sont évidemment là des propos de circonstance.

Est-ce, en réalité, un accord contre nature ? Une compagnie du Golfe encore très jeune, qui a démarré fin 2003, convenait-elle mieux à Alitalia qu’Air France-KLM ? Cette question est désormais vaine, inutile, et sans doute faut-il éviter les arrière-pensées. Etihad, qui en a les moyens, multiplie les initiatives de croissance externe et entre, au fil des temps, dans le capital de compagnies diverses, sans dénominateur commun apparent, d’Air Berlin à Air Seychelles en passant par Virgin Australia. Elle veut ainsi drainer du trafic vers son réseau, diversifier et élargir sa clientèle.

Bien sûr, les Européens auraient préféré un accord Rome-Paris. Mais, nous dit un proche du dossier, c’était oublier que les caisses d’Air France-KLM sont désespérément vides. Dès lors, quoi qu’on en dise à Roissy, cette hypothèse de travail n’en était pas une. La curiosité, à propos du devenir d’Alitalia, n’en est que plus grande.

Pierre Sparaco