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Fin de grève à Air France

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Pierre Sparaco

Le SNPL appelle à la reprise du travail. La grève qui a paralysé Air France pendant 14 jours est terminée. L’avenir de la compagnie nationale et en particulier de son secteur court et moyen courrier est plus que jamais incertain. L’abandon du projet de low cost européenne Transavia Europe implique une nouvelle stratégie de substitution. La grève est finie. Le problème demeure entier.


Dimanche, sans prévenir, le SNPL a suspendu le mouvement de grève qui paralysait Air France depuis 14 jours. Une décision évidemment bienvenue mais insuffisamment mise en contexte. En effet, les revendications des pilotes n’ont été que très partiellement satisfaites dans la mesure où le projet de Transavia Europe a été supprimé mais la proposition de grille salariale unique non abrogée. Ce qui revient à dire que la négociation va se poursuivre, dans un climat qui risque de rester très nerveux.

Les interventions politiques, d’un autre âge, sont tombées à plat, y compris celles de Manuel Valls, Premier ministre plein de bonne volonté, qui semblait oublier qu’Air France n’est plus une compagnie « nationale ». Quant à Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux Transports, il est intervenu à contretemps et inutilement.

Samedi, la section Transavia du SNPL a par ailleurs exprimé des revendications faisant apparaître une grave lézarde au sein même du syndicat. En effet, la direction d’Air France envisagerait d’établir une liste de séniorité unique sur laquelle les pilotes Transavia seraient positionnés en dernier. Et, au-delà des quatorze Boeing 737 de la flotte actuelle, les postes de commandants de bord iraient prioritairement aux pilotes Air France. Il n’en fallait évidemment pas davantage pour faire éclater une grosse colère, ces dispositions étant jugées « inacceptables et inapplicables ».

Ce nouveau problème rappelle, si besoin est, que toutes les difficultés ne sont pas aplanies. Mais, dans l’immédiat, il s’agit plutôt de tirer les leçons de ce conflit très dur dont les dommages collatéraux vont mieux apparaître au fil des prochains jours.

Ainsi, on retiendra tout d’abord la perte de confiance d’une partie de la clientèle d’Air France, déroutée par un mouvement social qu’elle n’a pas compris, et qui a fortement perturbé les déplacements de dizaines de milliers de passagers. Ce qui n’a d’ailleurs pas ému le SNPL qui, à aucun moment, n’a exprimé les moindres regrets pour la gêne considérable qu’il a suscitée.

Cette attitude a dérouté par sa violence. Le SNPL a été arrogant, a eu le verbe haut, a considéré comme un fait acquis de peser sur la stratégie de l’entreprise, d’outrepasser ses droits et ses devoirs. Qui plus est, ses dirigeants ont montré à quel point leur connaissance de l’industrie des transports aériens est faible. Sans quoi ils auraient admis que le modèle économique low cost a bel et bien envahi le marché européen, qu’il le domine et que les compagnies « classiques » qui desservent des lignes courtes sont tout simplement condamnées à disparaître. Dès lors, toute contre-attaque suppose la mise en place de grilles tarifaires nivelées par le bas et des rouages opérationnels très simplifiés. Une refonte qui ne peut éviter de reconsidérer les salaires des pilotes, avec toutes les difficultés que supposent de tels changements.

Dans cet esprit, la direction d’Air France a sans doute cédé trop facilement en annulant Transavia Europe, donnant le sentiment que tout changement de stratégie ne peut se faire sans l’accord du tout puissant SNPL. En d’autres termes, les pilotes poursuivent sur le chemin qu’ils ont tracé il y a de nombreuses décennies, à l’époque, par exemple, où ils sont parvenus à faire annuler une commande de 737 par refus du pilotage à deux. Ce cas est resté unique dans l’histoire du transport aérien mondial alors que même les pilotes américains ne sont rangés, à l’époque, à l’avis des constructeurs et des compagnies, avec la bénédiction des autorités de l’aviation civile. Le moins que l’on puisse dire est que cette manière de faire, un abus de pouvoir syndical, est intolérable.

Bien entendu, on imagine volontiers qu’Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, sans le dire ou le montrer, a fini par prendre peur, face au comportement inflexible des syndicalistes. Et il serait sans doute malvenu de lui reprocher d’avoir sacrifié Transavia Europe sur l’autel d’une hypothétique paix sociale. Mais Air France sort très affaiblie de cet épisode et suscite l’étonnement, au minimum, ou encore l’inquiétude.

Ainsi, aux Etats-Unis, des voix se sont élevées pour demander si Air France n’avait pas pris le chemin qui a mené à la disparition de Pan American World Airways, qui n’avait pas vu changer le monde aérien. L’influent hebdomadaire new-yorkais Aviation Week, dans un éditorial exprimant une grande perplexité, la semaine dernière, a repris l’idée à son compte, précisant qu’en cas de catastrophe, une part des responsabilités reviendrait aux pilotes.

C’est bien là que réside l’essentiel. En regardant au-delà des péripéties de ces dernières semaines, il ne faudrait pas perdre de vue qu’Air France est devenue une compagnie extrêmement fragile, dont le réseau court-courrier est en danger de mort. En laissant la voie libre à EasyJet, Ryanair, Vueling, Wizzair et leurs acolytes, elle ne pourrait plus alimenter correctement le hub de Roissy-CDG et perdrait de précieuses parts de marché à travers le monde. Une hypothèse de travail qui, de toute évidence, n’est pas prise en considération par le SNPL.

Pierre Sparaco

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Pierre Sparaco

View Comments

  • Fin de grève à Air France
    Le SNPL a été arrogant, a eu le verbe haut, a considéré comme un fait acquis de peser sur la stratégie de l’entreprise, d’outrepasser ses droits et ses devoirs.

    Le droit d'un syndicat n'est-il pas d'utiliser la grève pour faire avancer ses revendications ? C'est illégal ? Son devoir n'est-il pas de défendre les intérêts de ses adhérents ?

    On peut reprocher bien des choses au SNPL mais pas d'outrepasser ses droits et ses devoirs (et je le dis d'autant plus facilement que je ne suis pas pilote ni lié d'aucune manière au SNPL).

    Si je comprends ce que vous écrivez serait même au SNPL de faire en sorte que ses adhérents consentent à des sacrifices pour résoudre le problème structurel de la rentabilité insuffisante des compagnies ? On en déduit donc que les pilotes seraient à l'origine du problème, ce qui me paraît tout de même un peu énorme !

    Pourquoi personne ne dit que le vrai problème des compagnies aériennes c'est une distribution inéquitable des produits du transport aérien ? Il n'est pas normal que dans le transport aérien seules les compagnies perdent de l'argent, tous les autres acteurs faisant des bénéfices : les constructeurs, les sociétés aéroportuaires, les handlers, les mécanos, les pétroliers, les sociétés de sûreté, les aiguilleurs du ciel, etc. Est-ce vraiment dû au seul fait que ceux là n'ont pas de pilotes ?

    Dans ce contexte il ne serait pas inutile d'envisager un Grenelle du transport aérien pour mettre toute la filière française à plat et voir comment on peut agir pour aboutir à un modèle viable pour une compagnie dont le siège est en France sans nécessairement s'aligner sur le moins-disant social ambiant.

  • Fin de grève à Air France
    Je trouve remarquable, bien fondé et pondéré votre article de synthèse Monsieur Sparaco. Juste une réflexion: parmi la cinquantaine de pilotes professionnels issus de mon Aéro-Club , beaucoup ont terminé en ligne, quelques uns chez les militaires, 6 ou 7 seulement ont fait l'ENAC, les autres sont des echecs universitaires ou avaient papa et maman pour payer leur formation ou ont emprunté , formation 4 à 5 fois plus courte qu'une formation universitaire longue et 5 ou 10 fois plus rémunérée.

  • Fin de grève à Air France
    En tant que pilote Air France retraité, je voudrais dépassionner et recentrer le débat. J'ai fait aussi pas mal de grèves dans ma carrière à AF, mais il semble que cette dernière grève est partie avec une mauvaise revendication (le contrat unique pour les plus de 100 places) qui n'a pas retenu l'agrément de HOP! (cela créait une sorte de bi-scale entre les pilotes moins de 100 places et ceux qui vont piloter les EMB 195) et de Transavia, qui a vu là son développement compromis.
    La seule question à laquelle il faut répondre aujourd'hui est de savoir si l'on veut conserver un point à point au sein du groupe Air France. Si la réponse est oui, alors il faut faire comme la concurrence et lancer Transavia Europe, et aller chercher le trafic sur des bases en Europe, avec une structure légère. British Airways ne fait que de l'apport au hub de Heathrow, tout son point à point a IAG est fait par Vueling, DLH est en train de se concentrer sur MUC et FRA et laisse son point à point à Germanwings.
    Serions nous plus malins que les autres? Et si la réponse à la question est:" continuons comme ça," cela signifie entre 100 à 200 millions de perte annuelle garantie avec le point à point (la navette, les bases provinces...) exploité sans en avoir la capacité économique. Donc la fin à terme du modèle Air France!

  • Fin de grève à Air France
    Et l'on ressort encore une fois la haine des uns envers les autres (dit nantis), alors que peut-être devrions nous plutôt nous poser la question de ce qui fait qu'aujourd'hui tout est devenu low cost. Tous en redemandent "du système ultra libéral" ou les coûts sont taillés à la serpe et les frais de participation au système de protection global sont réduit comme peau de chagrin. Notre système humainement pensé est remis en question par des Cie qui profitent ici de payer des impôts moins cher (apple), là de la main d'oeuvre à bon marché (Bouygues). C'est la même chose pour le transport routier ( polonais, lituaniens et autres pays low cost), pour la production de fruits & légumes etc...
    Chers lecteurs je vous invite à réfléchir sur le devenir de cette société occidentale basée sur l'humain, son environnement et le progrès.
    Ces années en or ou il était possible pour chacun de rêver à une vie meilleure sont hélas derrière nous.
    Ce n'est pas seulement la belle Cie Air France qui est fragilisée. Aujourd’hui', c'est aussi le système de santé, le système de retraite, tout ce qui fait qu'un homme après une vie de travail pouvait aspirer à une retraite bien méritée.
    Posons nous tous la question: est ce que nous empruntons le bon chemin?
    Que devons nous laisser comme héritage à nos futures générations? l’esclavage, la vie en mode low cost?

    • Fin de grève à Air France
      Commentaire intelligent qui dépasse ( et c'est ce qui est important...) la lutte des classes qu'était devenu la sujet Air France, lutte qui empoisonne -- toujours et encore-- presque tous les débats dans un pays qui, pourrait, plus de deux siècles après La Bastille, passer a l'age adulte a ce sujet.

  • Fin de grève à Air France
    Ne nous hatons pas de juger ceux d AF si souvent jalouses. Le SNPL ne fait que combattre une grave menace pour l avenir des droits de ses pilotes. La Direction se garde bien de tout devoiler au public et ne laisse apparaitre que la partie emergee de l iceberg, tentant par cette manoeuvre a faire pencher l opinion publique de son cote et contre les pilotes d AF.Il n y a pas de fumee sans feu et le passager s y perd, mais c est le prix a payer. Le passager n etant pas pour le moment encore pret a accepter d embarquer dans un avion sans pilote devra se contenter...

  • Fin de grève à Air France
    Bonjour ,
    Je suis un pilote gréviste qui en a marre de se faire insulter par des espèces de communistes qui souhaitent baisser mon salaire . Votre jalousie de bas étage est bien à l'image de ce pays qui cultive l'égalitarisme:
    Quand j'étais jeune , je savais qu'un pilote gagnait bien sa vie ( comme vous ) , et j'ai sacrifié une partie de ma jeunesse en bossant comme un dingue : maths sup, maths spé, a dormir 4 h par nuit pour rentrer à l'ENAC.
    Aujourd'hui voila 9 ans que je bosse pour AF et je n'irai pas ailleurs , et quand je vois qu'après avoir CONCÉDÉ 20 % de productivité aux actionnaires on nous demande d'envisager un passage commandant de bord chez TRANSAVIA payé encore moins : je dis NON !!!!!!!!!
    Alors gardez votre venin d'idiots incultes, qui parlent sans savoir, je n'en ai rien à faire ...
    Les pistes pour ramener AIR FRANCE à la rentabilité sont évidentes et connues depuis des lustres :
    On parle de concurrence ? Commençons par être un peu moins taxé par l'état : taxe Chirac taxe carbone taxe CDG -EXPRESS ( qu'Air France est pratiquement la seule à payer )
    Le quota personnel sol par avion est outrancièrement scandaleux ( 1avion pour 180 ou 190 personnes ) chez luft et British on est à 1 avion pour 100 à 120 personnes ).
    Ce sont des ordres de grandeurs ...
    Alors arrêtons de taper sur les pilotes et ne buvez pas tout ce qu'on vous dit ...

    • Fin de grève à Air France
      Ben voyons arcus ...

      Il n'y a aucune arrogance dans mes propos ... Juste marre que les gens se suffisent à ce que les médias disent ce qui semble être votre cas...
      Juste un ras-le-bol, vous n'aimeriez sans doute pas qu'on baisse par 2 fois en l'espace de 3 ans votre salaire... Et oui je suis au courant j'étais pas tout seul en classe préparatoire .
      C'est facile de critiquer et baisser les salaires des autres sans être concerné.
      Aller voler chez EZ on se passera de vous

    • Fin de grève à Air France
      il ne faut pas vous fâcher monsieur le pilote, ni insulter les communistes !
      L'arrogance n'attire pas la clientèle .
      Gros consommateur de voyages aériens, pour mon boulot et non pour mes vacances, j'ai découvert les avions oranges et leurs sympathiques équipages.
      Merci de tout cœur Pedrito.
      Grace à vous,je n'ai plus aucun complexe à ne plus voler sur AF.

      nb: il y a plein de monde qui ont sacrifié leur jeunesse pour leurs études, qui ont fait math sup spé ...il n'y a pas que les pilotes sur terre !
      Quand à affirmer que vous n'irez jamais travailler ailleurs... je vous le souhaite vivement.

  • Fin de grève à Air France
    Débranche tout. Vous vous souvenez du film "c'est arrivé près de chez vous" avec l'excellent Benoit Poelevorde?
    - Alitalia rachèté par Etihad
    - faillite de Sabena
    - faillite de Swissair et création de Swiss

    AF a perdu la guerre du Moyen courrier au profit des easyJet, Ryanair et consorts.
    AF n'a plus les moyens de renouveller sa flotte pour contrer les Emirates, Qatar et consorts car AF est bien trop endettée.

    Demain, quand AF sollicitera le contribuable pour la renflouer, comme en 1994, personne ne levera le petit doigt et surtout pas le gouvernement français, lui même en faillite.

    Ne restera plus que l'un des scénarios cités au début de ce message. C'est arrivé prés de chez nous...
    Alors quand est ce qu'on débranche le malade en fin de vie?

    • Fin de grève à Air France
      Excellente analogie de Louis B. Tu aurai pu pousser plus loin la comparaison en citant, "le Parti S. Ce grand cadavre à la renverse" (BHL) ou "Fin de siècle à la Havane" (la chute Programmée du pouvoir castriste).

  • Fin de grève à Air France
    Très bonne analyse M. Sparaco. Je suis un de ces pilote des avions "oranges" et je respecte mes collègues pilotant les "blancs"! Vous avez bien raison de vous battre, il est clair que le transport aérien a énormément changé depuis ces dernières 20 années, néanmoins au sein d'une même compagnie il est dégoutant de se sacrifier pour que la Direction mette en place une version "light" de son propre produit. A ce rythme on aura donc Transavia europe (moindre coûts car utlisation de salariés de pays à moindre niveau social) mais également dans quelques années Transavia Monde (long courrier à moinde coût sur la même base). Lufthansa va commencer à faire exactement cela!!! Germanwings, Eurowings, et dans quelque temps le long courrier en modèle low cost.
    Clair vous devez prendre des gens en "otage" mais il n'y a aucun autre moyen...par contre pour ceux qui pensent que chez easyJet on est mal payé et que les conditions sont affreuses, sachez que ce n'est pas le cas, ni pour les pilotes ni pour le personnel de cabine. Ils sont d'ailleurs mieux payés que chez AF, en tout cas si on ne prend pas une séniorité de 35 ans:-)

  • Fin de grève à Air France
    "Pensez vous que subitement 3200 pilotes (85% de 3800) soient devenus "cons" et "kamikazes" au point de tuer la main qu’il les nourrit en regardant les avions "oranges" remplacer les avion "blancs" avec fierté ?"

    Non -argument total ! les salariés de la pan-am étaient ils moins intelligents que ceux d'air france ? ils ont tué leur boite pourtant. On peut en dire de même des gens de la SNCM.

    3800 pilotes réunis sont probablement moins intelligents qu'un seul non-idéologue connaissant les réalités du marché, des bases en stratégie d'entreprise et un minimum de notions en compta-gestion...

  • Fin de grève à Air France
    je me permets de souligner ceci, que nos chers pilotes fassent la gréve et une chose, mais qui poussent le bouchon un peu loin pour leur entreprise à la limite du
    suportable il ya un pas à ne pas franchir, en attendant
    on verra l'avenir AIR- FRANCE- KLM, étant donner le sérieux trou d'air de la compagnie

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