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Transport Aérien

Finnair la centenaire, rescapée d’une double crise

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Frédéric Marsaly

Alors qu’elle fête son centenaire, la compagnie Finlandaise a bien plus à célébrer. Plombée, comme bien d’autres, par le Covid, la position géographique de son hub à Helsinki, qui en fait une escale intéressante pour les vols à destination de l’Asie, a pris de pleine face la fermeture de l’espace aérien Russe. Pourtant, après ces secousses hors du commun la compagnie a relevé la tête.

C’est avec un Junkers F 13 et quatre passagers que l’aventure Finnair a commencé. Quatre personnes qui ont décollé du port d’Helsinki pour rejoindre Tallinn, de l’autre côté de la Baltique. C’était en mars 1924 et cette année là, en plus du courrier, la petite compagnie aérienne alors baptisée Aero Oy – d’où son code IATA AY – transporta 300 passagers. Un siècle plus tard, ils sont un million, chaque mois, à franchir les portes de ses Airbus, de ses ATR et de ses Embraer.

Comme le précise Javier Roig Sanchez, son directeur commercial Europe : « notre compagnie est une anomalie, nous disposons de plus de 70 avions dans la compagnie nationale d’un pays qui ne compte que 5,5 millions d’habitants ! » Néanmoins le pays ne manque pas d’attraits « nous sommes la compagnie officielle du Père Noël, et le tourisme hivernal vers la Laponie, pour lesquels les touristes français constituent une clientèle essentielle, draine un trafic important. Nous cherchons également à développer le tourisme estival pour les autres régions ».

Par le positionnement géographique de sa base principale à Helsinki, où l’aéroport international est ouvert en 1952, Finnair a été la première à proposer des vols directs entre l’Europe et Tokyo ou entre l’Europe et Pékin, une orientation qui s’est accélérée à partir de 1991 quand l’espace aérien de l’ex-URSS s’est ouvert et faisant d’elle la compagnie numéro 1 des vols vers l’Asie comportant au moins une escale.

Deux crises rapprochées

En 2020 la crise qui a touché le transport aérien a impacté durablement la compagnie dont les avions ont été stockés longtemps en Espagne ou en Tchéquie. A peine les voyageurs de retour sur les aéroports que la Russie envahit l’Ukraine et que son espace aérien se retrouve fermé, rallongeant les vols vers l’Asie au départ d’Helsinki de 3 à 4 heures : « nous nous retrouvons en concurrence directe avec les compagnies aériennes du Golfe » même si le redéploiement vers l’Asie reste rentable avec ce temps de vol plus long car « Finnair ne joue pas la carte Low Cost ».

Elle peut néanmoins compter sur un atout maître, l’A350 dont elle a été la première compagnie européenne utilisatrice à partir de 2015. Par son autonomie, l’A350 permet à Finnair de garder des parts de marché sur les vols vers l’Asie même si le nombre de liaisons hebdomadaire a plongé. De 40 vols hebdomadaires avec le seul Japon, les liaisons ont été réduites de moitié, même chose vers la Chine.

Pour garder la tête hors de l’eau, Finnair a mis certains de ses avions et ses équipages à disposition d’autres compagnies. C’est ainsi que quatre de ses A320 ont opéré au Royaume Uni, qu’un A330 dont l’autonomie, inférieure à celle de l’A350, pénalise fortement dans la situation actuelle, a été basé à Singapour pour opérer des vols vers Sidney sous la bannière Qantas et qu’un autre se trouve à Doha et opère pour Qatar Airways. Ces locations d’avions avec leurs équipages ont pour avantage de garantir des revenus fixes à la compagnie qui n’a pas, non plus, à se préoccuper du taux de remplissage de ces appareils.

La compagnie a aussi opéré un basculement de ses lignes en direction des USA et, aujourd’hui, note une accélération de son activité sur une liaison entre les USA et l’Inde via la capitale Islandaise.

Vers la France

Finnair dessert Paris deux à trois fois par jour en fonction des saisons, mais aussi Nice. Après des années de collaboration avec Air France sur la ligne Helsinki-Charles de Gaulle, depuis la crise Covid, les deux compagnies se retrouvent désormais en concurrence directe. Quant aux prestations offertes par ADP à Roissy, elles semblent, du point de vue de la direction de Finnair, bien en deçà, qualitativement, des prestations dont peuvent profiter ses passagers à Helsinki.

Un bilan économique

Après 18 mois d’isolement du pays au cœur de la crise Covid avec des avions stockés un peu partout, notamment à Teruel, il a fallu reprendre le travail. En 2023, elle a retrouvé 80% de son trafic de 2019 mais avec des évolutions structurelles majeures : si la clientèle business s’étiole, la classe affaires est souvent remplie par des gens partant en vacances.

Le redressement a été spectaculaire. Alors que la compagnie affichait 160 millions de déficit en 2022, elle est bénéficiaire sur les 5 derniers trimestres avec un bénéfice brut de 180 millions au titre de l’exercice 2023. Les projections pour 2024 ne monteront pas si haut mais le bilan devrait être positif avec un taux de remplissage moyen de 80% des avions. De fait, la compagnie a remboursé les 500 millions concédés par l’état Finlandais pendant la crise Covid et a racheté les avions en leasing.

Elle devrait annoncer dans les mois qui viennent le renouvellement de sa flotte d’avions monocouloirs signe qu’elle est bien parvenue à surmonter ces deux récentes crises majeures.

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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