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L’étonnant rebond de l’aéroport de Bruxelles

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Pierre Sparaco

C’est une situation inédite : après la faillite de la Sabena et d’effondrement des tours jumelles de New York, l’aéroport de Bruxelles-Zaventem a perdu du jour au lendemain très exactement un quart de son trafic. Et voici qu’il annonce, pour 2014, 21,6 millions de passagers, un bond en avant de 15 % sur un an. Autrement dit, les beaux jours sont revenus.

L’optimisme est de mise. Jacqueline Galant, ministre belge de la Mobilité, ne s’en cache pas, tout comme Arnaud Feist, directeur général de l’aéroport de Bruxelles. Chacun à sa manière évoque ce qu’on pourrait appeler le retour aux fondamentaux, à savoir le bon usage d’un atout exceptionnel : Zaventem, au propre comme au figuré, est situé au cœur de l’Europe. On ne pourrait pas imaginer position géographique plus centrale, ce qui explique que Brussels Airlines, gérée avec prudence en même temps qu’un zeste d’audace, soit en quelque sorte en train de réinventer Sabena. Son réseau court-courrier intra-européen est très dense, les lignes longues se multiplient peu à peu, notamment vers l’Afrique et l’Amérique du Nord.

Longtemps, les Belges ont sous-estimé la valeur de cette position centrale. Certes, le marché national belge est étroit mais l’Union européenne tend à compenser, au moins partiellement, ce handicap. Air France ne s’y était pas trompée, au début des années quatre-vingt-dix, quand elle avait pris le contrôle de Sabena, une initiative éphémère. Ce n’était pas la compagnie elle-même qui l’intéressait, avait reconnu Bernard Attali, l’ambitieux président du transporteur national français, mais le marché belgo-européen. L’objectif non avoué publiquement était d’ailleurs d’éviter de permettre à British Airways de s’accrocher davantage que ne lui permettaient ses positions insulaires. Depuis lors, les Anglais ont revu leur stratégie et se sont tournés avec l’Espagne pour mieux s’implanter en Europe du Sud et accéder à l’Amérique latine.

Bruxelles-Zaventem affiche de grandes ambitions. Des investissements de près de 10 milliards d’euros, répartis sur 10 ans, vont lui permettre d’absorber un trafic en hausse régulière, dans un contexte qui n’est pas exempt de difficultés.

Les pistes de Zaventem sont en effet très proches, trop proches du centre-ville, et les riverains veillent. Les Belges, qui aiment les anglicismes, disent qu’il s’agit d’un « city airport ». Bien sûr, le niveau sonore moyen est en recul, grâce aux progrès des motorists, mais le nombre de mouvements d’avions n’en progresse pas moins. Ce qui ne permet pas pour autant d’évoquer d’hypothétiques perspectives lointaines, à savoir un déménagement pur et simple de la plate-forme. Le sujet est doublement délicat dans la mesure où la Belgique « souffre » d’une densité de population exceptionnellement élevée en même temps que de problèmes délicats, voire explosifs, liés à la difficile cohabitation entre régions francophone et flamande.

Du coup, la meilleure des hypothèses de travail doit être oubliée avant même d’être prise en considération, le transfert de Zaventem à Beauvechain, en Brabant wallon, une base militaire sous-utilisée qui offre une surface importante. Mais chacun comprend que la région flamande, qui accueille Zaventem, n’accepterait en aucun cas un tel renoncement politico-linguistique qui tiendrait de la grenade dégoupillée.

Rien n’est simple, sachant que toutes les parties intéressées doivent aussi tenir compte de l’essor spectaculaire de l’aéroport tout proche de Charleroi (50 kilomètres à peine), alias Brussels South, paradis du trafic low cost, fief belge de Ryanair. Moyennant quoi l’actualité aéroportuaire belge a de beaux jours devant elle.

Pierre Sparaco

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Pierre Sparaco

View Comments

  • L'étonnant rebond de l'aéroport de Bruxelles
    Oui le bilinguisme belge a toujours été autant un problème qu'un avantage (ouverture sur la langue des autres) .
    Mais la récente catastrophe de l'avion indonésien m'a remis en mémoire une pratique entendue sur la fréquence de Bruxelles.
    Un pilote habitué à l'espace aérien du S.E. asiatique affirmait que des contrôleurs de la région comprenaient mal l'anglais, et que les pilotes se rabattaient sur l'auto information en anglais entre appareils circulant dans la même zone. Un peu comme le 123.5 de l'aviation légère.

    Mais à Bruxelles j'ai entendu plusieurs fois des pilotes belges qui "trafiquaient" en flamand avec leur tour de destination, située en plein territoire de la Flandre. Les Italiens ou les Espagnols, sans parler des Japonais, n'y comprenaient évidemment que dalle.
    Bons vols et bonne année.

  • L'étonnant rebond de l'aéroport de Bruxelles
    Merci pour ces bonnes nouvelles réconfortantes de mon pays d'origine. Juste un tout petit détail. Les belges n'ont pas toujours sous estimé l'intérêt de leur situation géographique centrale.
    Dans les années 50, ils avaient créé une plateforme pour hélicos à l'emplacement d'un ancien canal au centre ville. L'idée était d'aller chercher des passagers au delà des frontières pour alimenter les lignes de la SABENA vers l'Amérique et l'Afrique centrale. On ne parlait pas encore de "hub" mais ce fut un bide.
    L'acronyme de la SABENA signifie "société anonyme belge pour l'exploitation de la navigation aérienne". Elle avait été une pionnière du transport aérien vers l'Afrique Centrale.
    Toujours enclins à rire d'eux mêmes les belges interprétaient l'acronyme comme "such a bad experience never again". C'était très injuste.

  • L'étonnant rebond de l'aéroport de Bruxelles
    On dira ce qu'on voudra des belges, mais ils sont plus pragmatiques que les francais.
    BRU, 21 millions de pax et on continu, nantes, 4 millions et on veut construire un aeroport gigantesque qui pour remplacer l'actuel.
    Et pendant ce temps on se "tape" parfois 20 minutes de roulage a CDG par manque d'infrastructure sans parler bien sur de la queue a la PAF lorsqu'on arrive le matin de la cote Ouest des USA.

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