Le ZEHST hypersonique transportant des passagers à Mach 4 n’est pour l’instant qu’un concept mais les technologies envisagées par EADS n’ont pas convaincu tout le monde.
Au dernier salon du Bourget, EADS exposait une maquette de ce que pourrait être un avion-fusée hypersonique capable de relier Londres à Tokyo en 2h30 à l’horizon 2050. Le ZEHST (pour Zero Emission High Supersonic Transport) prétend en outre être écologique. Mais certains émettent de sérieux doutes sur les fondements de cette « étude conceptuelle ».
Le décollage s’effectuerait à l’aide de deux turboréacteurs classiques. Ils emmèneraient l’appareil jusqu’à l’altitude de 5.000 m et la vitesse de Mach 0,8. Ils fonctionneraient au biocarburant. Ensuite, deux petits moteurs-fusée à ergols liquides (hydrogène/oxygène), puis un troisième plus gros permettraient de poursuivre l’ascension. Il s’agirait d’atteindre Mach 2,5 et 23 km d’altitude. Là, deux statoréacteurs atmosphériques à hydrogène prendraient le relais. La vitesse de croisière pourrait dépasser Mach 4. L’altitude maximale serait de 32.000 m.
Lors de la phase de descente, le ZEHST planerait avant de rallumer ses turboréacteurs à 10.000 m d’altitude. Sur l’aéroport, une piste conventionnelle suffirait à l’atterrissage et au décollage. Très optimiste, l’un des promoteurs du projet espère faire voler un démonstrateur d’ici à 2020. Le patron d’un grand institut de recherche aéronautique n’adhère pas vraiment. « Les statoréacteurs, c’est fait pour les missiles et les engins spatiaux ; pas pour mettre des passagers dessus », tonne-il. Et de demander « qu’on arrête de faire rêver les gens avec des idées pareilles ».
Sans compter les questions que l’on peut se poser sur les méthodes de fabrication des biocarburants et sur la production d’hydrogène. Dans les deux cas, personne n’a encore prouvé qu’on pouvait en fabriquer à grande échelle en respectant l’environnement. Enfin, EADS ne cache pas qu’il faut encore examiner les rejets de vapeur d’eau et d’oxydes d’azote, « en particulier eu égard à la couche d’ozone ».
Thierry Dubois
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L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
"Si l'idée n'est pas, à priori absurde, alors, elle est sans espoir" Albert Einstein. Ceux qui aujourd'hui, pensent, imaginent cet avion et y croient dur comme fer sont les dignes héritiers de ceux qui, il y a cinquante ans ont imaginé Concorde et l'ont fait voler. Alors continuons à rêver et à croire que le génie de l'homme est capable de produire autre chose que des armes de destruction massive
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
Si le monde d'aujourd'hui est aussi agréable, si nous pouvons tous partir en famille dans d'énormes avions confortables et faire le tour de monde, si nous avons des voitures et tous ces moyens de ne plus polluer, si nos maisons sont aussi fonctionnelles, c'est grâce au progrès industriel intelligent. Celles et ceux sur cette planète qui n'ont pas les moyens d'investir dans de tels projets sont soit dans la misère soit les plus gros pollueurs. Alors Messieurs d'EADS, s'il vous plaît, continuez non seulement de nous faire rêver, mais surtout sortez nous ces machines qui propulsent à la fois des nantis trouvant là un moyen de réinjecter des tonnes d'argent dont ils ne savent plus quoi faire mais aussi de rebooster une économie moribonde. Que les ANPE se vident comme au bon vieux temps du Concorde et des missions lunaires. Le fait qu'untel ou untel soit frustré de ne pas être allé sur la lune n'est effectivement pas la préoccupation première.
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
Ce projet appartient au domaine de la fiction et des histoires de Jules Verne.
Il n'est effectivement pas interdit de rêver et ces songes s'accompliront tôt ou tard .
La réalité est bien différente et les constructeurs peinent à fabriquer des avions moins polluants , plus sûrs et c'est déjà énorme.
Quand on sait les retards de plusieurs années que demandent certains projets car toujours plus compliqués qu'il n'y paraissent , on se dit que l'hypersonique est encore très loin ...
Nos petits enfants ou arrière petits enfants auront peut-être la chance de monter à bord de ces engins ...
Nous ne les verrons pas voler ...
"Il faut donner du temps au temps" (Cervantes).
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
Tant qu’à rêver, choisissons plutôt des projets réellement enthousiasmants et rendant possible une vie vraiment plus savoureuse pour le plus grand nombre. Le projet ZEHST ne présente pas à mon sens de telles caractéristiques. Si la satisfaction intellectuelle de rendre possible un tel avion peut être légitimement partagée par la communauté des ingénieurs aéronautiques, son développement ne saurait cependant prétendre au statut d’épopée technique universelle auquel a accédé par exemple par le programme Apollo. Dans le meilleur des cas, une fois le rêve de beaucoup devenu réalité pour quelques uns seulement, ne subsistera pour les autres que la frustration du nez collé à la vitrine dont il me semble qu’elle n’est pas étrangère aux événements violents et chaotiques qui agitent actuellement la planète.
Questionner la finalité de nos entreprises doit être systématique.
Se contenter de faire des exploits «pour le buzz» ou pour «se la pêter» a quelque chose de puéril voire d’irresponsable par les temps qui courent.
Qu’on ne s’y méprenne pas ! la controverse n’est pas entre les «oiseaux de mauvais augure» et les «positivistes béats» mais plutôt d’éviter de se tromper de rêve.
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
C'est un fait historique, chaque fois que des idées nouvelles, des rêves ou autre fruits d'imaginations fertiles sont énoncés au grand jour, on trouvera systématiquement en face des oiseaux de mauvais augure qui expliquerons, avec le renfort d'études "précise et indéniables", que c'est dangereux, impossible, irréalisable ou tout simplement fou.
Il n'y a pas d'exception à cette règle.
Mais !
Nous pouvons y voir une capacité de challenger la validité, la force de conviction et la volonté des concepteurs de telles idées.
Les process de financement n'ont pas changés. Les financiers d'il y a 4 siècles étaient tout aussi réticent qu'aujourd'hui. Mais, comme aujourd'hui, les grands projets prometteurs ont toujours trouvés leurs mécènes.
Les moteurs du Concorde n'étaient ils pas des moteurs d'origine militaire avec une adaptation de la postcombustion militaire à un engin civile. Déjà, certain disaient que cela était fou et impossible.
Virgin Galactic, à sa façon, repousse les limites et génère du développement et des idées avec le génial Burt Rutan.
Solar impulse a trouvé ses sponsors pour vivre et le projet continue.
Si EADS croit vraiment en ce projet, il aboutira. Il ne faut pas en douter. Le simple fait que l'idée ait passé les barrières des "réalistes" pour être publié en est la preuve. Dans nos entreprises, le rêve existe toujours et continue à vivre. De voir que des ingénieurs peuvent encore avoir le droit de délirer un peu et de donner corps à leurs rêves est rassurant.
Ce n'est sans doute pas ce projet exact qui survivra, mais son évolution ou son extrapolation.
Continuons donc à rêver car à force ...
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
Il n’est bien sûr pas interdit de rêver … c’est même une activité intellectuelle enrichissante. mais l’évaluation de la distance ou des écueils séparant le rêve de la réalité doit rester de mise … surtout lorsque ce rêve est servi tout chaud par une officine de communication d’un grand groupe industriel à la recherche de notoriété et de soutien politique.
Sur le plan moral enfin il faut se questionner : Que penser d’un rêve proposé à tous et dont la réalisation se ferait au bénéfice exclusif d’une classe déjà privilégiée. A tout prendre d’autres rêves, plus démocratiques, peuvent lui être préférés.
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
L’ordinateur n’a pas d’émotions. Il n’a pas de corps, pas de cerveau, ni d’esprit. Il va apporter un résultat suite à une série de calculs ou d’algorithmes de calcul. Il est étonnant par sa vitesse de calcul. Il permet de répéter à l’infini des calculs jusqu’à la meilleure convergence possible, il y a 50 ans, nous ne pouvions le faire. Le cerveau humain se caractérise par sa faculté à raisonner et à s’émouvoir. Notre excitation est bien le génie qui fait naitre la technologie.
Nous courons vers un crépuscule. Le Concorde faisait rêver, il impressionnait. Il est désormais à terre. Qu’elle est la réalité pour un avion supersonique pour demain ? La réponse est détenue par les financiers. La société s’est appauvrie. Les ingénieurs sont capables de réaliser plus que du clonage de l’existant, mais la vision des financiers est limitée au gain de l’exploitation du produit. C’est une erreur de laisser les économistes définir les règles, car ils ont peur que ça ne coûte. Nous sommes ballottés ainsi entre deux frontières, celle de l’invention et celle de la reproduction. Le mécène peut tenter un exploit humain pour faire la une des média. Il sera le héro d’un instant.
Nous ne nous excitons plus de l’aventure spatiale, comme un soufflé retombé, mais nous y prêtons attention, ou tout au moins, les média, à des aventures singulières, à ces voyages héroïques comme les tours du monde en ballon, ou ces courses de voiliers autour du monde. Les mécènes n’ont pas de limites financières pour aboutir. Richard Branson va haut dans l’espace, il veut aller profond dans la mer. Je ne sais pas si l’histoire retiendra ces exploits. Il n’est qu’une aventure humaine car il est financièrement riche pour se le permette. Il n’invente rien. L’ingrédient de l’excitation est le génie humain. Aujourd’hui, l’ordinateur de la conquête spatiale reprendra l’équation fondamentale de l’astronautique de Tsiolkovski, ou de toutes ses dérivées qu’il mâchera à l’infini. Le sous-marin qui ira à 10.000 mètres de profondeur n’est qu’une application technologique de calculs précis avec une marge de sécurité. L’intuition humaine qui conduira ce futur exploit appartient à la qualité des calculs, le risque est devenu une statistique. Nous sommes loin du sous-marin et de l’exploit de Auguste Piccard. Il est devenu le professeur Tournesol dans notre imaginaire. Nous avons atteint les limites de notre terrain de jeu ? Nous tendons vers le crépuscule de l’héroïsme. Nous ne sommes plus une population d’inventeurs, ou un peuple d’ingénieurs. Nous n’avons plus l’esprit d’initiative. Tout serait possible aujourd’hui, donc futile, l’échec est montré du doigt.
Noel
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
je voudrais croire à ce projet
alors que nous dit l'histoire? les skunk works voulurent en leur temps mettre au point un avion à hydrogène, la production de ce gaz s'est avérée trop dangereuse sans parler du volume requis pour le stocker à bord
il a donc fallu se rabattre sur une formule classique pour le SR71
d'autre projets d'avion ambitieux viennent régulièrement sur le devant de la scène, Tupolev 2000, Sanger, hotol, venture star, sonic cruiser.... il parait même qu'on pourrait retourner sur la lune
reste que ces projets, menés pas des grands groupes ont perdu leur part de rêve au profit de la logique boursière et de la maitrise de la communication
pour qu'un tel projet ambitieux et fédérateur aboutisse, il faudrait en faire une question de prestige et non de rentabilité je pense
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
Bonjour
au contraire Il faut continuer a nous faire rêver avec de tel projets.
(N’écoutons pas les "c'est pas possible".)
c'est évidemment la seule solution pour initier de grandes choses.
L’hypersonique civil d’EADS fait grincer quelques dents
Parler de «faillite intellectuelle» me paraît exagéré. Disons plutôt que l'activité intellectuelle de nos jours s'effectue dans un cadre plus contraint par des considérations économiques et environnementales qu'il ne l'était par le passé (c'est à mon avis plutôt une bonne chose !). Pour ce qui concerne les progrès applicables à l'aviation commerciale, activité globale s'il en est, le carcan réglementaire de la certification ... et la diplomatie s'en mêlent inévitablement pour donner au problème quelques dimensions extra-scientifiques supplémentaires qu'il serait imprudent de négliger.
Certes des positions de principe telles que : «les statoréacteurs, c'est fait pour les missiles ...» semblent inappropriées et on a bien envie de voir l'avenir donner tort à de tels propos. La probabilité toutefois que cela ait lieu au cours de la décennie qui s'ouvre me semble des plus ténues.