Dans un marché sous pression, le salon européen de l’aviation d’affaires qui vient de se tenir à Genève (4-6 mai 2010) a semblé indiquer que tout ne va pas si mal : forte affluence, stands animés et haut-de-gamme en grande forme.
Le discours dominant au salon EBACE 2010 de l’aviation d’affaires, était toujours morose. « Le marché n’a toujours pas redémarré », « la paralysie du marché de l’occasion entraîne celle du neuf », « nous recevons encore des annulations de commandes »… semblaient être les leitmotiv des constructeurs. Tout juste admettaient-ils que le pire était sans doute passé.
Mais ces lamentations se fondaient le plus souvent sur des comparaisons avec les années fastes, 2007 et 2008. Ne faudrait-il pas plutôt utiliser d’autres références ? C’est ce que suggérait Roger McMullen, président de TAG Aviation, grand spécialiste de l’exploitation des avions d’affaires. « En 2008, nous étions dans une bulle », reconnaissait-il, préférant prendre 2006 comme base.
Finalement, nous assisterions à un retour à la normale. Une normale dont la profession ne devrait pas se plaindre. L’édition 2010 du salon a établi un nouveau record en nombre d’exposants. Pas moins de 436 sociétés étaient présentes et 65 avions attendaient le chaland sur le parking, à côté du Hall 7. Signe que les entreprises ont les moyens de se payer un stand. La plupart n’avaient pas rogné sur les budgets quand il s’agissait d’accueillir les clients potentiels – personnel abondant, champagne et, chez les grands constructeurs, des éclairages à faire pâlir d’envie le régisseur lumière du théâtre des Célestins.
Mieux, en nombre de visiteurs, EBACE 2010 sera sans doute la deuxième meilleure année, ex æquo avec 2007. En attendant le total officiel à la clôture, on savait déjà que la barre des 11 000 visiteurs était largement dépassée au deuxième soir. La preuve que les budgets de déplacement ne souffrent guère.
Même dans le monde haut-de-gamme des « bizjets », les « riches » subissent moins la crise que les « pauvres ». Selon Richard Aboulafia, un analyste réputé du cabinet Teal Group, les ventes d’avions de plus de 25 millions de dollars ont chuté en 2009 d’à peine 4 %, contre 43 % pour les moins chers. Dassault a ainsi livré l’an dernier 32 exemplaires de son Falcon 7X, un triréacteur à 47 millions de dollars doté d’une autonomie de 11 000 km. Chez Airbus, après 14 livraisons d’appareils « affaires » en 2009, on en attend 16 cette année. L’exploitant allemand DC Aviation voit, ce semestre, sa flotte d’Airbus passer de un à quatre. Boeing, qui a dans son carnet 45 commandes « VIP », prépare les premières livraisons de 747-8 dans de telles versions.
Au moins, l’aviation d’affaires ne s’est pas plainte du volcan islandais. Le salon s’est tenu entre deux colères de l’Eyjafjallajökull, chacune suivie de perturbations dans le ciel européen. Une chance insolente.
Thierry Dubois
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