Les sanctions et contre-sanctions déclenchées par l’invasion russe de l’Ukraine ont un impact massif sur l’aviation mondiale. Outre les conséquences financières, qui menacent l’existence même de certaines sociétés de leasing et de compagnies aériennes, il existe également un risque de détérioration massive de la sécurité des vols en Russie.
L’invasion russe de l’Ukraine et les sanctions imposées, en retour, aux entreprises russes – comme les sanctions imposées en retour par la Russie aux entreprises occidentales – ont eu d’énormes implications pour toutes les parties concernées. Après qu’Airbus, Boeing et d’autres constructeurs aéronautiques ont suspendu les livraisons de pièces détachées et le support des avions en Russie, les compagnies aériennes russes ont dû fermer certaines parties de leurs réseaux. Les constructeurs craignent que les avions ne soient désormais cannibalisés pour être transformés en stock de pièces détachées. Sur les 189 avions d’Aeroflot, seuls neuf sont des Sukhoi SuperJets. Tous les autres sont des avions occidentaux. La flotte long-courrier d’Aeroflot se compose exclusivement de Boeing et d’Airbus.
L’exploitation des avions russes ou sous contrôle russe de voler est essentiellement cantonnée à la Russie. Des vols ponctuels ont été effectués pour des rencontres diplomatiques ou pour des besoins spécifiques, comme un vol retour de citoyens russes depuis Budapest avec un Airbus A321 d’Aeroflot le 8 mars.
Un grand nombre d’avions de compagnies aériennes et de transporteurs aériens russes sont loués. Le gouvernement russe avait entrainé, malgré lui, ce modèle de financement depuis 2010,. Pour forcer les compagnies aériennes russes à acheter principalement des avions russes, il avait instauré des taxes élevées sur les avions occidentaux. Toutefois, si ces aéronefs étaient loués et non achetés, cette taxation ne s’appliquait pas. Malgré cet artifice, les avions russes n’ont pas eu de succès auprès des compagnies russes, notamment parce que les constructeurs n’étaient pas en mesure de construire des avions en nombre suffisant.
Au final, les entreprises et les particuliers russes ont loué environ 900 avions. Il s’agit d’avions commerciaux d’une part, mais aussi d’un nombre non négligeable d’avions d’affaires. Ces avions sont pour la plupart immatriculés aux Bermudes, en Irlande ou dans d’autres paradis fiscaux.
Le ministre des Transports des Bermudes, William L. Scott, a annoncé le 15 mars 2022 que plus de 700 avions immatriculés VP-B ou VQ-B (c’est-à-dire les Bermudes) se trouvent en Russie. Étant donné qu’un contrôle fiable de ces aéronefs n’est actuellement pas possible en raison des sanctions et du manque de liaisons aériennes, la BCAA (Bermuda Civil Aviation Authority) a révoqué les certificats de navigabilité de ces aéronefs avec effet immédiat ! L’Irlande a également emboîté le pas avec la révocation des certificats de navigabilité de ces aéronefs en raison de l’absence de possibilité de contrôle de navigabilité. En conséquence, privés de certificat de navigabilité, aucun de ces avions n’est autorisé à voler !
Cependant, un regard sur les sites Web de suivi des vols tels que Flightradar24 montre que de nombreux avions immatriculés VP-B et VQ-B volent encore en Russie aujourd’hui ; les opérateurs russes ne se soucient tout simplement pas que ces avions ne soient plus autorisés à voler. Une telle méconnaissance des réglementations internationales fait craindre une dégradation progressive de la sécurité des vols en Russie dans un avenir proche.
Cependant, la situation met non seulement en difficulté les compagnies aériennes russes, mais aussi les loueurs. La Russie a annoncé que les entreprises étrangères ne seraient payées qu’en roubles. Même si les sociétés de leasing annulent les baux des avions – ce qui s’est produit dans de nombreux cas – il est peu probable qu’elles récupèrent ces avions, bien que l’on puisse faire voler les avions vers des pays qui n’ont imposé aucune fermeture d’espace aérien aux avions russes et biélorusses, comme la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Inde ou les Émirats arabes unis, afin de les restituer à leur propriétaire légitime,
Les sociétés de leasing, qui avaient auparavant fait de bonnes affaires avec les compagnies aériennes russes, se trouvent désormais – en fonction de leur clientèle en Russie – dans une position inconfortable, voire risquée pour leur existence. Elles ne reçoivent plus les loyers et n’ont plus accès à l’avion.
Le gouvernement russe a annoncé que tous les aéronefs immatriculés à l’étranger détenus ou contrôlés par la Russie allaient être inscrits au registre de l’aviation russe. En fait, cela équivaut à une expropriation du bailleur.
La guerre insensée de la Russie contre l’Ukraine n’apporte pas seulement la mort et la destruction directement en Ukraine, mais a également détruit en très peu de temps les relations commerciales et économiques internationales, qui se sont construites au cours d’années de coopération prospère et ont profité à toutes les personnes impliquées. Le retour à des relations normales sera également difficile et long dans le trafic aérien.
Volker K.Thomalla
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