Les satellites Météosat de troisième génération vont entrer en service entre 2023 et 2026. L’aviation fera partie des principaux bénéficiaires des prévisions améliorées. L’enjeu : anticiper les phénomènes extrêmes à très court terme.
Avec la multiplication des orages et autres événements météorologiques violents et leur plus forte intensité, le rôle des prévisionnistes devient plus précieux chaque année. De nouveaux outils plus puissants sont mis à leur disposition, grâce à un programme d’observation de la Terre lancé en 2008. Et les pilotes seront parmi les grands gagnants.
La prévision à une douzaine d’heures est un élément clé de la préparation d’un vol long-courrier. En vol, les alertes météo peuvent être critiques si un événement violent et imprévu se dessine.
De l’imageur combiné FCI à la sonde infrarouge IRS en passant par l’imageur d’éclairs LI, les instruments qu’emporteront les satellites Météosat de troisième génération (MTG) ont été conçus pour révolutionner la prévision à très court terme. Ensemble, ils donnent une vue précise d’un orage et de son développement. Ainsi, LI, fabriqué par Leonardo, mesure les éclairs nuage-sol et ceux qui se produisent entre les nuages. Leur addition est un indicateur : elle augmente soudainement 20 minutes avant un phénomène extrême.
Les technologies de MTG ont d’autres applications. En 2010, l’éruption d’un volcan islandais avait provoqué la fermeture de l’espace aérien à l’échelle d’un continent : les nuages de cendre ne pouvaient pas être localisés précisément. Sans image de leur état initial, leur évolution était impossible à prévoir. MTG, lors d’un événement similaire, donnera une description exacte de ces nuages, notamment grâce à la résolution améliorée de FCI. D’où la possibilité d’adapter les plans de vols plutôt que de clouer les avions au sol.
Mieux, alors que les trainées de condensation apparaissent de façon toujours plus certaine comme la contribution principale de l’aviation au réchauffement climatique, MTG pourrait jouer un rôle favorable. D’une part, FCI possède un canal consacré aux cirrus fins, les nuages qui se forment à partir des trainées. D’autre part, IRS – qui donne une vue en trois dimensions de la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère – détecte les zones propices à la naissance de trainées.
Le programme MTG représente un budget de 4,3 Md€, financés par l’agence spatiale européenne et Eumetsat, organisme intergouvernemental qui gère les satellites météo. Maître d’oeuvre, Thales Alenia Space met la dernière main au satellite MTG-I1, dont le lancement est prévu d’ici à la fin de l’année. Un an de préparation en orbite doit conduire à un début d’utilisation fin 2023.
MTG-I1 et MTG-I2, comme leur nom le suggère, sont dotés de l’imageur FCI. MTG-S1, lui, est équipé de la sonde IRS. Les lancements s’échelonneront jusqu’à 2025 et les espérances de vie prévues sont d’environ 11 ans.
Un groupe identique de trois satellites prendra le relais afin de conduire le programme jusqu’à 2040.
Thierry Dubois
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