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La recherche du juste équilibre entre sécurité aérienne et biodiversité

La réduction du péril aviaire passe notamment par la gestion de la végétation, les techniques d'effarouchement ou encore la cartographie des mouvements des vols des oiseaux. © Aero Biodiversité

Selon Aéro Biodiversité, sur les 10 dernières années, sur les aérodromes français, le faucon crécerelle a été impliqués dans 1.764 collisions dont 4,5% ont constitué un danger sérieux pour les avions. La sécurité des vols passe aussi par une meilleure connaissance de la biodiversité, si riche, sur les plateformes aéroportuaires.

« Le juste équilibre entre la sécurité aérienne et la biodiversité dans les aérodromes est difficile à trouver car ils sont souvent en conflit. Pourtant, avec une connaissance éclairée, du courage et de la persévérance, nous pouvons trouver des solutions gagnant-gagnant et ce pour chaque aérodrome partout dans le monde. » précise Albert de Hoon, Naturaliste et Responsable du projet Birds@Aerodromes.

Le projet Birds @ Aerodromes est porté par IMPEL. Sa finalité est de trouver le meilleur équilibre entre la sécurité des vols et celle de la biodiversité dans les aérodromes européens. IMPEL (Réseau de l’Union européenne pour la mise en œuvre et l’application du droit de l’environnement) qui le porte est une organisation internationale à but non lucratif regroupant plus de 60 autorités environnementales de 36 pays européens et plus de 1.000 experts. Ce dernier étudie la mise en œuvre des directives européennes environnementales sur le terrain, comme les directives Oiseaux (1979) et Habitats (1992). Fin novembre 2024, le réseau IMPEL a choisi l’aéroport de Paris-Orly et l’association française Aéro Biodiversité afin d’organiser le premier colloque « Birds @ Aerodromes ».  

Les aérodromes, civils ou militaires, abritent une grande variété d’espèces végétales et animales. Les collisions avec des oiseaux lourds (en vol) et des mammifères constituent l’un des principaux risques pour la sécurité des avions, de l’équipage et des passagers. Les collisions aviaires peuvent entraîner des dommages et parfois même des accidents, mettant en danger des vies humaines et entrainant des coûts importants pour les compagnies aériennes. Elles sont toujours fatales pour les animaux.

« Depuis de nombreuses années, nous agissons avec ambition pour protéger la biodiversité au sein de notre plateforme, tout en prévenant le risque animalier dans le cadre de nos opérations. Aujourd’hui, 33 % de nos espaces verts sont sanctuarisés pour la biodiversité, constituant un véritable refuge pour plus de 700 espèces. Grâce à la collaboration de nos partenaires et au travail exceptionnel de nos équipes, nous avons réalisé des avancées majeures, comme le retour remarquable de la pie-grièche à tête rousse, un passereau rare en Île-de-France, ainsi que l’observation récente de l’engoulevent d’Europe. » souligne Justine Coutard, Directrice de l’aéroport Paris-Orly au sein du Groupe ADP.

Si la sécurité des vols demeure la priorité des aéroports, les États membres doivent se conformer à la directive « Oiseaux » de l’UE afin de protéger les espèces dans l’Union européenne. Dans le cadre cette directive, il est possible d’obtenir une dérogation à la protection des oiseaux afin de protéger l’avion, son équipage et ses passagers. Cette dérogation n’est autorisée que lorsqu’il n’existe aucune autre solution satisfaisante et éprouvée pour minimiser le risque de collision avec des oiseaux.

Lors de la conférence organisée fin novembre 2024 à Paris-Orly, de nombreux exemples ont été présentés, comme la gestion de la végétation, les techniques d’effarouchement, la cartographie des mouvements des vols des oiseaux, etc. Ce partage de données est donc essentiel à la connaissance des espèces présentes sur les aérodromes européens, des enjeux sécuritaires (minimisation des collisions aviaires) mais également à l’amélioration de la préservation des oiseaux et de leur habitat.

Lors de la conférence IMPEL, Aéro Biodiversité a présenté ses résultats et un panorama des espèces aviaires les plus problématiques pour les aérodromes : le faucon crécerelle compte à lui seul 1764 cas de collisions avec un danger sérieux pour les avions. Il est suivi par le Martinet commun dont les collisions sont nombreuses mais peu dangereuses, puis par la buse variable, qui au contraire, représente un danger important.

En France, 70% des surfaces des aéroports sont constitués d’espaces verts, prairies naturelles ou semi naturelles. Ces sanctuaires abritent de nombreuses espèces animales et végétales que l’association Aéro Biodiversité étudie, promeut et améliore depuis bientôt 10 ans. Elle compte aujourd’hui plus de 76 aéroports et aérodromes partenaires à travers l’ensemble du territoire. Son équipe de naturalistes visite deux à trois fois par an les terrains partenaires pour inventorier les espèces au moyen protocoles de sciences participatives, ce afin de faire participer et de sensibiliser les professionnels de l’aérien à la préservation de leurs espaces naturels.

Le comité scientifique de l’association, composé de 13 chercheurs indépendants issus du MNHN, du CNRS, de l’ENS et d’Universités) est en charge de la proposition des méthodologies scientifiques, du suivi et de la validation des résultats obtenus. Ce sont ainsi 2.500 espèces de plantes, plus de 2500 taxons de vertébrés et 350 espèces d’oiseaux qui ont été répertoriés depuis la création de l’association en 2015.

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