Le salon aéronautique de Singapour qui se tient du 14 au 19 février 2012, est devenu l’un des trois grands rendez-vous commerciaux du secteur derrière, Paris-le Bourget et Dubaï. Tous les acteurs du secteur sont présents en espérant profiter du dynamisme de la région pour gratter quelques points de croissance.
Singapour est un monde à part qui aime l’ordre. Cette ville-état de 710 km2 et de 5 millions d’habitants faire preuve d’une remarquable stabilité politique, économique et sociale depuis plusieurs décennies. La criminalité y est inexistante, de même que la corruption. En résumé, comme le souligne le représentant local d’Ubifrance, Singapour est le pays idéal pour les investisseurs du monde entier qui veulent rayonner sur l’Asie du sud-est. Pas étonnant donc que l’on recense ici quelques 20.000 entreprises étrangères dont 450 filiales françaises et parmi elles, tous les grands noms de l’industrie aéronautique tricolore.
L’aéronautique est un secteur stratégique qui emploie, à Singapour, 18.600 personnes et qui a généré un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards de dollars en 2011, soit une croissance de +4,8% qui ne laisse évidemment aucun dirigeant de multinationales indifférent. L’activité du secteur s’est logiquement développée dans la maintenance (MRO) pour accompagner le développement foudroyant des transporteurs locaux. Elle représente encore aujourd’hui 90% du chiffre d’affaires total. D’ici 2015, les flottes des compagnies asiatiques vont encore doubler. Le gouvernement singapourien qui, depuis la création de l’état, définit avec succès les priorités stratégiques, souhaite renforcer le positionnement du hub aéronautique de Singapour. Il a lancé la construction d’un vaste parc d’activité (Seletar Aerospace Park) destiné à regrouper toutes les activités aéronautiques de la maintenance à la recherche, en passant par les services, la production et la formation. A lui seul, ce parc qui représente un investissement de 37 millions d’euros, doit permettre la création de 10.000 emplois et généré 2 milliards d’euros de valeur ajoutée. En 2018, Seletar Aerospace Park devrait contribuer à hauteur de 1% du PIB du pays…
Actuellement, la construction ne représente que 10% de l’activité globale du secteur aéronautique. L’objectif gouvernemental est qu’elle atteigne 30% en 2030. C’est en s’inscrivant dans cette volonté que Thales a relocalisé à Singapour, en 2010, sa production de calculateurs. Les industriels ne viennent pas ici rechercher un main d’œuvre bon marché. Les salaires des techniciens singapouriens sont en train de se rapprocher de ceux des européens. Les ingénieurs ont déjà fait la jonction. Les entreprises européennes et américaines qui s’implantent le font, d’abord, pour se rapprocher de leurs clients, ainsi que de leurs fournisseurs. « Tous nos fournisseurs sont situés à moins d’une heure de nos ateliers. Cela constitue un gain de productivité très important », affirme Laurent Mayer, directeur de Thales Technology Center Singapore (TTCS). « La main d’œuvre est de grande qualité, la monnaie est solide, l’environnement sanitaire et social est au-dessus des normes européennes. L’administration est remarquable ». Un pari pour les entrepreneurs !
Dans sa logique implacable, l’état de Singapour pousse les entreprises étrangères à se développer également au niveau de la recherche et de la technologie. « Le pays s’est doté de deux universités, lesquelles en quelques années seulement d’existence, et en partant de rien, sont entrées dans le classement de Shanghai », fait remarquer Olivier Caron, ambassadeur de France à Singapour. A Singapour, dans son nouvel établissement de production, Thales a implanté un laboratoire de R&T. Les chercheurs travaillent sur des programmes stratégiques classés confidentiels. Il ne s’agit pas, là non plus, de transfert de technologiques, mais véritablement de recherche conjointe, un véritable centre d’excellence mondial de R&D dans les domaines des capteurs, des communications et des systèmes. Comme le souligne Arnaud Bonzom d’Ubifrance, « Le TTCS est significatif en ce sens qu’il est l’un des quatre centres de R&D de Thales dans le monde et le premier hors d’Europe occidentale ». C’est aussi à Singapour qu’Eurocopter a implanté, en février 2006, le premier centre R&D du groupe hors d’Europe. Plus récemment, le numéro un mondial de l’hélicoptère a inauguré en janvier 2011, un campus de 8.200 m2 , précisément dans le nouveau parc d’activité aéronautique Seletar.
Les acteurs de la filière aéronautique qui n’ont pas encore compris que dès à présent, il fallait compter avec Singapour, ont déjà une longueur de retard. Dans cette région du monde, et particulièrement dans la ville-état, il est chaque jour de plus en plus difficile de refaire ce retard. Le ticket d’entrée va devenir de plus en plus cher. Comme tout ici à Singapour !
Gil Roy
A Singapour
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La ruée vers Singapour
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