En s’appuyant sur cinq leviers de décarbonation, l’agence de la transition écologique évalue trois scénarios pour faire baisser les émissions de CO2 du secteur aérien. Entre « Rupture technologique » (scénario A) et « Modération du trafic » (scénario B), l’ADEME envisage une option intermédiaire.
Même si elle salue les efforts de la filière aéronautique et qu’elle rappelle le rôle socio-économique du transport aérien, l’ADEME doute que l’industrie puisse atteindre les objectifs qu’elle affiche. L’IATA, l’association qui regroupe au plan mondial la quasi-totalité des compagnies aériennes, s’est engagée, en 2021, à atteindre le zéro émission nette en 2050. Dans ce contexte, l’agence a réalisé une étude prospective afin d’analyser les différentes pistes de transition écologique du secteur aérien à l’échelle nationale pour l’accompagner dans sa décarbonation.
L’ADEME a identifié cinq leviers de décarbonation du transport aérien :
Sur la base de ces 5 leviers, 3 scénarios de transition du secteur aérien ont pu être élaborés. Les leviers de décarbonation y sont mobilisés à des degrés différents.
Scénario A « Rupture technologique » – Des investissements importants sont réalisés dans l’aéronautique, dans la production de Carburants d’aviation durables (SAF) et d’hydrogène afin de conserver un niveau de trafic élevé et de permettre au secteur de poursuivre sa croissance économique. » Trafic en 2050 : +61% par rapport à 2019.
« Les émissions annuelles du secteur aérien stagnent jusqu’en 2035. Durant cette période, la modernisation des flottes et le recours aux premiers volumes de CAD compensent les hausses d’émissions liées à l’augmentation tendancielle du trafic. Puis, à partir de 2035, la commercialisation de nouvelles générations d’avions plus efficaces ainsi que la forte hausse de la production de SAF, permet de faire baisser rapidement les émissions annuelles de CO₂. »
Scénario B « Modération du trafic ». Objectif est de réduire les émissions à court terme et sur le cumul de la période. Des mesures de modération du trafic sont mobilisées. Elles précèdent puis accompagnent les progrès dans l’efficacité énergétique des avions et l’utilisation de SAF. Trafic en 2050 : -15% par rapport à 2019
« Les émissions annuelles baissent de manière très importante entre 2023 et 2030 sous l’effet des mesures de réduction du trafic. À partir de 2031, l’intégration progressive des SAF ainsi que, dans une moindre mesure, l’amélioration de l’efficacité des flottes permet de continuer à faire baisser les émissions annuelles dans un contexte où le trafic reste stable jusqu’en 2045 puis remonte légèrement. »
Scénario C « Tous les leviers ». L’ADEME envisage ici un recours mesuré aux différents leviers disponibles afin de réduire la dépendance à des technologies de rupture potentiellement très coûteuses, et de faciliter l’acceptabilité des mesures de modération du trafic. Trafic en 2050 : +26% par rapport à 2019.
« Les mesures de modération du trafic aérien permettent de compenser la baisse moins importante des émissions unitaires que dans le scénario A, et donc d’atteindre un résultat quasi similaire. »
Pour l’ADEME, la réduction du trafic est « le seul levier disponible à court terme, c’est-à-dire qui peut être appliqué rapidement, à grande échelle et produire des résultats immédiats. Sur le long terme, l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions et la diminution de l’intensité carbone de l’énergie utilisée par les avions constituent des leviers de décarbonation majeurs. »
Au final, selon l’agence, « le scénario A est le scénario le plus optimiste du point de vue technologique. Il implique un choix politique privilégiant les investissements publics et privés pour des résultats à moyen et long termes, et écartant le levier de la sobriété. Néanmoins, à court-terme, c’est un scénario dans lequel les émissions ne baissent que légèrement : seulement -15% entre 2019 et 2030.
Dans le scénario B, le secteur aérien n’est pas prioritaire par rapport à d’autres secteurs. Son adoption attesterait d’une volonté politique forte d’obtenir des résultats significatifs pour le climat puisqu’il permet une baisse importante des émissions à court terme. Cependant, la stabilisation du trafic affecterait les différents acteurs concernés : compagnies aériennes, aéroports, partenaires, constructeurs, acteurs du tourisme, voyageurs et utilisateurs de fret aérien…
Le scénario C est sans doute le moins risqué en termes de technologies et d’acceptabilité sociale. Effectivement, il mobilise tous les leviers de décarbonation, et ce de manière plus modérée que dans les autres scénarios de transition. Ce scénario est donc associé à des investissements encore très importants, mais moins élevés que dans le scénario A. Cependant, à court terme, il ne permet pas une baisse importante des émissions de CO₂ : seulement -20 % entre 2019 et 2030. »
« Cette étude fournit un ensemble très riche d’informations sur l’avancée et les enjeux de la transition écologique du transport aérien. Même si son périmètre cible le trafic en France et avec la France, elle intègre des considérations en lien avec les vols depuis l’étranger vers la France, et ses enseignements sont généralisables. Elle a le mérite de poser la question de la maîtrise du trafic comme levier de décarbonation, en montrant son efficacité, notamment à court terme. Une suite logique serait d’étudier les modalités potentielles du recours à ce levier. » Marc Cottignies, coordinateur technique de l’étude à l’ADEME.
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Conclusion très macronienne ou bayrouienne, comme on veut, une forme de moyen terme entre le "en même temps" et le "au milieu"...😊😊
Une conclusion qui résulte du fait que les curseurs placés aux extrêmes déclenchent immédiatement une nuée de critiques violentes.
Faire admettre au monde aéronautique qu'il faut baisser certaines activités (je pense aux low-costs pour aller prendre un verre à Budapest par exemple) relève d'un certain courage et de persévérance (je me suis fait souvent démonté sur ce forum).
Il est fortement probable que l'avenir soit bien moins rose qu'on le présente (entre climat et récessions énergétique/économique, ça m'étonnerait bien qu'on ait 60% d'augmentation du trafic d'ici 2050).