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Transport Aérien

Le 737 d’Ukraine Airlines n’est pas le premier avion de ligne abattu accidentellement par un missile

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Frédéric Marsaly

L’Iran a donc reconnu avoir abattu par erreur le Boeing 737 ukrainien. Les tensions et les opérations militaires actuellement en cours viennent de coûter la vie à 176 « victimes collatérales », plus court à écrire que « victimes innocentes mortes de la malchance d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. » Ukraine, Iran et USA ont pourtant déjà été les protagonistes d’affaires tragiques de cette nature.

Le 17 juillet 2014, l’Ukraine était au cœur de la crise puisque, cette fois, c’est au-dessus de son territoire que le Boeing 777-200ER 9M-MRD de la Malaysia Airlines assurant le vol MH17 entre Amsterdam et Kuala Lumpur était touché par un missile Sol-air Buk-M1  (SA-11 pour l’Otan) au-dessus de la province du Donbass, à proximité de la frontière russo-ukrainienne, alors en proie à une guerre ouverte entre ukrainiens et indépendantistes pro-russes.

La question de la responsabilité et des procédures

Les deux camps utilisant les mêmes armements, l’origine du tir fut longtemps un mystère, aucun des partis ne voulant assumer la responsabilité des 283 victimes. Une très longue et très difficile enquête internationale permis de déterminer que les coupables étaient certainement le camp des pro-russes, mais les débats et les polémiques ne se sont pas éteints pour autant.

Tir délibéré, erreur d’identification de cible, l’histoire peut s’interpréter de tant de façons.

Pourtant les missiles anti-aériens à longue portée ne se tirent pas aussi facilement qu’un « ManPad » porté à l’épaule. Plusieurs opérateurs interviennent, que ce soit pour l’acquisition de la cible, son identification et la procédure effective du lancement de l’arme.

Dans un système centralisé, il suffit d’un seul élément dans la chaîne de décision pour courir à la catastrophe, mais dans un système plus complexe où de nombreuses procédures de sécurité existent pour limiter le nombre d’erreur par recoupement des informations et des décisions, il peut arriver aussi des défaillances.

C’est le cas, théoriquement, des systèmes anti-aérien complexes utilisés à bord des navires de l’US Navy.

Le cas de l’USS Vincennes

En juillet 1988, la frégate USS Vincennes naviguait dans le Golfe d’Ormuz, au large de l’Iran. Dans un contexte de batailles navales avec les vedettes des Gardes de la Révolution, avec le souvenir cuisant du tir irakien contre l’USS Stark l’année précédente (37 morts et 21 blessés le 17 mai 1987), les décollages de Bandar Abbas, aéroport civil mais aussi aérodrome militaire, étaient scrutés avec beaucoup d’attention.

Parce qu’il ne volait qu’à 14 000 pieds en raison de son très court vol en direction de Dubaï, et qu’une confusion sur les codes transpondeur l’identifiait comme un F-14 Tomcat, l’Airbus A300 d’Iran Air assurant le vol 655 devint une cible.

Ne parvenant pas à entrer en contact avec l’appareil classé hostile, alors même qu’un F-14, en dehors de son canon de 20 mm, ne possède pas de capacité de tir air-mer, l’équipage de l’US Navy, tout en suivant à la lettre les procédures de sécurité, procéda donc au tir de deux missiles mer-air Standard dont un détruisit l’avion de ligne et entraîna la mort des 290 personnes se trouvant à bord.

La crise internationale qui s’ensuivit fut immense. Il fallut 8 années de procédures pour que l’Iran parvienne à obtenir 131,8 millions de dollars d’indemnisation dont 62 pour les familles des victimes. Ni le Président Reagan ni son successeur n’acceptèrent de présenter des excuses.

Ce fut donc un épisode crispant de plus au cours des 40 années de tensions entre le régime des Mollah et les USA, crise qui se prolonge aujourd’hui avec des conséquences finalement proches, 32 ans plus tard !

Un enjeu majeur de sécurité

Bien d’autres exemples existent.  Les scénarios ayant menés aux drames nombreux et particulièrement variés. Interception, erreurs de cibles mais aussi attaques délibérées, des centaines de passagers ont payé au prix de fait d’avoir été en vol au mauvais endroit. Pour l’aviation civile, se protéger des armes est aussi une contrainte. Pour cela l’évitement des zones de conflits est sans doute un des procédés les plus évidents et les compagnies n’ont guère attendu les aveux iraniens pour commencer à contourner le secteur, un procédé classique. Mais le Boeing ukrainien desservait Téhéran !

Difficile de tirer la moindre leçon de cette nouvelle affaire, l’enquête à venir démontrera des manquements dans les procédures de tir de l’armée iranienne dans ce contexte de tensions armées. La question de garantir l’exacte identification des aéronefs neutres se posera donc forcément, une fois de plus !

On notera cependant que l’Iran a rapidement reconnu sa responsabilité dans le drame. Il faut dire que les éléments de preuves commençaient à être nombreux mais les développements de cette affaire et les conséquences globales sur la crise américano-iranienne seront à analyser aussi en gardant en mémoire ce point particulier. Quand le doute subsiste, comme dans le cas de la Caravelle d’Ajaccio en 1968 pour la France, ou celui du DC-9 d’Itavia en 1980, aucune hypothèse ne peut être éliminée, laissant alors la porte ouverte à tous les scénarios, même les plus fous, avec comme conséquence directe d’empêcher les tensions de retomber.

Frédéric Marsaly

 

 

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

View Comments

  • Je suis très circonspect sur la thèse du missile contre la Caravelle Ajaccio-Nice.
    Lorsque j'étais en fonction, lors d'un stage, je me souviens de l'écoute d'une séquence enregistrée par la Tour sur le schéma suivant.
    - Fumées à l'arrière
    - l'OMN s'équipe (Masque et extincteur?) et quitte le cockpit
    - changement du timbre de la voix du pilote qui a mis son masque.
    - évènement brutal donnant à penser à un envahissement du poste de pilotage.
    Fin de la séquence qui donnait à penser à un feu à l'arrière de la cabine, non maitrisé, poussant les passagers à envahir le cockpit. Centrage avant ? Pilotes poussés sur leurs volants ?...

  • Sans oublier l'A300 d'Iran Air abattu dans le détroit d'Ormuz en 1988 par l'armée Américaine avec 290 passagers....
    Et que faut il penser de la disparition du vol de Malaysia ....?

  • Juste une précision importante, que les médias français oublient très souvent.

    Dire que les habitants du Donbass sont des indépendantistes pro-russes est aussi pertinent que de dire que les Suisses alémaniques sont des indépendantistes pro-allemands.
    Ils s'agit en fait de russophones qui se sont battus contre une loi décrétée par l'ancien gouvernement, et qui interdisait l'usage de leur langue maternelle. Mais comme expliquait Gil dans un autre article, la politique n'a pas sa place sur Aerobuzz.

  • On pourra remarquer l'efficacite des mssiles russe contre des avions de ligne.
    KAL007 (747 Sud Coreen abattu dans les eaux internationales par un chasseur sovietique),
    MH17 (malesian Airlines) et cette semaine le 737 ukrainien.
    Par contre malgre les centaines de missiles tires sur les SR71 ou plus pres de nous contre les F15, F16 et F35(?) israeliens les resultats sont fameliques ...

    • Votre commentaire complètement en plus d'être franchement stupide, n'a pas sa place ici.
      Le fait que vous insistiez sur les missiles russes, et que vous ayez omis l'efficacité de l'armement Otanien contre les hôpitaux, les trains avec leurs passagers, les mariages, les écoles, etc. dénote un certain parti pris de votre part, voire même oserais-je dire, un certain racisme.

      J'espère que nos deux commentaires, le mien autant que le votre seront modérés.

      • ??? c'est vous qui faite de la politique ici. veuiller vous restreindre svp. Une Correction a apporter a cette article, ceci n'est pas un accident.

  • L'Elysée a promis la levé du secret défense, concernant le crash du vol Ajaccio-Nice en 1968. Le fait que la catastrophe a été provoqué par un tire de missile depuis l'île du levant, ressemble de plus en plus à un secret de polichinelle. Si un secret défense empêche la vérité d'éclore, c'est bien que les militaires y sont pour quelque chose ...

    • Pour moi, le CEM du Levant était fermé ce jour-là.
      Le champ de tir du Titan était lui par contre ouvert - toujours à la pointe de cette même ile du Levant - ce que certains interprètent comme "vous voyez bien, on nous ment" - or au Titan, on tirait en Etendard au 30 mm ou à la roquette, du haut vers le bas, rien à voir donc avec cette pauvre Caravelle (que j'avais failli prendre ce jour-là étant enfant, mais c'est hors sujet)
      Et Titan et CEM ne peuvent pas être ouverts simultanément, du moins à mon époque.

      • Mr Jost…. vous ne savez pas qui je suis, ni la connaissance que je puis avoir de ce dossier, pas plus que les recherches que j'ai pu faire. Je vous explique la différence entre Titan et CEM, et là visiblement ça ne rentre pas. Ensuite la plupart des gens s'imaginent que la Corse est au Sud de la Côte d'Azur, comme sur les cartes ...avec l'encart, alors que c'est franchement au Sud-Est. Donc dans leur construction mentale, on passe par l'île du Levant pour aller d'Ajaccio à Nice ! Riend que ça suffit à discréditer toutes ces théories fumeuses de complot.

      • Je ne vous suis pas. Vous étiez enfant ce jour là, mais vous savez quel champs de tir était ouvert ou fermé ?!

    • Reste à savoir ce si un missile a bel et bien été tiré sur un immeuble de Toulon, ou ce qu'il est vraiment advenu Du Bugaled Breizh

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