Grégoire est entré chez Ryanair fin 2007 avec 200 heures de vol dans son carnet. Ce jeune français est aujourd’hui copilote. Il totalise un peu plus de 2.000 heures de vol et gagne 5.500 € par mois.
« Je ne remercierai jamais assez cette compagnie de m’avoir donné la chance de débuter ma carrière dans une majore, directement sur jet, dans un environnement anglais », reconnaît Grégoire qui a trouvé son premier emploi de pilote de ligne, chez Ryanair, en 2007. Il avait alors 32 ans et ne totalisait que 200 heures de vol. « L’adaptation en ligne est remarquable. Pour un débutant comme je l’étais, elle est au minimum de 68 secteurs. Dans les faits, elle est plutôt de 84 et s’il faut en faire 100 pour que le jeune copilote soit au niveau, cela ne pose aucun problème ».
Le réseau lui plaît. « Nous fréquentons de grands aéroports comme Londres-Gatwick, Madrid, Dublin ou encore Berlin-Schönefeld et des timbres poste comme Carcassonne, sur lesquels les approches se finissent, le plus souvent, pour le copilote en MVL avec un papi a 4° et une piste de 1900m de long. 1700 m à Lübeck et même 30 m de large à Memmingen… Comme nous volons beaucoup et sur une grande diversité d’aéroports, l’expérience s’acquiert plus vite ». Les pilotes viennent d’horizons très divers, tant en ce qui concerne les nationalités que les cursus professionnels. « Le gradient d’autorité entre commandant de bord et copilote est très peu marqué, on parle d’égal à égal, et lorsque le copi vole c’est lui qui pilote et fait les prises de décisions. La décision finale revient bien sûr toujours au capitaine ».
« Le rythme de travail est en général de cinq jours de service suivis de quatre jours de repos. Nous avons notre planning un mois à l’avance et il est stable sur l’année. Je connais déjà mes jours de repos de novembre prochain. Quant aux congés, ils sont d’un mois, plus deux fois 13 jours. On ne choisit pas la période, on émet juste des vœux ». Pas de découcher, ni d’attente aux escales selon Grégoire : « une journée de travail ce n’est quasiment que du temps de vol. Si on fait quatre branches, cela fait trois escales de 25 minutes chacune soit une heure et quart. L’objectif de la compagnie est de 8 vols par avion et par jour ». Quant aux salaires, ils sont jugés « bons » par le pilote français : « entre 5 et 6000 euros par mois pour un copilote, et entre 7 et 10.000 euros pour un commandant de bord. Nous sommes considérés par la direction comme des pilotes et rien de plus, et cela tombe bien parce que nous sommes des pilotes, un point c’est tout. Notre boss est exubérant. C’est sa manière de faire de la publicité à bon marché pour la compagnie. Vous ne trouverez personne dans les cockpits pour le mettre sur un piédestal, mais chacun reconnaît que c’est quelqu’un d’habile ». C’est aussi un « cost killer » redoutable.
« A Dublin, la machine à café était gratuite pour le personnel. Elle coûtait 50.000€ par an à la compagnie. Elle a été remplacée par de simples bouilloires». Cette chasse aux coûts superflus déteint sur tous les employés, explique Grégoire : « un jour un pilote a suggéré que nous rentrions les phares escamotables après décollage au lieu de le faire en atteignant le FL100, c’est-à-dire 3.000 m d’altitude. Ces phares ont la taille de raquettes de tennis et génèrent de la trainée. Ryanair a soumis le problème à Boeing afin dévaluer l’économie de carburant qui pourrait en résulter. Le gain a été estimé à 12 kg par vol. Avec plus de 1000 vols par jour à l’époque, cela représentait 12 tonnes par jour, soit 4.400 tonnes par an, soit environ 3 millions d’euros ». La manœuvre a été ajoutée à la check list après décollage.
« Je croise pas mal de français qui comme moi assouvissent leur passion chez Ryanair. En France, ils ne pouvaient qu’espérer devenir copilote sur ATR, chez Airlinair à 2.000€ net par mois. Je conseille à tous les jeunes sortis d’école de postuler chez Ryanair. Nous recevons 50 avions cette année, ce qui signifie que Rynair va embaucher environ 500 pilotes en 2010 pour la plupart des cadets ». Ce témoignage va sans doute provoquer des réactions et générer des commentaires. Souhaitons que les prises de position des uns et des autres soient étayées afin de nourrir le débat, à défaut de le pourrir.
Gil Roy
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-**[Le quotidien d’un pilote de ligne français chez Ryanair
->http://www.aerobuzz.fr/spip.php?article853]
-**[Les premiers pas d’un pilote français chez Ryanair
->http://www.aerobuzz.fr/spip.php?article854]
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Le modèle Ryanair vécu de l’intérieur par un pilote de ligne français
Bonjour,
Excellent commentaire Gregoire, mais si on a 19 ou 20 ans et qu'on possède un frozen ATPL avec 300 heures de vol, ils embauchent comme même ?
Le modèle Ryanair vécu de l’intérieur par un pilote de ligne français
Grégoire a un discours encore enthousiaste, je le comprend. Mon regard est différent. 15 ans de vol, 7 années comme commandant de bord avec son lot de mauvaises surprises, de hauts stress et de situations parfois difficiles dont on se sort avec la perle au front. Le métier est souvent routinier et agréable mais parfois -rarement heureusement- le métier nous demande des décisions difficiles et dont nous n'avons pas toujours ni l'ensemble des paramètres, ni le temps, ne trop de monde ds me cockpit pour faire un choix dont la vie de nombreux passagers dépend. C'est un métier difficile, usant, stressant et qui a un impact lourd sur la vie sociale et familiale. J'ai moi-même volé chez Ryanair. Mon salaire, primés comprises, était en 2012 de 5350 euros après impôts. Salaire confortable mais justifié pour les raison expliquées plus haut. Enfin, il n'y a pas de 13ieme mois ni de pécule de vacances, ni de bonus, ni de voiture, ni de GSM. Nous devons économiser pour constituer une pension, payer les assurances,....
Un salaire finalement normal voire faible pour ce niveau de responsabilités et de contraires. Un copilote qui gagne 5000 euros ... Ne paie ses taxes NULLE PART ! Et joue des règles qui permettent l'évasion fiscale. Ex-commandant RYANAIR.
Le modèle Ryanair vécu de l’intérieur par un pilote de ligne français
Très encourageant un tel témoignage, cependant je me pose toujours le question de savoir si tous les critères de recrutement sont bien transparents... Un peu comme l'âge des candidats, dont personnes ne parlent mais qui si j'en crois les expériences des un et des autres est quand même au cœur de tous les recrutements.... Passer quelle limite faut il se dire qu'il vaut mieux renoncer. Je n'en veux à personne, mais je pense que moins de non dit et plus de transparence serait les bienvenues et permettraient d'aborder un éventuelle recrutement de manière plus sereine...
Olivier
Le modèle Ryanair vécu de l’intérieur par un pilote de ligne français
Il est toujours intéressant de connaitre la vie d'un pilote et surtout celle d'un pilote travaillant chez Ryanair car effectivement nous n' avions pas beaucoup d'informations jusqu'ici à ce sujet. La possibilité d'intégrer une compagnie avec seulement 200h de vol semble vraiment très exceptionnelle. Ce monsieur a eu de la chance et c'est tant mieux pour lui.
Le modèle Ryanair vécu de l’intérieur par un pilote de ligne français
effectivement bien d'autre versions existent, bien moins moins roses. Notamment pour les PNC
Le modèle Ryanair vécu de l’intérieur par un pilote de ligne français
J'aime beaucoup lire les brèves d'Aerobuzz, mais je dois vous avouer que
je me demande (et je ne suis pas la seule...) si le petit feuilleton de
Grégoire de Ryanair n'est pas une pub maladroitement déguisée, d'une
compagnie en mal de reconnaissance sociale...Chez Ryanair, ils sont tous
beaux, gentils et providentiels, tout le monde est déja au courant. La
suite du feuilleton pourrait être la version du contribuable Français
moyen...
Bref, on attend autre chose de votre excellent site...
Aéronautiquement votre,
Elizabeth
@ Elizabeth
Les compliments précèdent souvent les coups de bâton ! Merci néanmoins pour vos félicitations… Quant au fait que Ryanair puisse utiliser AeroBuzz.fr pour redorer son blason, je dois dire que je le prendrais pour un compliment (et non pas un reproche) si cela était vrai. Il serait le signe du niveau de notoriété atteint par AeroBuzz.fr. Michael O'Leary ne connaît (sans doute) pas l'existence d'AeroBuzz.fr et surtout, il n'a pas besoin de notre site pour faire passer ses messages. Il ne s'embarrasse pas non plus avec ce que l'on peut penser de lui. C'est un bulldozer qui ne fait pas dans la dentelle : la preuve son bras de fer avec la justice française.
Le témoignage de Grégoire est authentique et sans arrière pensée. C'est la première fois, à ma connaissance, que la presse donne autant d'informations précises et techniques sur la manière dont les pilotes de ligne exercent leur métier au sein de Ryanair. C'est tout…
Gil Roy