Les plus couteuses recherches de l’histoire de l’aviation civile pour retrouver un avion n’ont pas permis de localiser l’épave du vol MH370. En s’appuyant sur le rapport de l’ATSB, Jean-Paul Troadec, ancien directeur du BEA, met en évidence les enseignements qu’il est possible d’en tirer et qui pourront contribuer à améliorer la sécurité du transport aérien. La disparition du 777 de Malaysia Airlines restera-t-elle un mystère pour autant. Rien n’est moins sûr. La société privée Ocean Infinity vient de faire une offre de service aux autorités malaisiennes.
Comme nous l’avons déjà souligné, le rapport final de l’ATSB (Australian transport safety board, bureau australien chargé des enquêtes sur les accidents de transport) a publié début octobre 2017, se concentre, non pas sur les causes de l’accident, mais sur les recherches du vol MH 370, disparu dans l’Océan Indien le 8 mars 2014, et dont la Malaisie lui avait confié la direction.
Les recommandations
Le rapport se conclut par quelques recommandations nouvelles par rapport à celles déjà émises par d’autres organismes :
Il manque évidemment une recommandation sur la maintenance des balises acoustiques, dont l’une était périmée depuis 2012.
Et maintenant ?
Depuis la suspension des recherches au début de cette année, les travaux se sont poursuivis afin de délimiter une extension de la zone à explorer en tirant parti de l’ensemble des informations recueillies depuis la disparition de l’avion, qu’un autre rapport émanant de l’ATSB résume ainsi:
Les participants au groupe de travail technique recommandent donc de poursuivre l’exploration de cette zone d’une superficie de 25.000 km2.
Il est à noter que cette recommandation ne figure pas dans le rapport de début Octobre. C’est maintenant aux autorités politiques des pays concernés de prendre ou non la décision de dépenser jusqu’à 25 M € supplémentaires pour compléter l’exploration selon ces nouvelles analyses.
A moins que la proposition de la société Ocean Infinity faite tout récemment aux autorités malaisiennes de rechercher l’épave du MH370 sur la base du principe « no cure no pay » (c’est-à-dire d’un paiement forfaitaire seulement en cas de découverte) ne soit acceptée.
Il sera alors intéressant de savoir si la zone d’exploration envisagée correspond à celle définie par ce groupe de travail, ou si la société Ocean Infinity dispose de ses propres évaluations.
Connaîtra-t–on un jour la vérité ?
Le principal objet de ces recherches est la récupération des enregistreurs afin de connaître les causes de cette disparition. De fait, la récupération puis la lecture de ces « boîtes noires » sont susceptibles d’aider à comprendre ce qui s’est passé, mais seulement dans une certaine mesure.
Une fois l’épave localisée, les chances de récupérer puis de lire les enregistreurs sont bonnes. Cela avait été le cas pour le vol AF447 après une durée d’immersion de deux ans et un choc violent avec la surface de l’eau.
De l’enregistreur de conversations, on ne peut pas attendre grand’chose car le modèle dont était équipé l’avion ne conserve que les deux dernières heures de vol, période pendant laquelle, selon toute vraisemblance, aucun son à l’intérieur de la cabine n’a été enregistré, mais, sait-on jamais…
L’enregistreur de paramètres, de son côté, aura enregistré l’intégralité du vol. On connaîtra donc l’ensemble des actions faites sur les commandes, la trajectoire précise, l’état technique de l’avion. On pourra donc savoir si l’avion avait fait l’objet d’une prise de commande par un tiers, si la trajectoire suivie était le résultat d’une action volontaire ou d’un aléa technique, si quelqu’un était actif dans le cockpit jusqu’à la fin…mais tout cela ne nous donnera pas l’identité des responsables de cette action ni leur motivation, à moins que l’examen des corps qui pourraient être retrouvés dans le cockpit apporte des informations sur l’identité des personnes qui y étaient présentes en fin de vol.
Quelles leçons nouvelles peut-on attendre de cette découverte ?
Quoiqu’il en soit, en termes de recherches sous-marines, on peut considérer que, que l’on retrouve l’épave ou pas, les principales leçons résultant de cette disparition comme celles de l’accident du vol AF447 ont déjà été tirées. Elles portent essentiellement sur le suivi des vols et la récupération des données.
Comme on l’a vu, peu d’enseignements sont à attendre en termes de sûreté, sauf peut-être si on peut identifier les personnes présentes dans le cockpit…
La poursuite des recherches, si elle est décidée, visera donc d’abord à clore l’enquête technique par la détection d’éventuels problèmes ayant été à l’origine de cette disparition, et aussi à récupérer d’éventuels restes des victimes.
Jean-Paul Troadec
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Très intéressant, merci pour cet article.
A l'heure où internet sera disponible dans tout les avions, les avionneurs/autorités envisagent ils d'améliorer la détectabilité des avions en détresse et d'utiliser ces réseaux de communication ?
Excellente série d'articles.
Merci à M TROADEC et à AEROBUZZ
Bonne journée et bons vols à tous.