Elles enregistrent tout, aussi bien la vitesse de l’avion que le dialogue entre les pilotes. Au total plusieurs centaines d’informations à la seconde qui en cas de problème peuvent aider à comprendre ce qui s’est passé et éviter que cela se reproduise.
Lorsqu’un accident survient, aussitôt, les enquêteurs se lancent dans une course contre la montre pour localiser puis récupérer les boîtes noires de l’avion. Ces opérations peuvent parfois prendre des proportions fantastiques si l’épave gît par plusieurs centaines de mètres de profondeur, sous la surface d’un océan. Il faut alors mettre en œuvre des moyens exceptionnels tels que des mini sous-marins télécommandés pour remonter à la surface les précieux enregistrements.
C’est le prix qu’accepte de payer le transport aérien au nom de la sécurité. Parce que, les renseignements que peuvent délivrer les boîtes noires ne seront pas seulement utilisés pour déterminer les causes et les responsabilités. Ils vont aussi et surtout permettre de comprendre ce qui s’est réellement passé dans les instants qui ont précédé le drame et d’en tirer des enseignements pour qu’un tel accident ne puisse jamais se reproduire. C’est en partie grâce aux boîtes noires que le transport aérien est aujourd’hui le moyen de locomotion le plus sùr.
Les boîtes noires ne sont pas noires, mais rouge ou orange parce qu’au milieu des débris, le rouge se voit mieux que le noir. Et pour les repérer encore plus facilement elles ont des bandes fluorescentes. Elles pèsent une dizaine de kilos et sont logées dans la queue, l’endroit qui, en principe, résiste le mieux en cas de crash.
Tout a été imaginé et mis en œuvre pour que le précieux contenu de ces enregistreurs de vol soit épargné. Le contenant doit pouvoir résister à un choc de 3400 g, c’est-à-dire équivalent à 3400 fois la pression terrestre. Autrement dit, il doit être intact après avoir percuté le sol à plus de 600 km/h. Il doit également pouvoir passer une heure à 1100 degrés. La plupart des accidents d’avions sont en effet à l’origine de violents incendies. Et enfin, même si seulement 10% des crashs surviennent au-dessus de l’eau, une boîte noire est conçue pour supporter la pression fantastique qui règne jusqu’à 5000 mètres de profondeur pendant un mois. Un émetteur intégré permet de la localiser.
Ces enregistreurs de vol sont de véritables coffres-forts que seuls des experts peuvent percer. Chaque avion en possède deux qui, d’une certaine manière, constituent sa mémoire. Ils ont chacun, une fonction spécifique, et sont complémentaires. L’un, le CVR (Cockpit Voice Recorder ou enregistreur phonique) enregistre en boucle, sur trente ou cent vingt minutes, l’environnement acoustique du poste de pilotage, c’est-à-dire les échanges entre les pilotes ou avec les contrôleurs, les bruits ou les alarmes sonores. En fait, tout ce qui se passe dans le cockpit. L’autre, le FDR (Flight Data Recorder ou enregistreur de paramètres) enregistre en boucle et sur vingt-cinq heures les valeurs de certains paramètres techniques de vol : vitesse, taux de montée, altitude, inclinaison, fonctionnement des moteurs, pilote automatique, position des gouvernes, des commandes de vol… Sur les avions les plus récents, près d’une centaine de paramètres sont ainsi sous surveillance.
A l’origine, une boîte noire était un magnétophone sophistiqué. Les informations étaient enregistrées sur bande magnétique. Aujourd’hui, elles sont stockées sur un disque dur comparable à celui d’un ordinateur personnel. La capacité est beaucoup plus importante.
Après un accident, lorsque les boîtes noires ont été récupérées, elles sont ensuite expédiées vers l’un des laboratoires capables de les lire. Il en existe un peu moins d’une dizaine à travers le monde. L’analyse d’un enregistreur de vol nécessite en effet des moyens techniques spécifiques et surtout fait appel à des spécialistes en mesure d’analyser les paramètres et de détecter une anomalie, mais également d’identifier un son anormal dans un cockpit, en arrière-plan d’une conversation entre les membres d’équipage.
Quant les boîtes noires n’ont pas souffert, les bandes ou les disques durs sont intacts. Les données sont facilement récupérables en vue de leur interprétation. Mais il arrive aussi que des passages entiers de l’enregistrement soient plus ou moins endommagés. Les techniciens peuvent être amenés à reconstituer la bande, morceaux par morceaux, avant de la lire sur un équipement spécifique qui permet de récupérer les signaux enregistrés un à un. Ce sont alors des heures, voire des journées, de travail pour restituer une minute d’enregistrement.
L’ouverture d’une boîte noire et toutes les opérations qui suivent sont filmées en continu pour éviter toute contestation ultérieure. La vérité sur le crash est en effet contenu dans les enregistreurs de vol.
Une fois récupérées, les données font alors l’objet d’un long et méticuleux travail d’exploitation. L’écoute et à la transcription des enregistreurs phoniques contenus dans le CWR sont confiées à des spécialistes acousticiens. Ils identifient les alarmes et tous les bruits enregistrés, ils datent les événements avec précision et transcrivent toutes les conversations. Dans le même temps, des enquêteurs analysent tous les paramètres enregistrés et les interprètent. S’ils pensent que cela peut aider à la compréhension des causes de l’accident, ils peuvent réaliser une animation en 3D des dernières secondes de vol qui ont conduit au crash.
En France, le dépouillement des enregistreurs de vol est réalisé par le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), implanté sur l’aéroport du Bourget. Cette structure a compétence pour intervenir sur l’ensemble du territoire français évidemment, mais également à l’étranger, dans le cadre de sa participation à une enquête concernant un avion d’exploitation ou de construction française. La réglementation internationale en la matière est précise et stricte. Il est également fréquent qu’un pays ne disposant pas de tels moyens d’investigation fasse appel au BEA.
Grâce à la compétence et à la perspicacité des enquêteurs, en livrant leurs secrets, les boîtes noires ont permis de comprendre, dans la plupart des cas, les raisons des accidents aériens. Elles ont aussi permis d’en éviter.
Gil Roy. Entre Voisins N°6 / Janvier 2006
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