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Le SNPL veut le maintient de la retraite des pilotes de ligne à 60 ans

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Martin R.

Les pilotes de ligne français, et notamment ceux d’Air France, restent très attachés à une cessation d’activité à 60 ans


Une association constituée d’une petite centaine de pilotes français actifs ou retraités, et dénommée PNT 65, a décidé d’attaquer l’Etat français en déposant une plainte auprès de la Commission européenne. Son objectif est d’obtenir le déplafonnement de l’âge légal de cessation d’activité des pilotes de ligne français de 60 à 65 ans en arguant d’une discrimination à l’âge d’exercice du métier entre les différents pays de l’Union.

Cette association ne représente que les intérêts de ses quelques membres. Elle ne saurait être considérée comme représentative de la volonté de l’ensemble des 7000 pilotes de ligne français, et encore moins des 4000 pilotes d’Air France. Le message relayé par certains médias a pu malheureusement laisser croire le contraire et semer ainsi la confusion.

Air France ALPA, union syndicale du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) et du Syndicat des Pilotes de l’Aviation Civile (SPAC) au sein de la compagnie Air France, qui représente 75% des pilotes d’Air France, réaffirme son attachement au maintien d’un âge de cessation d’activité à 60 ans. Attachement qui a été d’ailleurs confirmé récemment par 80% des pilotes d’Air France lors d’un référendum sur ce sujet.
A notre connaissance, toutes les autres organisations syndicales représentatives de la profession au sein d’Air France se sont exprimées dans le même sens.

La position défendue par  » PNT 65  » et ses plaignants est donc ultra minoritaire chez les pilotes.

Si le conseil de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) a en effet adopté le 10 mars 2006 un amendement qui fixe à 65 ans la limite d’âge supérieure pour exercer les fonctions de pilote commandant de bord, et sous réserve que le copilote soit d’ailleurs âgé de moins de 60 ans, cette recommandation ne s’impose en aucune mesure aux Etats membres. C’est pourquoi la France, par la voix de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), a pu signifier sa différence sur ce point, conservant comme d’autres pays une limite inférieure.

De son côté, l’Europe ne dispose d’aucune réglementation en la matière.

Sur le plan national, au-delà du positionnement des organisations syndicales, aucune organisation patronale n’a émis le souhait que la limite supérieure d’âge des pilotes français, fixée à 60 ans par la loi dans le Code de l’Aviation Civile, soit modifiée.

Sur ce constat, le Directeur général de l’aviation civile, M Wachenheim, a rappelé dans un courrier du 2 janvier 2007  » qu’il n’entrait pas dans les intentions du Gouvernement de proposer au Parlement une modification de la législation nationale applicable aux PNT pour lesquels la limite d’âge supérieure restera fixée à 60 ans.  »

Le candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy, a confirmé cette position, pendant la campagne, à l’association PNT 65 qui l’interpellait sur le sujet.

De surcroît, s’il existe effectivement des règlementations nationales disparates en Europe, les grandes compagnies aériennes européennes, sans exception aucune, mettent leurs pilotes à la retraite à 60 ans au plus tard. British Airways depuis peu à 60 ans, KLM à 58 ans, Lufthansa, Iberia et Alitalia à 60 ans, même quand leur réglementation nationale leur permettrait de les garder jusqu’à 65 ans. Ce n’est sùrement pas par philanthropisme.

La mission qui est confiée aux pilotes est complexe, sérieuse et physiquement exigeante. Au cours de chacun de leurs vols, les hommes et les femmes pilotes de ligne ont la responsabilité d’une mission engageant des centaines de vies humaines et des dizaines de millions d’euros.

Pour que cette mission s’exerce en toute sécurité, elle repose sur un ensemble complet de règles d’utilisation des équipages : nombres d’heures de vol maximum, repos minimum, nombre de jours d’activité, prise en compte de la pénibilité des vols de nuit, des levers tôts, des nombreux fuseaux horaires traversés etc. L’âge de cessation d’activité est un de ces éléments.

Car, si les compétences professionnelles des pilotes sont vérifiées plusieurs fois par an, comme leurs aptitudes physiques et mentales, ces tests ne sont pas capables de déceler les subtiles et incontestables baisses de performance des individus dues à l’âge.
Et si l’expérience était en mesure de compenser ces dégradations, l’âge de mise à la retraite des pilotes, comme de toute profession, ne devrait logiquement avoir aucune limite !

Rappelons que les pilotes de ligne se protègent tous contre une perte de licence pour raison médicale par des couvertures assurantielles et que 90% des pertes de licence touchent des pilotes après 50 ans. Le principe de précaution et de la sécurité des vols, partagé par tous les grands transporteurs, veut donc que l’âge des pilotes soit limité.

D’autre part, si l’espérance de vie augmente, personne ne sait mesurer sur le long terme l’impact de cadences de travail qui ont considérablement augmenté depuis quelques années ou l’impact de l’avènement des vols ultra longs qui se préparent avec l’arrivée de nouveaux avions.

Enfin, la santé des régimes de retraite n’est nullement fragilisée par un âge de cessation d’activité des pilotes à 60 ans. En effet, les pilotes travaillent statistiquement une année de plus que la moyenne des Français.

AF-ALPA refuse que la sécurité des passagers et des équipages et que la pénibilité du métier de pilote de ligne soient remises en question du fait de quelques apprentis sorciers, fussent-ils pilotes, syndicalistes ou politiciens.

Sous couvert d’arguments aussi fallacieux que le respect des droits de l’homme ou la santé des régimes de retraite, la demande exprimée par une petite centaine de pilotes ne se justifie finalement que par l’écart considérable de rémunération qui existe chez les pilotes de ligne entre la période d’activité et la retraite ou par l’écart de considération entre le statut du pilote de ligne commandant de bord et celui du citoyen retraité.

N’oublions pas également que nombre de plaignants, président de l’association PNT 65 en tête, se battaient au moment où leurs carrières étaient bloquées du fait de la récession, pour la mise en place de la règle des 60 ans.
Quand on mesure l’impact d’un déplafonnement sur les embauches de jeunes pilotes et sur la carrière des pilotes de ligne en exercice, on comprend mieux que la seule motivation de leur demande est individuelle, sonnante et trébuchante…

La sécurité aérienne et donc l’intérêt collectif n’ont pas de prix. On s’en rend malheureusement compte souvent trop tard…

Communiqué du SNPL du 19 juillet 2007

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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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