American Airlines estime que les nouvelles règles sur le temps de repos des pilotes de ligne voulues par la FAA l’obligeraient à embaucher immédiatement 2.325 pilotes supplémentaires. Inconcevable pour les transporteurs américains. En Europe, le dossier ouvert par l’EASA s’annonce des plus sensibles. Ici, ce sont les pilotes qui sont mobilisés.
Les compagnies américaines montent au créneau. Elles contestent la proposition que vient de rendre public la Federal Aviation Administration (FAA) sur le temps de repos des pilotes et qui doit entrer en vigueur en aout 2011. Southwest estime que la future réglementation va saper la productivité de ses pilotes en réduisant le nombre de branches par jour. De son côté, American Airlines a fait ses comptes. Elle va devoir embaucher 2.352 pilotes supplémentaires pour assurer le même nombre de vols (elle emploie actuellement 8.000 pilotes). Elle chiffre le surcoût à 514 M$ par an.
La FFA a pour sa part évalué ce surcoût, pour l’ensemble des compagnies aériennes américaines, à 1,25 milliard de dollars sur les 10 ans à venir. L’estimation des transporteurs américains est 15 fois supérieure… Ils tablent sur 19,6 milliards de dollars. La remise en question de la réglementation, par la FAA, fait suite à l’accident du vol Continental Connection opéré par Colgan Air, survenu le 12 février 2009 à Buffalo. Le NTSB a, en effet, mis en évidence le fait que la fatigue de l’équipage avait été un facteur aggravant. Il est notamment apparu que les pilotes n’avaient pas dormi dans un lit la nuit précédent le crash.
L’administration américaine projette d’imposer un temps de repos minimal de 9 heures entre deux périodes de vol et un minimum de 30 heures de repos consécutives par semaine ou plus exactement après 5 jours de travail. Actuellement le temps de repos est de 7 heures. Elle souhaite également que les pilotes n’effectuent pas plus de 8 à 10 heures de vol par jour, en fonction de la prise de service, le temps global de travail (sol plus vol) ne devant pas excéder 13 heures. La limite actuelle est de 16 heures.
Cette refonte de la réglementation américaine sur le temps de repos des pilotes de ligne intervient au moment même où l’Europe a ouvert un chantier analogue sans pour autant aboutir aux mêmes quotas. L’EASA propose que le temps minimal de repos soit de 7h30 alors que la FAA propose 9h00. Elle propose également que le temps de repos hebdomadaire soit de 36 h après sept jours de travail, alors que la FAA propose 30 heures tous les 5 jours. Des divergences existent également sur le temps de service. « Il est étonnant de constater, qu’en partant des mêmes études scientifiques récentes sur les temps de récupération, les deux administrations arrivent à des propositions sensiblement éloignées », souligne Patrick Magisson, du SNPL.
En Europe, les parties concernées ont jusqu’au 20 mars 2011 pour faire part de leurs remarques à l’EASA qui se donne ensuite trois mois pour les analyser et en faire une synthèse. Elle publiera ses réponses aux commentaires fin août et elle finalisera le texte destiné à la Commission européenne à l’automne. Il faudra compter encore un an, avant que le texte final ne soit approuvé. Pour sa part, le FAA prévoit de finaliser son texte d’ici août 2011.
G.R.
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Le temps de repos des pilotes en débat aux USA… aussi !
Cf le reportage "Enquêtes" de Radio Canada sur la fatigue des pilotes en Amérique du Nord que je mets à la disposition des intéressés.
En effet, les pilotes américains semblent assez sous-payés ce qui impose des conditions de vie difficiles (camping cars au bord des pistes) associées à des cadences assez lourdes.
Le temps de repos des pilotes en débat aux USA… aussi !
Autant le SNPL est peu crédible lorsqu'il évoque (sans rire) le risque de paupérisation de la profession de pilote chez Air France, voire les cadences infernales, autant ce seuil est tout à fait atteint aux Etats-Unis chez certains opérateurs, notamment les sous-traitants de type 'commuters', où les pilotes sont payés à peine plus que le salaire de base avec des horaires qui feraient frémir nos amis fonctionnaires à Bruxelles. Cause vraissemblable chez Colgan Air de l'erreur de pilotage qui a conduit au crash matinal d'un Dash 8 (Q400) le 12.02.2009 à Buffalo en finale (et condition de gel) par décrochage et crash. Le pilote avait dormi dans la salle d'équipage, et la co-pi avait voyagé la veille pour rejoindre son poste à bord avec peu d'expérience sur type.
On avait tenté de mettre le crash sur leur dos pour non respect de la procédure ''sterile cockpit' qui veut que sous 10.000 pieds l'équipage ne peut avoir que des échanges liés à la conduite du vol ce qui interdit les évocations du match de foot de la veille ou des projets pour le week-end prochain par exemple. Le CVR sera produit lors de l'audience pour montrer que cette thèse ne tient pas, et qu'être en état de piloter est un préalable obligatoire si une compagnie veut maintenir un niveau de sécurité 'normal'. Que des compagnies US doivent engager des pilotes est après tout une très bonne nouvelle dans un contexte général de reprise de l'activité aérienne à travers le monde, sinon les mêmes compagnies nous proposent une lecture assez inquiètante de leur réserve à embaucher, c'est à dire faire subir des risques à leurs clients au nom de leurs arbitrages concurrentiels, ce que personne bien entendu n'ose croire.