Selon Eurocontrol, 2021 fut synonyme d’une reprise partielle mais durable du trafic aérien en Europe, malgré les 4,9 millions de vols en moins par rapport à 2019. L’organisation estime avec grande prudence que la tendance devrait se poursuivre en 2022 où l’on pourrait retrouver 70% voire jusqu’à 90% des niveaux de 2019…
L’année 2021 avait commencé au plus bas avec sur janvier une chute à -64% du trafic passager en Europe par rapport à 2019. Jusqu’en avril, les restrictions sanitaires toujours en place ont maintenu le trafic entre -62 % et -66 % des niveaux de 2019.
Sur toute l’année, l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 aggravé par l’arrivée de nouveaux variants a toutefois pu être légèrement amorti grâce aux vaccinations plus généralisées et les certificats numériques permettant de voyager à travers l’Europe. En moyenne annuelle, Le trafic passager sur le réseau européen a finalement tout juste atteint 56% des niveaux d’avant crise.
Le trafic européen a certes progressé par rapport à 2020 (5 millions de vols) mais reste encore bien loin des 11,1 millions de 2019. C’est au total 1,4 à 1,5 milliards de passagers de moins par rapport à 2019. Un pic fa été atteint le 27 août avec 26773 vols (c’est -30% par rapport à 2019), et même atteint 78% des niveaux de 2019 courant décembre avec les congés de fin d’année.
Selon Eurocontrol, les compagnies low-cost ont vu leur nombre de vols réduits de 54% en moyenne. L’irlandaise Ryanair s’en tire avec une baisse de -43% (similaire au Groupe Air France-KLM), c’est 366 000 vols en moins soit une moyenne de 1321 vols quotidiens (contre 2323 en 2019). Elle conserve toutefois sa première place sur le podium européen. En revanche, sa principale concurrente EasyJet glisse de la seconde à la cinquième place soit une diminution de 64% de ses vols (607 vols par jour en moyenne en 2021 contre 1671 en 2019). Lufthansa a de son côté subit -61% de vols…
Le Royaume-Uni reste le plus touché avec 1,3 million de vols en moins (-62%) contre par exemple 700 000 pour la France (-42%). Eurocontrol précise que les autres pays les plus impactés sont l’Irlande (très dépendante de ses connections avec le Royaume-Uni avec 40% des vols en 2019), la Finlande, la Suède et le Danemark en 7ème position.
Les pays du sud et de l’est de l’Europe sont en revanche les moins touchés. Au plus fort de la saison estivale, certains pays se sont approchés de très près de leurs niveaux de 2019, en particulier la Grèce, où les niveaux de vol ont atteint 94 % du trafic d’avant la pandémie en août.
La situation des compagnies aériennes européennes reste très difficile, en particulier pour les transporteurs ne recevant pas d’aides d’État. Globalement, les compagnies aériennes européennes font état de 18,5 milliards d’euros de pertes nettes en 2021.
Fin décembre, Ryanair prévoyait même une perte deux fois plus élevée que ses prévisions, tout en anticipant une réduction d’un tiers de son trafic en janvier 2022, en raison de l’impact du nouveau variant Omicron. Elle a toutefois réussi à augmenter ses capacités à plus de 100% par rapport à 2019 lors durant la période estivale…
Au final, comme l’explique Eurocontrol, la vague redoutée de faillites de compagnies aériennes ne s’est finalement pas concrétisée, la seule victime de premier plan étant la disparition définitive d’Alitalia, très vite remplacée par ITA Airways.
En 2021, le transport aérien cargo boosté par le commerce en ligne est le seul à avoir maintenu de manière constante ses niveaux de 2019 et même au-dessus pendant la pandémie. Ce marché a terminé l’année à +9,6% par rapport à 2019 et une part de marché qui a doublé passant de 3% à 6% en 2021…
De son côté, l’aviation d’affaires affiche une croissance de +3,5% en 2021 et augment significativement sa part de marché à 12% (contre 6,4% en 2019), bénéficiant d’un nouveau flux de voyageurs d’affaires privés de lignes régulières.
Les transporteurs réguliers traditionnels ont en revanche terminé à -52,1% des niveaux de 2019. Les opérations traditionnelles à travers les hubs ont été considérablement affectées par la baisse du trafic de correspondance à international.
Selon Eurocontrol, les compagnies aériennes européennes ont profité de la crise pour optimiser leurs flottes d’un point de vue opérationnel, économique et environnemental. Les gros porteurs historiques principalement quadrimoteurs comme l’A340, l’A380 et le B747 ont été stockés en attendant le retour des voyages long-courriers ou ont été définitivement retirés, et remplacés par des bimoteurs plus économes en carburant. Air France ou SAS par exemple, misent sur l’A350-900 ou British Airways le B787-10.
Du côté des compagnies à bas prix, la tendance d’exploitation de mono flottes récentes se poursuit, avec l’exemple de Volotea qui début 2021 s’est séparée de ses Boeing 717 pour des A320 et A319 ou l’arrivée du B737 MAX chez Ryanair.
Amsterdam Schiphol termine l’année 2021 en tête avec 767 mouvements quotidien ce qui reste toutefois 45% inférieurs aux niveaux de 2019, et dépasse de justesse Istanbul (IGA) et ses 762 vols quotidiens, juste devant Frankfurt (718 vols). Le marché turc reste fort toute l’année et les destinations traditionnelles de loisir ont enregistré une forte reprise au cours de l’été maintenant Barcelone et Madrid dans le top 10 alors que Athènes (23ème en 2019) vole la 9ème place à Rome…
Rome dégringole ainsi très loin dans le classement en passant à la 20ème place face à une baisse drastique des voyages internationaux, tandis que Londres Gatwick se retrouve à la 47e place en raison des restrictions de voyage au Royaume-Uni et d’une demande réduite, notamment au premier semestre 2021…
Pour conclure, Eurocontrol estime que le nombre de passagers en 2021 (- 56% contre 2019) en retrait par rapport à la reprise des vols (-44%) est une conséquence de l’utilisation d’avions plus petits et de faibles taux d’occupation et que cette tendance se poursuivra en 2022. Selon l’ACI (Airport Council International), les niveaux du nombre de passagers ne devraient pas retrouver ceux de 2019 avant 2025.
C’est un à deux ans des meilleurs prévisions d’Eurocontrol sur le retour du nombre de vols aux niveaux de 2019. A condition que de nouveaux variants ne viennent pas une nouvelle fois prolonger ce bras de fer avec les compagnies aériennes déjà bien affaiblies…
Jérôme Bonnard
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