Le 1er janvier 1914, Abram C. Pheil est devenu le premier passager aérien payant en achetant un billet d’avion à 400 dollars pour un vol de 23 minutes effectué à bord d’un hydravion biplan Benoist XIV… à 1,50 m d’altitude. Il était encore trop tôt pour parler de transport aérien.
La maîtrise des compagnies aériennes et de leurs organisations professionnelles en matière de communication a ses limites : curieusement, ces jours-ci, il n’est pratiquement question, où que ce soit, du centième anniversaire du transport aérien. Une exception : Tony Tyler, directeur général de l’IATA, y a fait allusion la semaine dernière.
Abram C. Pheil n’est d’ailleurs pas entré dans l’Histoire, lui qui fut le tout premier passager aérien payant : il avait acquitté la somme considérable de 400 dollars (aux conditions économiques de l’époque) pour aller de St. Petersburg à Tampa, un vol de 23 minutes effectué le 1er janvier 1914 à « l’altitude » de un mètre cinquante. Il était l’unique passager de l’hydravion biplan Benoist XIV sorti des ateliers de St. Louis de Thomas W. Benoist. Un constructeur qui n’a pas davantage laissé de trace auprès des historiens, pas plus que le pilote, Antony H. Jannus. La mémoire collective est souvent ingrate. Abram Pheil s’est éteint en 1922, à l’âge de 65 ans, dans l’indifférence générale.
Reste à savoir si le transport aérien, quels que soient les trous de mémoire de ses responsables actuels, tirera prétexte de cet anniversaire pour dresser un bilan aussi spectaculaire qu’il le mériterait. Cela en tenant compte du fait que l’aviation commerciale est véritablement née beaucoup plus tard, entre les deux guerres, et n’a connu son essor et la maturité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Tony Tyler, qui cherche à frapper les esprits, utilise des points de repère inhabituels. Il explique, en effet, que 52 avions commerciaux décollent toutes les 60 secondes et qu’en l’espace d’une minute, non moins de 5.700 passagers embarquent vers une destination plus ou moins lointaine. A vrai dire, nous préférons les statistiques que manient très bien les économistes, à commencer par le fait que, cette année, le cap symbolique des 3 milliards de passagers a été dépassé. Et qu’ils seront 3,3 milliards en 2014.
On ne dira jamais assez que le transport aérien constitue un secteur d’activité tout à fait atypique, qui ne se compare à aucun autre. En effet, il a acquis des dimensions spectaculaires, réalise un chiffre d’affaires annuel de plus de 700 milliards de dollars, joue un rôle économique majeur à l’échelle de la planète mais affiche une rentabilité médiocre. Il aurait d’ailleurs perdu plus d’argent qu’il n’en a gagné, depuis l’époque de ce bon Abram Pheil, un comble quand on connaît l’importance des mises de fonds en jeu (un Airbus A380 coûte 400 millions de dollars).
Point remarquable, qui indique que le hasard fait parfois bien les choses, après avoir rebondi d’une crise à l’autre, pétrolière, conjoncturelle, géopolitique, terroriste, etc., le transport aérien est maintenant entré dans une phase de réelle stabilité et tend enfin vers une rentabilité moins ridicule que dans le passé. Ainsi, les résultats financiers de 2013, qui ne seront pas connus avec précision avant le printemps, devraient faire état d’un bénéfice net de 12,9 milliards de dollars, lequel devrait ensuite bondir à près de 20 milliards en 2014. Soit 4,7 % des recettes environ, encore loin des aspirations des investisseurs agissant en bons pères de famille. Ce qui fait peut-être rêver les descendants d’Abram Pheil.
Pierre Sparaco
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Le transport aérien aura 100 ans le 1er janvier 2014
Le transport aérien est né le 22.3.13 avec un Astra CM à 2 pax de la CGT (Compagnie Générale Transaérienne) entre Cannes et Nice, ligne étendue à Monaco le 29.3. Prix du billet 250 francs-or.
Le transport aérien aura 100 ans le 1er janvier 2014
l'histoire n'a probablement pas gardé souvenir de l'argutie juridique du lieu, mais sachant que le flyer avait du mal à effectuer des virages il est peu probable que "l'atterrissage" ait eu lieu au même endroit que le décollage, ce qui pour l'époque constituait bien un voyage.
s'agissant d'un vol américain, il est difficile d'y faire agir rétroactivement le droit français lequel contredit cependant le commentaire précédent. ainsi: "Attendu, d'autre part, qu'ayant souverainement relevé que le baptême de l'air organisé par le moniteur était une promenade aérienne et non pas une initiation à la pratique de l'activité sportive, la cour d'appel en a déduit, à bon droit, que la qualification de transport aérien devait être retenue, peu important que le déplacement soit circulaire ou non ;Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mardi 19 octobre 1999
N° de pourvoi: 97-14759 "
Le transport aérien aura 100 ans le 1er janvier 2014
en droit, même si le droit aérien n'existait pas à l'époque il n' y a pas besoin que le contrat soit payant pour exister. que dire alors des vols avec passagers de Orville wright qui réalise des démonstrations sur le site de Fort Myer (Virginie), emportant un passager à plusieurs reprises. Un incident (rupture d'une hélice) va avoir une conséquence tragique : le 17 septembre 1908 son avion s'écrase, le passager, Thomas Etholen Selfridge, est tué et Orville est gravement blessé.
Le transport aérien aura 100 ans le 1er janvier 2014
Vous avez parfaitement raison concernant la gratuité du vol, mais il me semble que pour parler de transport, le décollage et l'atterrissage doivent être effectués dans des lieux différents, ce qui exclue donc les vols de démonstration sur un même site .
A confirmer bien sûr ...