IATA table désormais sur 4 milliards de dollars de profits pour l’industrie aérienne en 2011 contre 8,6 milliards de dollars, il y a trois mois. Cela ramène à une marge de 0,7% qui risque d’être insuffisante pour faire face à l’augmentation du prix du pétrole, à d’éventuels désastres naturels et à l’agitation politique.
L’Association du transport aérien international (IATA) a encore abaissé les prévisions de profits de l’industrie aérienne pour 2011 pour les établir à 4 milliards de dollars. Il s’agit d’une baisse de 54 % par rapport aux prévisions de 8,6 milliards de dollars établies en mars dernier, et une diminution de 78 % par rapport aux profits nets de 18 milliards de dollars enregistrés en 2010, sensiblement supérieurs aux 16 milliards de dollars. Sur des revenus anticipés de 598 milliards de dollars, un profit de 4 milliards de dollars correspond à une marge de profit de 0,7 %.
« Les désastres naturels au Japon, l’agitation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et l’augmentation rapide des prix du pétrole ont fait baisser les profits anticipés de l’industrie à 4 milliards de dollars. Pour réaliser des profits dans une année marquée par une telle combinaison sans précédent de crises, il aura fallu maintenir un très fragile équilibre. Les gains d’efficacité de la dernière décennie et le renforcement de l’environnement économique mondial compensent le prix élevé du pétrole. Mais avec une affligeante marge de profit de 0,7 %, il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre pour affronter les prochaines perturbations », déclare Giovanni Bisignani, directeur général et chef de la direction de l’IATA.
Le coût du carburant est la principale cause de la réduction de la rentabilité.
Les économistes prévoivent maintenant que le prix moyen du pétrole en 2011 sera de 110 $ le baril de Brent, une augmentation de 15 % par rapport à la prévision précédente de 96 $. Pour chaque dollar d’augmentation du prix annuel moyen du pétrole, les compagnies aériennes doivent assumer des coûts supplémentaires de 1,6 milliard de dollars. Comme IATA estime que la moitié du carburant requis par l’industrie fait l’objet d’opérations de couverture garantissant le prix de 2010, la facture de l’industrie pour 2011 devrait augmenter de 10 milliards de dollars pour s’établir à 176 milliards de dollars. Le carburant représente 30 % des coûts d’exploitation des compagnies aériennes, soit plus du double par rapport à 2001, alors que la proportion était de 13 %.
« Nous avons fait des gains d’efficacité énormes au cours de la dernière décennie. En 2001, il fallait que le prix du pétrole soit inférieur à 25 $ le baril pour atteindre la rentabilité. Aujourd’hui, nous envisageons un modeste profit avec un pétrole à 110 $ le baril », souligne G. Bisignani.
La montée subite du prix du pétrole est sensiblement différente de celle observée en 2008. D’abord, tandis que les inventaires de pétrole sont bas, l’OPEP et les raffineries ont une capacité résiduelle importante, ce qui n’était pas le cas il y a trois ans. Deuxièmement, l’expansion monétaire qui a suscité un bond des investissements financiers dans les matières premières tire à sa fin, ce qui éliminera l’importante pression à la hausse sur le prix du pétrole. Néanmoins, la fluctuation du prix du pétrole demeure l’un des principaux problèmes de l’industrie.
La croissance du PIB mondial favorise la demande de transport aérien
Malgré le prix élevé de l’énergie, le commerce mondial et les revenus des corporations ont poursuivi leur progression. Par conséquent, la prévision concernant le PIB mondial a augmenté de 0,1 % pour atteindre 3,2 %, ce qui contribue à une croissance prolongée de la demande dans le secteur aérien. Toutefois, les taux de croissance du fret et du secteur passagers ont été révisés à la baisse en raison de l’augmentation du prix du carburant. Dans le secteur passagers, on prévoit maintenant une augmentation de 4,4 % de la demande au cours de l’année, soit 1,2 % de moins que la prévision de 5,6 % établie en mars. De même, la demande dans le secteur du fret devrait augmenter de 5,5 %, et non de 6,1 % comme indiqué dans les prévisions précédentes.
Le nombre de voyageurs de tourisme, une clientèle sensible au prix, a diminué de 3 à 4 % au cours des cinq derniers mois. Cela est attribuable au prix du pétrole qui a entraîné une augmentation des coûts des voyages et aux nouvelles taxes aériennes en Europe. La demande de sièges premium, moins sensible au prix, a mieux résisté à la hausse des prix et elle continue d’être alimentée par l’augmentation du commerce mondial et des investissements des entreprises. La croissance du marché passagers premium a diminué par rapport au taux de 9 % enregistré en 2010, mais elle devrait s’aligner à la tendance historique, soit une croissance annuelle de 5 à 6 %.
La capacité offerte augmente plus vite que la demande
La capacité globale (secteurs passagers et fret combinés) devrait augmenter de 5,8 %, ce qui est supérieur au taux anticipé de croissance de la demande de 4,7 %. L’écart entre la croissance de la capacité et celle de la demande s’est élargi de 1,1 % par rapport au pourcentage de 0,3 qui figurait dans les prévisions précédentes. Étant donné les engagements pris concernant les horaires et les coûts fixes, les ajustements de capacité devraient continuer à tirer de l’arrière par rapport à la baisse de la demande, entraînant la diminution des coefficients d’occupation. En avril, les taux d’occupation se situaient autour de 77 %. C’est plus de 1 % de moins que le taux de 78,4 % enregistré en 2010 pour le trafic international. Le taux d’utilisation des aéronefs est également en baisse. La diminution de l’utilisation des actifs, qui se traduit par des coefficients d’occupation plus faibles et moins d’heures de vol par aéronef, représente le plus important facteur de diminution de la rentabilité des compagnies aériennes.
Les robustes conditions économiques ont permis aux transporteurs de compenser en partie les prix du carburant. Cela se traduit par des prévisions d’augmentation des rendements de 3 % pour le secteur passagers (plutôt que 1,5 %) et de 4 % pour le fret (plutôt que 1,9 % prévu précédemment). Le problème est que les coûts plus élevés des billets d’avion nuisent à la demande dans les marchés sensibles au prix et qu’on ne prévoit pas que les compagnies aériennes puissent compenser l’augmentation des coûts par des revenus plus élevés.
Un environnement économique et politique instable
La principal risque associé à ces prévisions est l’affaiblissement de la croissance économique mondiale. Le prix de l’énergie viendra certainement ralentir la croissance économique. Toutefois, l’impact sera limité par deux facteurs. D’abord, alors que les prix élevés du pétrole ont déclenché des récessions dans le passé, les économies d’aujourd’hui (qui génèrent une unité de PIB avec seulement la moitié de l’énergie utilisée au milieu des années 1970) sont moins sensibles. Deuxièmement, le secteur corporatif est riche en liquidités; la confiance du milieu des affaires est élevée; et le commerce mondial continue de croître à un taux d’environ 9 % par année.
Le Fonds monétaire international et d’autres instances ont relevé leurs prévisions de croissance, ce qui indiquerait une reprise de la croissance de la demande qui atteindrait son niveau historique de 5,6 % dans la seconde moitié de 2011. Les prévisions de l’IATA concernant une rentabilité prolongée, bien que plus faible, des compagnies aériennes malgré un prix du pétrole de 110 $ le baril, dépendent d’une économie forte générant suffisamment de revenus pour compenser en partie le coût plus élevé de l’énergie.
—-
– Les compagnies aériennes d’Asie-Pacifique favorisées
dramatique par rapport aux profits de 10 milliards de dollars réalisés dans la région en 2010. Les transporteurs de la région sont plus vulnérables que les autres aux fluctuations des marchés de fret et du prix du pétrole. Les compagnies aériennes d’Asie-Pacifique transportent 40 % de tout le fret aérien, mais les faibles coûts de main-d’œuvre et le niveau peu élevé de couverture font en sorte que le carburant représente une plus grande proportion des coûts totaux. De plus, le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon devraient compromettre les possibilités de la région pour le reste de l’année. Cependant, ce phénomène sera largement compensé par la robuste croissance des économies de la Chine et de l’Inde. Le dynamisme prolongé de ces économies fait en sorte que l’Asie-Pacifique est la seule région où la croissance de la demande (6,4 %) devrait surpasser la croissance de la capacité (5,9 %).
– Les compagnies nord-américains pénalisées par une flotte vieillissante
– Profits en baisse pour les compagnies aériennes européennes
– Perspectives contrastées pour le transport aérien au Moyen-Orient
– Les compagnies aériennes d’Amérique du Sud sur leur lancée
– Le transport aérien africain, seul déficitaire en 2011
7,4 % surpassera celle de la demande, soit 6,5 %.
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
View Comments
Le transport aérien revoit ses prévisions à la baisse pour 2011
Merci pour votre article intéressant , hélas pas très rassurant.