Ce 23 août 2001, quatre heures et demie environ après avoir décollé de Toronto, l’Airbus A330-243 d’Air Transat à destination de Lisbonne tombe en panne sèche. Pendant 19 minutes, l’avion de plus de 200 tonnes plane pour rejoindre les Açores. Au-delà d’un nouveau record, la maîtrise d’un équipage…
01h52 UTC : 47,9 tonnes de carburant à bord. Tout se déroulait comme d’habitude, dans la cabine de l’A330, un avion de deux ans d’âge d’Air Transat. Le vol TS 236 avait décollé de Toronto à 20 h 52, heure locale (01h52 UTC), le jeudi 23 août 2001 à destination de Lisbonne au Portugal. A bord, 13 membres d’équipage et 293 passagers. Le vol doit durer 7 heures 30.
05h45 UTC : 7 tonnes de carburant à bord. Environ 4 heures après être partis de Toronto, la cheffe de cabine rejoint l’équipage dans le cockpit de manière à faire un briefing sur la prise en charge de passagers avec des besoins spéciaux à l’arrivée. Une personne paraplégique en fauteuil roulant et un homme âgé sont à bord, qui vont avoir besoin d’aide pour débarquer à Lisbonne.
Lorsqu’elle entre dans le cockpit, le commandant de bord Robert Piché et le copilote Dirk de Jager, sont affairés de manière anormale, consultant l’ECAM (electronic centralized aircraft monitoring, le système d’affichage des données systèmes chez Airbus) et faisant des calculs sur un morceau de papier.
La cheffe de cabine apprend que l’avion est dérouté vers Lajes, dans les Açores. Le carburant restant à bord ne permet plus de rejoindre Lisbonne. Les 10 autres membres du personnel de cabine ont alors pour consigne de récupérer les plateaux repas et sécuriser les galleys.
Au départ, les pilotes suspectent un bug de l’ECAM. La température d’huile du moteur droit baisse alors que la pression augmente, des informations qui déroutent les pilotes. Puis l’ECAM affiche un déséquilibre carburant, avec moins de carburant dans le réservoir droit. Les pilotes suivent les procédures et actionnent le « cross feed » de manière à alimenter le moteur droit avec du carburant du réservoir gauche.
05h54 UTC : 4,8 tonnes de carburant, 12 tonnes en-dessous de la quantité prévue. Une hôtesse est chargée d’observer l’aile et le moteur droit à la recherche d’une fuite de carburant. En vain. Et le carburant continue à descendre de manière anormale dans le réservoir.
05h59 UTC : 1 tonnes de carburant à droite et 3,2 tonnes à gauche. L’avion vole au FL390 et doit encore parcourir 150 nm jusqu’à Lajes. Suspectant une fuite à droite, les pilotes choisissent d’alimenter les deux moteurs avec le réservoir droit de manière à utiliser le plus de carburant possible à droite avant que le réservoir ne se vide.
06h15 UTC : 600 kg de carburant à bord, arrêt du moteur droit. La cheffe de cabine sort la checklist qui lui permet de donner les instructions aux passagers en cas d’amerrissage forcé.
06h26 UTC : FL 345, 65 nm à parcourir, arrêt du moteur gauche. Les masques à oxygène tombent. L’éclairage de la cabine s’éteint, l’éclairage d’urgence s’allume. La boîte noire a cessé d’enregistrer les paramètres faute d’électricité. La RAM (Ram Air Turbine, sorte d’éolienne de secours) est déployée pour subvenir aux besoins d’électricité et d’hydraulique primordiaux. Silence à bord de l’avion.
06h45 UTC. L’A330 passe le seuil de piste de Lajes à 200 kts et se pose après avoir rebondi sur la piste. Les passagers applaudissent. Les pompiers éteignent le départ d’incendie sur les roues du train principal gauche. L’avion est évacué en 90 secondes, 14 passagers et 2 hôtesses sont blessés, sans gravité.
L’A330 d’Air Transat est devenu le nouveau détenteur du record de durée en vol plané pour un avion commercial, battant le Boieng 767 “Gimli Glider” d’Air Canada. L’avion avait volé 17 min sans moteurs avant de se poser.
Robert Piché continua à voler pour Air Transat jusqu’en 2017 lorsqu’il prit sa retraite. Après avoir réparé les dommages structurels du fuselage et du train d’atterrissage, l’avion immatriculé C-GITS a été exploité par Air Transat jusqu’en 2021.
L’enquête a révélé que le moteur avait subi des modifications début août 2001. Une nouvelle pompe hydraulique et un conduit de carburant ont été installés. Au cours du vol TS 236 du 23 août, une conduite de fuel du moteur droit a été perforée par les frottements d’une conduite hydraulique, dans un espace trop restreint, provoquant la fuite de carburant.
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[06h26 UTC : FL 345, 65 nm à parcourir]
Soit en gros une finesse de 10 !
Comme mon modeste ULM... ?!
iI y a un petit plus pour l'Airbus : sur l'écran de navigation apparait un arc de cercle qui matérialise l'aboutissement de la trajectoire.
Si l'arc de cercle est après Les Açores, quelques virages pour perdre de l'altitude oui utiliser les Speedbrakes jusqu'à faire coïncider l'arc de cercle et la piste. Un jeu d'enfant.
Si l'arc de cercle aboutit avant la piste ... lancer la procédure amerrissage !
Dans votre ULM tout ça est remplacé par l'habilité du pilote, son choix du prés où se poser, sa maitrise des méthodes de vol plané et de son sang froid.