Pour Thomas Juin, Président de l'UAF : « Les augmentations massives de la fiscalité du transport aérien décidées en 2025 vont pousser les compagnies low-cost à fuir les aéroports français. La surtaxation du transport aérien en France mène clairement à la décroissance…" © Gil Roy / Aerobuzz.fr
En 2024, le trafic passagers sur les aéroports français s’est situé à 4% en-dessous de celui de 2019. La remontée est laborieuse. La France se retrouve à la traine de l’Europe. L’Union des aéroports français dénonce une succession de mesures prises depuis la pandémie qui entrave la reprise. UAF&FA redoute un décrochage par rapport à l’Espagne, au Portugal ou encore à l’Italie.
En Europe, le trafic aérien se porte globalement bien. La France ne peut pas en dire autant. L’Union européenne aura finalement mis moins de cinq ans pour retrouver son niveau d’avant-COVID. La France vise maintenant 2026 pour revenir à son niveau d’avant crise et entamer sa convalescence.
Si en 2024, les aéroports français ont enregistré un trafic en augmentation de 3,6 % par rapport à 2023, avec un total de 205.756.079 passagers commerciaux, ils se situent encore à 4% en dessous de leur record de 2019. En revanche, le trafic aérien de l’UE s’est situé à 1,8 % au-dessus de son niveau de 2019. Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne.
Alors que la Grèce affiche une croissance de +22,1% par rapport à 2029 (+23,1% pour la Turquie), la Finlande (-24,9 %) et l’Allemagne (-16,1 %) demeurent en fort retrait. Avec -4% par rapport à 2019, la France se trouve rétrogradée dans la catégorie des pays à la traîne comme la Belgique (-2,0 %), ou encore le Danemark (+0,6 %). « Lestée par une fiscalité française sur le transport aérien particulièrement lourde, la France, en dépit de son poids économique et touristique, se positionne loin derrière l’Italie (+17,0 %), l’Espagne (+13,0 %), le Portugal (+17,0 %), le Royaume-Uni (-0,1 %) et l’Irlande (+8,7 %). », déplore L’Union des aéroports français (UAF&FA) qui fait l’inventaire des mesures prises par les gouvernements français successifs depuis la pandémie, notamment l’interdiction d’une partie des liaisons aériennes domestiques et la taxe sur les infrastructures de longue distance. Des exceptions françaises… Pour Thomas Juin, président de l’UAF&FA, « le coup de grâce » a été le triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA).
L’augmentations de la TSBA et celle du Tarif de Sûreté et de Sécurité (T2S) risquent d’accroître encore le retard de la France par rapport aux pays européens en croissance, estime l’UAF&AF. « En alourdissant le coût de touchée, elles poussent les compagnies aériennes low-cost à se détourner des aéroports français, et plus encore des petits aéroports régionaux particulièrement menacés, au grand profit des autres aéroports européens ». Face à répercussion inéluctable des taxes, les aéroports français redoutent d’être déprogrammés par les compagnies aériennes et en particulier par les low cost qui pèsent de tout leur poids sur le trafic aérien français.
En 2024, le trafic low-cost en France a représenté 44,1 % du trafic total. « Le secteur low-cost compte plus de 85 millions de passagers en 2024, dépassant largement son niveau de 2019 (+20,7 %), tandis que le trafic aérien traditionnel reste en retrait avec une baisse de 17,2 % par rapport à 2019. », souligne l’UAF&AF.
Le trafic low-cost représente désormais 62,3 % du trafic des grands aéroports régionaux, (catégorie comprenant l’aéroport de Paris-Beauvais depuis 2023). Pour les aéroports régionaux, cette part s’élève à 58,5 %. En conséquence, la proportion de trafic low-cost dans les quinze principaux aéroports en France métropolitaine a augmenté de 8,7 points de pourcentage entre 2019 et 2024 (43,5 % contre 34,8 %). En outre, le trafic low-cost est prédominant parmi les aéroports de proximité (57,1 %), rendant ces derniers particulièrement dépendants des compagnies low-cost. « Cette situation soulève des inquiétudes face aux augmentations prévues de la fiscalité aérienne, car les compagnies low-cost sont très sensibles aux coûts de touchée d’un aéroport et peuvent facilement adapter leurs routes ou leurs capacités et repositionner ainsi leurs avions sur d’autres aéroports européens, qui plus est dans un contexte de pénurie d’avion. »
Dans ce contexte, les aéroports français lourdement endettés ne s’attendent pas à retrouver leur niveau de 2019, cette année. Tout au mieux en 2026. Ils estiment que la TSBA fait peser une lourde incertitude sur la poursuite du redressement du trafic. Restera alors à se refaire une santé financière. Les aéroports français ont accumulé les dettes pendant la crise. Les retards pris par l’Etat pour rembourser les dépenses régaliennes ne font qu’aggraver leur situation et affaiblir leur trésorerie. Le président de l’Union des aéroports français affirme que « certaines petites plate-formes sont proches de la cessation de payement ».
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