Selon l’Association du transport aérien international (IATA), les compagnies aériennes s’attendent à perdre 84,3 milliards $ en 2020, pour une marge bénéficiaire nette de -20,1 %. Le chiffre d’affaires va chuter de 50 % pour s’établir à 419 milliards $, contre 838 milliards $ en 2019. « La reprise de l’industrie sera longue et difficile », prévient l’IATA.
Alors qu’aéroports et compagnies aériennes inondent la presse de communiqués pour annoncer la reprise des vols au compte-goutte. Pour donner envie aux passagers de voyager, il faut faire bonne figure et sauver les apparences. Mais les sourires de façade restent crispés. Il est bien évident que tous les professionnels du transport aérien mesurent l’ampleur de la catastrophe économique.
L’IATA fait ses calculs. Des recettes 2020 divisées par deux, un déficit de plus de 84 milliards de dollars et une marge bénéficiaire négative de -20,1%. Les comptes ne sont pas bons !
En 2020, si le redémarrage du transport aérien n’est pas entravé par une nouvelle vague de la pandémie, les compagnies auront transporté 2,2 milliards de passagers, soit plus de deux fois moins qu’en 2019 (-54,7% très précisément) ou encore, le même nombre qu’en 2006. Dans ce contexte, chaque passager coûte 37,54 $ !
Les revenus du secteur passagers devraient diminuer pour s’établir à 241 milliards $ (contre 612 milliards $ en 2019). Les coefficients d’occupation des sièges devraient s’établir à 62,7 % en moyenne en 2020, soit quelque 20 points de pourcentage de moins que le taux record de 82,5 % enregistré en 2019. Les dépenses totales de 517 milliards $ seront en baisse de 34,9 % par rapport à 2019, mais les revenus vont diminuer de 50 %. Les coûts unitaires non liés au carburant vont augmenter brusquement de 14,1 %, parce que les coûts fixes seront répartis sur un moins grand nombre de passagers. En 2019, le prix moyen du carburéacteur était de 77 $ par baril alors qu’on s’attend à une moyenne de 36,8 $ en 2020. Le carburant devrait représenter 15 % des coûts (contre 23,7 % en 2019). Mince satisfaction…
L’autre motif de satisfaction est la bonne tenue du fret aérien. Par rapport à 2019, le tonnage de marchandises transportées devrait diminuer de 10,3 millions de tonnes pour s’établir à 51 millions de tonnes. Toutefois, une sérieuse pénurie de capacité attribuable à l’absence de capacité de soute des aéronefs de passagers (cloués au sol) devrait faire augmenter les taux de quelque 30 % cette année. Les revenus du secteur du fret devraient atteindre un chiffre presque record de 110,8 milliards $ en 2020 (en hausse par rapport aux 102,4 milliards $ de 2019).
Malgré l’instabilité de la situation économique et sanitaire mondiale, l’IATA se risque à des prévisions pour 2021. « L’industrie devrait réduire substantiellement ses pertes à 15,8 milliards $, pour une marge bénéficiaire nette de -2,6 %. Les compagnies aériennes seront en mode « rétablissement », mais les activités demeureront bien au-dessous des niveaux d’avant la crise (2019) quant à plusieurs indices de performance »
Les mesures sanitaires telles que la distanciation physique durant l’embarquement et le débarquement, le nettoyage plus en profondeur et l’augmentation des vérifications en cabine vont faire en sorte que les activités prendront plus de temps et que l’utilisation des aéronefs sera réduite. « La profondeur et la durée de la récession qui s’annonce vont avoir des incidences importantes sur la confiance des entreprises et des consommateurs. La demande refoulée devrait entraîner une reprise initiale du nombre de voyages, mais pour soutenir cette reprise, il faudra des mesures d’incitation et cela pèsera sur les profits. », affirme l’IATA.
Gil Roy
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Moins de voyageurs bien sûr. Une crainte bien ancrée : la peur de ne pas pouvoir rentrer chez-soi en raison d'une fermeture brutale des frontières. Combien de Français sont encore bloqués en dehors de France à la date du 16 juin ? De jour en jour les annulations se succèdent aux réservations. Un véritable casse-tête.