Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?

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• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  Arrivée de nuit 23h à Marseille.

  Passant le FL 190, j'entends du personnel faisant des travaux au sol sur la fréquence approche, je m'en étonne auprès de la contrôleuse.

  Réponse: regroupement de fréquence
  je ne connais pas ce terme, je demande à préciser: est ce une "clairance contrôleur" et là basculement dans la quatrième dimension.

  Dixit: j'ai largement le niveau pour gérer trois fréquences, je suis chef d'équipe, de toute façon il n'y que nous sur la fréquence (une minute plus trad nous passons à 4...), mes 5 collègues sont là avec moi, etc, etc
  Le seul mot de "clairance" sur la fréquence a déclenché l'ire de cette contrôleuse.

  Fly Safe.

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  J'ai trente ans de carrière dans un grand centre de contrôle, je n'ai jamais fait grêve, ne serait-ce qu'une seule journée, et je n'ai jamais été syndiqué. J'ai été très souvent en désaccord profond avec les syndicats et avec beaucoup de leurs revendications. Ce que je puis dire cependant, c'est qu'après avoir malgré moi assisté à de nombreuses situations de grève, j'ai toujours, je dis bien toujours, constaté que ces jours là les vols EVASAN étaient traités avec autant, si ce n'est plus, de priorité que d'habitude. Et certainement plus, parce que les contrôleurs ayant bien conscience que leur grève était impopulaire mettaient un point d'honneur à, surtout, assurer avant tout le bon déroulement de ces vols.
  Il est certain que dans cette affaire il y a eu un énorme malentendu, ou un très malheureux concours de circonstances, appelez ça comme vous voudrez.
  J'espère que la polémique sera close.

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  Et beh… c’est la fête !

  1/ Sur la question de la greffe qui n’a pas pu avoir lieu, il est très vraisemblable qu’une enquête sera conduite afin de déterminer ce qui s’est réellement produit. C’est peut-être un peu dommage de lancer une polémique sans avoir les résultats de la dite enquête mais dans Aérobuzz, il y a buzz, donc ce n’est pas tellement étonnant.

  2/ Concernant le droit de grève : celui des contrôleurs aériens est encadré depuis 1984 par une loi spécifique (84-1286 pour les curieux) ainsi que par un décret d’application (85-1332 pour les mêmes curieux). Que disent ces textes ? En cas de grève dans les services de la navigation aérienne, les vols intéressant la continuité gouvernementale, la défense nationale, la préservation des intérêts et besoins vitaux du pays, les missions de protection des biens et des personnes, les vols de continuité territoriale (Corse, TOM) doivent être assurés en toutes circonstances.
  Donc, à priori, dès lors qu’un vol est EVASAN, il passe. Sous réserve quand même que la mention qui va bien soit effectivement mentionnée sur le FPL (seul moyen pour que le contrôleur soit in fine informé/requis).

  3/ @Trozorible Concernant le PPL payé durant la formation initiale : c’est une information exacte pour ce qui concerne les contrôleurs issus des concours externe et interne. C’est nettement moins vrai pour les lauréats de la sélection et de l’examen professionnels. Il s’agit d’une mesure permettant aux futurs contrôleurs de se rendre compte (à l’échelle du pilotage d’un avion privé) des difficultés liées à la conduite d’une machine. En ce qui me concerne, ça fait sens, mais il est vrai que cette mesure a un coût. Pour les IR et MEP, vous êtes manifestement mal informé : seuls les pilotes des corps techniques peuvent se voir offrir ce type de formation par l’administration : il s’agit de quelques IEEAC ou ingénieurs des ponts, de plus en plus rares. Du fait de leurs statuts, les contrôleurs ne peuvent pas être pilotes des corps techniques.
  Concernant les stages aux OPS et les vols techniques : vous avez raison, je trouve que c’est une excellente idée. D’ailleurs, pour les OPS, ça se fait quasi systématiquement dans le cadre de la formation initiale depuis … la réforme de la formation au début des années 90. Pour les vols cockpits, l’organisation est plus complexe et ce n’est pas toujours possible. Notez que les équipages ne sont pas toujours très enthousiastes à l’idée de nous accueillir en poste soit parce que les conditions ne s’y prêtent pas, soit parce que ça ne leur est pas permis soit juste parce qu’ils n’ont pas envie. Mes stats personnelles sur le sujet au cours des huit derniers mois : sur quatorze vols (payés à mes frais, je le précise pour ICARE 31) nationaux sur diverses compagnies et autant de demandes… j’ai essuyé quatorze refus. Si la prise en compte des contraintes qui existent « de l’autre côté du micro » est importante pour la sécurité, un pur parallélisme des formes commanderait aussi que la formation des pilotes comprenne des stages dans les services de la navigation aérienne, non ?

  4/ @Laurent. Quelques réponses à vos interrogations :
  Statut : fonctionnaires de la fonction publique d’Etat. Les contrôleurs appartiennent soit au corps des ICNA soit à celui des TSEEAC. Il n’y a rien de secret ni sur leurs carrières ni sur leur rémunération ni sur leur temps de travail. Tout est public et publié sous forme de décrets et arrêtés au Journal Officiel (site légifrance, toujours pour les mêmes curieux, il suffit de s’en donner la peine). Le service du contrôle est donc un service public.
  Qui nous paye ? C’est une spécificité dans la fonction publique d’Etat, les services de la navigation aérienne ne sont pas financés par le budget général de l’Etat (le contribuable) mais par des redevances spécifiques acquittées par les usagers. Les deux principales redevances sont la redevance de route et la redevance de services terminaux, payées par les compagnies aériennes, donc par les passagers et le fret.
  Ce budget annexe permet aussi par exemple de financer le service du contrôle rendu au bénéfice des VFR (qui ne payent pas de redevances de navigation aérienne) , tout comme une partie des formations EPL ou ingénieur offertes gratuitement par l’ENAC à ses étudiants.
  Je vous donne deux liens vers le site de la Cour des Comptes :
  Le premier rapport de 2010 a été à l’époque largement médiatisé, avec souvent beaucoup d’approximations et de raccourcis. http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/2_gestion-du-personnel-de-la-navigation-aerienne.pdf
  Le second rapport, qui date de 2011 a lui été nettement moins médiatisé. Et pour cause, la Cour y constate essentiellement que les dysfonctionnements observés un an plus tôt ont été pour la plupart corrigés.
  [http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/G_personnel_controle_navigation_aerienne.pdf
  ->http://www.ccomptes.fr/fr/CC/documents/RPA/G_personnel_controle_navigation_aerienne.pdf%5D
  5/ @ICARE 31. Je vous invite à la lecture des publications du Performance Review Commission d’Eurocontrol. Cette instance publie chaque année un comparatif des performances de chacun des prestataires de services de la navigation aérienne européen.
  Je cite quelques extraits (forcément choisis avec subjectivité) du rapport provisoire 2011 : “The vast majority of ACCs continued to provide a good performance, and significant improvements were observed at some of the most constraining ACCs in 2010 (i.e.Vienna, Zurich, and French ACCs).” (page 8)
  Le rapport est ici : http://www.eurocontrol.int/sites/default/files/content/documents/single-sky/pru/publications/prr/prr-2011-draft.pdf
  Vous y apprendrez que la navigation aérienne française se distingue en Europe pour ses coûts unitaires plus bas que ses voisins proches : 67€ pour la France, 93€ pour la Suisse (comme quoi, la privatisation), 75€ pour l’Espagne, 73€ pour le Royaume Uni (privatisé lui aussi), 70€ pour l’Italie. Même les Allemands font moins bien que nous avec 69€. Comme ce coût est finalement assez révélateur de la performance globale du système, je vous laisse conclure.
  Vous mentionnez par ailleurs des incidents mais ne citez aucune date, aucun exemple, aucun fait… dommage

  6/ Beaucoup de méconnaissance, énormément de clichés qui tendent donc à élever le débat au niveau … du caniveau. Il faut dire que les média généralistes, à force de généralisations, n’aident pas à l’élever, ce débat. Et le petit billet ci-dessus tend à me faire dire que ce n’est finalement guère mieux du côté de la presse spécialisée.

  7/ Malgré tout ça, j’irai au boulot demain avec le sourire, parce que j’adore mon job. C’est un boulot d’action, qui ne tolère pas l’approximation et que je fais par passion et non pas pour ce qu’il est payé ou pour un statut. Je ferai de mon mieux pour assurer la sécurité et optimiser l’écoulement du trafic, avec calme, politesse et bonne humeur. Et c’est dommage que mon sourire ne puisse pas passer à travers le micro.

  • @ Mike Kilo
    Merci d'avoir pris le temps de rédiger cette réponse détaillée et argumentée.

    Mine de rien, Aerobuzz, malgré ses défauts, permet à chacun de faire valoir son point de vue, dès lors qu'il contribue au débat. Sachez (et cette remarque ne s'adresse pas seulement à Mike Kilo) que nous "trions" les commentaires et que nous ne mettons pas en mis en ligne les plus vindicatifs, voire injurieux. Nous publions uniquement les commentaires signés. Gil Roy

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  Les contrôleurs ne font pas grève pour ce qu'ils n'ont pas actuellement mais pour le nombre de postes qui vont fermer dû aux approches qui seront supprimés dans un avenir proches.
  Oui les contrôleurs ont un bons salaire, de beaux avantages, mais si vous les enviez tant pour ces avantages, pourquoi ne pas faire contrôleur ?

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  @rouletabille:
  Lors d'un vol VMU (vol médical d'urgence) ou EVASAN , une mention est ajoutée au plan de vol dans la case RMK sous le format suivant "STS/HOSPITAL FLIGHT" ce qui informe les organismes qui traitent le plan de vol du caractère "transport médical" du vol concerné.

  De plus, dans ma précédente compagnie un fax est normalement envoyé à un bureau de piste précisant l'immatriculation, le type d'appareil, le trajet avec les heures de départ/arrivée de l'ensemble de la mission.

  Les missions VMU sont particulières. Les compagnies qui les effectuent sont "titulaires" sur leur secteur car elles répondent à un cahier des charge précis dans ce cadre de mission relatives à un contrat multi régions sur appel d'offre. On n'effectue pas ce type de mission comme ca.
  Les centres de coordination "organe" des hôpitaux ont une liste de transporteurs "titulaires" à contacter en priorité.

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  AF pense a supprimer les facilites de transport de la dgac compte tenu des prejudices subis ... la cie est au bord du gouffre et ils en rajoute ..

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  Je suis impressionné " ils", "anti-aéronautique", "ces gens"... autant de mépris sur un site aéronautique , .Après avoir lu ce qui précède on pourrait réhabiliter les buchers: Il est plus qu'évident , que "ces gens" se transforment les jours de grève pour nuire à l'humanité et refusent les Evasans du haut de leur tour maudite.
  Plus sérieusement si le plan de vol est rempli correctement que les réquisitions sont prises les vols sanitaires ne sont pas impactés par les gréves et se posent en général même plus rapidement car il y a moins d'avions dans l'espace aérien. Les centres en routes et les grands aéroports sont astreints à un service minimum, pas les petits terrains qui dans ce cas font l'objet de réquisitions seulement si travail en amont a été fait, ce n'est pas le boulot du contrôleur mais qui veut tuer son chien l'accuse de la rage.

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  un malheureux loupé, qui n'est pas du aux contrôleurs .. on a oublié de dire à celui qui aurait pu/du ouvrir la TWR pour ce vol bien évidemment prioritaire qu'il fallait le faire ....

• Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
  Les contrôleurs aériens sont comme tout un chacun. Dès que l'on a une parcelle de pouvoir , on est tenté de l'utiliser à son profit. Les fonctionnaires, fonctionnaires payés par l'impôt, ou les taxes , ce qui est la même chose, ne devraient pas avoir le droit de grève. Mais le plus grave, c'est qu'ils ne sont pas formés pour faire la part des choses entre le pouvoir et ses conséquences lorsqu'il est mal utilisé. De plus vu leur rémunération scandaleuse et leurs horaires de travail non moins scandaleux (voir les études de l'institut "IFRAP" qui pointe l'efficacité des organismes publics) Ils pourraient avoir la décence de la fermer.
  Qu'ils songent à la réaction de Ronald Reagan: tous virés.
  Un contrôleur aérien est au service des pilotes. C'est ce qui justifie leur job. Confortablement assis dans leurs fauteuils. Les pilotes , eux , lorsqu'ils ont un problème, n'ont que peu de secondes pour agir. Et je parle d'expérience...

  • Les contrôleurs aériens ont-ils du cœur ?
    "ne devraient pas avoir le droit de grève..."

    Pourquoi certains auraient le droit de faire et pas d'autres ? Parce que Monsieur en décide ainsi ? Mais tu te prends pour qui pour dire ça ? Pfff...

    "Les pilotes , eux , lorsqu’ils ont un problème, n’ont que peu de secondes pour agir. Et je parle d’expérience..."

    Et alors ??? WTF ??? C'est justement ça qui est intéressant ! Fallait pas faire pilote alors, éboueur c'est pas stressant je te conseille ;)

    Et donc du coup tu te sens supérieur à un controleur parce que tu n'as que "peu de secondes pour agir " ? Pfff...

• Petite précision
  Il me semble que c'est Atlantique Air Assistance basé à Nantes.
  Et que le plan de vol ne précisait pas qu'il s'agissait d'une évasan.