Ryanair et l’association britannique des pilotes de ligne (British Airline Pilots’ Association, BALPA) ont signé un accord historique le 30 janvier 2018. La compagnie low-cost irlandaise reconnaît un syndicat, officiellement, pour la première fois depuis sa création en 1984. D’autres accords de ce type devraient suivre en Europe.C’est une grande victoire pour les pilotes de Ryanair où, jusqu’à présent, les syndicats n’avaient pas droit de cité. Menacée par le premier mouvement social de son histoire avant les fêtes de fin d’année, la low cost irlandaise a voulu calmer le jeu en annonçant le 15 décembre 2017 son intention d’entamer des discussions dans l’objectif de reconnaître les syndicats de pilotes.
Une première pour la compagnie de Michael O’Leary, en plus de trente ans d’existence.
La direction de Ryanair a ainsi envoyé des lettres aux syndicats présents en Irlande, en Grande-Bretagne, en Allemagne, Italie, Espagne et Portugal. Justement là où les pilotes commençaient à appeler à des mouvements de grèves.
Après l’annulation de 20.000 vols entre septembre 2017 et mars 2018, et la pénurie de pilotes qui s’est faite sentir de manière aigüe en 2017, les pilotes de Ryanair se sont retrouvés en position de force pour réclamer de meilleures conditions de travail, ainsi qu’une rémunération revue à la hausse.
Le 30 janvier 2018, c’est un réel tournant qui s’est opéré dans la politique sociale de la compagnie low-cost. Elle a reconnu de manière officielle le syndicat britannique BALPA comme représentant unique des 600 pilotes qui travaillent sur les 9 bases de Grande-Bretagne.
Brian Strutton, secrétaire général de la BALPA, qui s’est déclaré « au départ sceptique quant à la sincérité de Ryanair, » s’est exprimé dans un communiqué de presse dans lequel il a souligné que « les discussions ont été difficiles et ont impliqué des compromis de la part des deux parties en présence. »
Ryanair a exigé qu’un « Comité Ryanair » soit créé au sein du syndicat pour discuter des problèmes touchant la compagnie. La direction a également précisé qu’elle discutera, le cas échéant, uniquement avec des pilotes Ryanair et non avec des pilotes issus d’autres compagnies basées en Irlande ou ailleurs.
L’exigence de discussions unilatérales n’a toutefois pas été du goût de l’European Cockpit Association (ECA), qui reprochait déjà à Rynanair de ne discuter que de manière unilatérale avec ses différentes bases. Suite à l’annonce de la compagnie low-cost d’ouvrir des discussions avec les syndicats, l’ECA a logiquement demandé à Ryanair, mais en vain, une réunion collective avec les syndicats européens.
L’ECA a également exprimé le souhait que les discussions ne soient pas menées qu’avec les pilotes directement embauchés par la compagnie, mais également avec les pilotes sous d’autres contrats travaillant pour Ryanair.
De son côté, la communication de Ryanair a également publié un communiqué de presse dans lequel la direction se félicite de l’entente conclue avec la BALPA et souligne que, alors que les discussions se poursuivaient avec l’association, les pilotes de 6 bases en Grande-Bretagne ont accepté la proposition d’augmentation de leur salaire de 20%.
Le jour même, la BALPA a organisé une élection pour désigner cinq de ses membres travaillant chez Ryanair pour mener les discussions avec leur compagnie employeur, dans le cadre d’un « Ryanair Company Council. » La BALPA a également précisé qu’elle mettait en place, en marge de ce groupe de travail baptisé « Conseil pour la compagnie Ryanair, » un autre groupe ayant un rôle de accompagnement et de conseil, composé de pilotes employés par Ryanair de manière indirecte.
La BALPA invite maintenant Ryanair a signer de nouveaux accords avec les associations de pilotes dans d’autres pays européens mais aussi avec les associations de personnels navigants commerciaux.
Les autres pays ayant brandi la menace des grèves devraient signer eux aussi des accords dans les mois à venir. Farouchement opposé aux syndicats au sein de sa compagnie, Michael O’Leary à travers la voix de son DRH Eddie Wilson, regrette maintenant que les négociations avec les autres pays européens où la compagnie possède des bases trainent en longueur.
Le DRH de Ryanair appelle ainsi les syndicats « à arrêter de perdre du temps et de se mettre rapidement d’accord sur la hausse de 20% du salaire des pilotes en février 2018 et de signer un agrément de reconnaissance mutuelle. »
En France, la compagnie irlandaise a annoncé son souhait d’ouvrir des bases entre l’hiver 2018 et l’été 2019. Elle serait actuellement en négociations avec les aéroports régionaux concernés et le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL).
Fabrice Morlon
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Il est intéressant d'apprendre que dans l'Union Européenne, avant garde bien connue des droits de l'homme dans le Monde et donneuse de leçons universelle, une entreprise emblématique a pu récuser l'un de ces droits (le droit de se syndiquer, arraché de haute lutte par les salariés au XIXéme siècle) sans que cela n'émeuve grand monde (par contre quand il fallait pourfendre la Pologne communiste qui réprimait Solidarnosz, cela se bousculait au portillon des bonnes consciences occidentales!).
Evidemment la loi du plus fort reste de mise et si les pilotes ont enfin fait reconnaître leurs droits, il n'en est pas de même des autres navigants et des rampants qui continueront à se faire exploiter sans vergogne dans l'indifférence générale (sans doute une autre illustration du "en même temps" actuellement à la mode!).
Où quand le loup se déguise en agneau.