Nos principes et hypothèses sont mis à l’épreuve de la réalité quotidienne, il est donc souhaitable de les réévaluer sur la base du retour d’expérience. Cependant, ce processus vertueux peut se heurter à un certain scepticisme, voire à un franc déni de ce que le retour d’expérience nous révèle et nous enseigne ; essayons de comprendre …
Dans les articles précédents, nous avons abordé les notions de :
Nous avons vu comment ces principes et hypothèses sont mis à l’épreuve de la réalité quotidienne, le monde réel (entendu ici comme l’environnent opérationnel et le comportement humain) n’étant pas toujours ce que nous pensons ou voudrions qu’il soit.
Il est donc souhaitable dans notre effort d’amélioration continue de la sécurité des vols de « défier » (au sens du mot Anglais « challenge ») nos principes et hypothèses, à la lumière du retour d’expérience, afin d’en réévaluer la robustesse et fiabilité.
Cependant, ce processus vertueux peut se heurter à un certain scepticisme, voire à un franc déni de ce que le retour d’expérience nous révèle et nous enseigne ; en effet, la nature humaine est ainsi faite qu’elle refuse parfois l’évidence, même la mieux étayée. On retrouve ce rejet de l’évidence dans le concept de « plan continuation » (persistance dans un projet) qui nous incite à poursuivre un vol ou une approche alors que nous les signes indicateurs nous suggèrent qu’il faudrait mieux renoncer (se dérouter, remettre les gaz).
Ce déni est contre-productif ; il illustre bien la difficulté à faire « bouger les lignes« .
En effet, comment faire accepter un changement lorsqu’on ne peut convaincre du bien fondé de cette évolution ?
En matière de retour d’expérience, la réglementation nous impose de justifier ce que nous faisons … mais aussi le fait de ne rien faire … et pourquoi.
De la même façon, si le coût d’un changement peut être facilement évalué, il est plus difficile d’évaluer « le coût potentiel de ne rien faire » …, c’est là tout l’art de la gestion des risques.
Voici quelques exemples (certains vous paraîtrons presque caricaturaux … mais tous sont pourtant bien réels), recueillis au cours d’une étude sur les incidents / accidents en approche et à l’atterrissage ; chaque alinéa peut être lu en commençant par « Je ne peux pas croire
que … » :
Bien sûr, de nombreux incidents et accidents nous démontrent que les problématiques ci-dessus existent bel et bien, et sont potentiellement accidentogène.
La notion Anglaise de « basic airmanship » (une expression riche de sens mais quasiment intraduisible) est souvent présentée comme la réponse / parade universelle à toutes ces observations ; certes, elle constitue les fondations du statut de pilote … mais, seule, elle ne peut tout résoudre.
Changeons donc notre façon d’écouter ce que nous dit le retour d’expérience (REx) et n’hésitons pas à garder une part raisonnable de doute vis-à-vis de nos croyances (de leur robustesse et de leur universalité), même celles que nous pensons les plus solidement ancrées.
Cet article termine la première série d’articles consacrés aux modèles et principes de sécurité et aux facteurs opérationnels et humains ; dans le prochain article (le 24 novembre 2016) nous commencerons à aborder de façon plus technique (mais également plus ludique) l’interface-homme-machine (HMI) et les automatismes.
Michel Trémaud
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NB, Pour reprendre la question posee sous la photo:
Comment faire accepter un changement lorsqu'on ne peut convaincre du bien fondé de cette évolution ?
Lorsque que l evolution est uniquement motivee par le caractere economique, je doute que cela aille tout le temps dans le sens de la securite et du progres operationel. eh eh
a mediter..
Je ne pense pas que le Deni sur le retour d experience , soit un probleme propre aux gens qui sont sur le terrain, puisque c est justement eux qui essayent de faire remonter ces infos vitales, mais en vain bien souvent.
Quand on est dans l action pratique et operationelle, et que l on a bonne conscience, la remise en question est une chose courante, naturelle et inevitable, voire obligatoire.
Le retour d experience n est pas une chose nouvelle entre les personnels navigants.
Je ne pense pas que ce soit vraiment le cas des gens qui ont pleine authorite sur les personnels operationels depuis leurs postes politico/administratifs tout puissants.
Donc il faut se poser les vraies questions, au bon endroit, avec les bonnes personnes..
En arretant de brasser du vent pour gonfler des helices en papier ou d ouvrir des parapluie pour eviter les eclaboussures en permanence.
Eh eh