Pierre-Henri Gourgeon, forcé à quitter son poste de directeur général d’Air France. Alexandre de Juniac devient le PDG de la compagnie. Ce remaniement a été orchestré par Jean-Cyril Spinetta, président du conseil d’administration du groupe Air France KLM, qui reprend du service opérationnel.
Ce débarquement inattendu serait en fait la conséquence d’une lutte de pouvoir entre Jean-Cyril Spinetta, président du conseil d’administration d’Air France, et Pierre-Henri Gourgeon. Pourtant, ces deux hommes ont formé une équipe efficace pendant plus de dix ans. Quand Jean-Cyril Spinetta a redressé Air France, Gourgeon était, en effet, son bras droit. Quand il a quitté ses fonctions à la tête de la compagnie, Spinetta l’a nommé à sa place. Mais il semblerait aujourd’hui que le président du conseil d’administration n’aie pas apprécié que son ancien disciple se choisisse un autre successeur que celui qu’il avait décidé pour lui. Gourgeon poussait Alexandre de Junica, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde (alors ministre des Finances), quand Spinetta soutenait Lionel Guerin, président d’Airlinair, de Transavia France et de la Fédération nationale de l’aviation marchande. En juillet dernier, au moment du renouvellement de son mandat, Gourgeon a réussi à imposer son poulain. Spinetta ne le lui aurait pas pardonné.
Face aux compagnies low cost qui viennent chasser sur ses terres, Air France a d’abord adopté une stratégie défensive qui s’est révélée désastreuse. Elle a voulu déplacer la guerre économique sur le terrain juridique. Mais elle avait sous-estimé la capacité à rebondir de ses nouvelles concurrentes. Ses modestes victoires à la barre des tribunaux qui n’ont pas empêché Ryanair et easyJet de prospérer en France ont surtout eu pour conséquence de pénaliser, pendant des années, les aéroports français. La création de Transavia France destinée à bouter hors de France les low cost a pour conséquence de plomber les comptes d’Air France et d’affaiblir les compagnies charters françaises. Quant aux dommages collatéraux des bases provinces, les premières à en souffrir sont les filiales régionales qui perdent des lignes au passage. Le hub euro-régional de Lyon-Saint Exupéry, présenté pendant des années comme un pilier de la stratégie d’Air France, est également affaibli par cette nouvelle politique. La menace de grève des hôtesses et stewards qui pèse sur la première base province de Marseille, pour les vacances de Toussaint, rappelle également que tout n’est pas réglé sur le plan social. Le pari est loin d’être gagné.
Le débarquement de Pierre-Jean Gourgeon, trois mois seulement après la reconduction de son mandat de quatre ans, apparaît comme une reprise en main d’une entreprise qui ne savait plus où elle allait. Jean-Cyril Spinetta, le sauveur d’Air France, joue les pompiers volants. Reste que ce nouvel épisode de la vie tumultueuse d’Air France confirme que la France est décidément un pays curieux dans lequel, le pouvoir politique peut placer ses hommes à la tête d’une entreprise privée dont il ne dispose plus que de 15,7%. Et dans le contexte concurrentiel actuel, énarques et autres haut-fonctionnaires ne sont pas forcément les plus clairvoyants lorsqu’il s’agit de stratégie d’entreprise de transport aérien… Toute la question maintenant est de savoir combien de temps encore, les hollandais de KLM vont supporter un tel partenaire !
Gil Roy
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