Le rapport d’étape n° 3 rendu public par le Bureau d’enquête et d’analyses, le 29 juillet 2011, en milieu de journée, a pu être établi grâce à la lecture complète des enregistreurs de bord, récupérés début mai 2011 après plusieurs campagnes de recherches sous-marines.
Jusqu’alors, les informations disponibles ne permettaient pas d’obtenir une pleine compréhension des circonstances de l’accident. Malgré tout, sur la base de ces informations, plusieurs recommandations de sécurité avaient déjà pu être émises par le BEA : elles figurent dans le rapport d’étape n° 2. Au cours des dernières semaines, l’analyse des données extraites de l’enregistreur de paramètres et de l’enregistreur phonique a apporté une contribution décisive à l’enquête. Elle permet de connaître les circonstances exactes de l’accident, de disposer d’éléments d’analyse sur le déroulement du vol, d’établir de nouveaux éléments factuels et d’émettre de nouvelles recommandations de sécurité qui figurent dans ce rapport.
L’enquête se poursuit afin d’approfondir l’analyse pour déterminer les causes de l’accident qui figureront dans le rapport final du BEA.
Le vol a été décomposé en trois phases :
Phase 1 : du début de l’enregistrement du CVR à la déconnexion du pilote automatique
Au début du CVR, peu après minuit, l’avion est en croisière au niveau de vol 350. Le pilote automatique 2 et l’auto-poussée
sont engagés. Le vol est calme. L’équipage est en contact VHF avec le centre de contrôle de Recife.
L’équipage évoque la température élevée (standard plus onze) et constate que les conditions météorologiques n’ont pas posé de problème.
Le commandant de bord propose au copilote de prendre un peu de repos du fait de la longueur de sa vacation. Ce dernier répond qu’il n’a pas envie de dormir.
A 1 h 34 min 38, l’équipage informe le contrôleur d’ATLANTICO qu’il a passé le point INTOL puis il annonce les estimées suivantes : SALPU à 1 h 48 puis ORARO à 2 h 00. Il transmet également son code SELCAL et un essai est effectué, avec succès.
A 1 h 35 min 08, le contrôleur lui demande de maintenir le FL350 et de lui donner son estimée du point TASIL.
Entre 1 h 35 mn 53 et 1 h 36 mn 14, le contrôleur redemande par trois fois l’estimée TASIL sans réponse de l’équipage. Il n’y aura plus de contact entre l’équipage et les organismes de contrôle.
A 1 h 55 min 57, le commandant de bord réveille le second copilote et annonce « […] il va prendre ma place ».
Entre 1 h 59 min 32 et 2 h 01 min 46, le commandant de bord assiste au briefing entre les deux copilotes, au cours duquel le PF dit notamment que « le petit peu de turbulence que tu viens de voir […] on devrait trouver le même devant […] on est dans la couche malheureusement on ne peut pas trop monter pour l’instant parce que la température diminue moins vite que prévu » et que « le logon a échoué avec Dakar ». Puis le commandant de bord quitte le poste de pilotage.
Faits établis :
-*Le départ du commandant de bord s’est fait sans consignes opérationnelles claires
-*La composition de l’équipage était conforme aux procédures de l’exploitant
-*Il n’y a pas eu de répartition explicite des tâches entre les deux copilotes
L’avion approche du point ORARO. Il vole au niveau de vol 350 et à Mach 0,82 ; l’assiette longitudinale est d’environ 2,5 degrés. La masse et le centrage de l’avion sont d’environ 205 tonnes et 29 %. Le pilote automatique 2 et l’auto-poussée sont engagés.
La masse et le centrage de l’avion se trouvaient à l’intérieur des limites opérationnelles
A 2 h 06 min 04, le PF appelle les PNC en leur disant que « dans deux minutes là on devrait attaquer une zone où ça devrait bouger un peu plus que maintenant il faudrait vous méfier là » et il rajoute « je te rappelle dès qu’on est sorti de là ».
A 2 h 08 min 07, le PNF propose « tu peux éventuellement prendre un peu à gauche […] ». L’avion entame un léger virage à gauche ; la déviation par rapport à la route initialement suivie est d’environ 12 degrés. Le niveau de turbulences augmente légèrement et ils décident de réduire le Mach vers 0,8.
Phase 2 : de la déconnexion du pilote automatique au déclenchement de l’alarme de décrochage
A 2 h 10 min 05, le pilote automatique et l’auto-poussée se désengagent et le PF annonce « j’ai les commandes ». L’avion part en roulis à droite et le PF exerce une action à gauche et à cabrer. L’alarme de décrochage se déclenche deux fois de suite. Les paramètres enregistrés montrent une chute brutale d’environ 275 kt vers 60 kt de la vitesse affichée du côté gauche, puis quelques instants plus tard de la vitesse affichée sur l’instrument de secours (ISIS).
A 2 h 10 min 16, le PNF dit « on a perdu les vitesses alors » puis « alternate law protections law ». L’assiette de l’avion augmente progressivement au-delà de 10 degrés et il prend une trajectoire ascendante.
Le PF exerce des actions à piquer et alternativement de droite à gauche. La vitesse de montée, qui avait atteint 7 000 ft/min, diminue jusqu’à 700 ft/min et le roulis varie entre 12 degrés à droite et 10 degrés à gauche. La vitesse affichée du côté gauche augmente brutalement vers 215 kt (Mach 0,68).
L’avion se trouve alors à une altitude d’environ 37 500 ft et l’incidence enregistrée se trouve autour de 4 degrés. A partir de 2 h 10 min 50, le PNF tente plusieurs fois de rappeler le commandant de bord.
Phase 3 : du déclenchement de l’alarme de décrochage à la fin du vol
A 2 h 10 min 51, l’alarme de décrochage se déclenche à nouveau. Les manettes de commande de poussée sont placées sur le cran TO/GA et le PF maintient son ordre à cabrer. L’incidence enregistrée, de l’ordre de 6 degrés au déclenchement de l’alarme de décrochage, continue à augmenter. Le plan horizontal réglable (PHR) débute un mouvement et passe de 3 à 13 degrés à cabrer en 1 minute environ ; il restera dans cette position jusqu’à la fin du vol.
Une quinzaine de secondes plus tard, la vitesse affichée sur l’ISIS augmente brutalement vers 185 kt.
Elle est alors cohérente avec l’autre vitesse enregistrée. Le PF continue de donner des ordres à cabrer. L’altitude de l’avion atteint son maximum d’environ 38 000 ft, son assiette et son incidence sont de 16 degrés.
A 2 h 11 min 42, le commandant de bord rentre dans le poste de pilotage. Dans les secondes qui suivent, toutes les vitesses enregistrées deviennent invalides et l’alarme de décrochage s’arrête.
L’altitude est alors d’environ 35 000 ft, l’incidence dépasse 40 degrés et la vitesse verticale est d’environ -10 000 ft/min. L’assiette de l’avion ne dépasse pas 15 degrés et les N1 des moteurs sont proches de 100 %. L’avion subit des oscillations en roulis atteignant parfois 40 degrés. Le PF exerce une action sur le manche en butée à gauche et à cabrer, qui dure environ 30 secondes.
A 2 h 12 min 02, le PF dit « je n’ai plus aucune indication », et le PNF « on n’a aucune indication qui soit valable ». A cet instant, les manettes de commande de poussée se trouvent sur le cran IDLE, les N1 des moteurs sont à 55 %. Une quinzaine de secondes plus tard, le PF fait des actions à piquer. Dans les instants qui suivent, on constate une diminution d’incidence, les vitesses redeviennent valides et l’alarme de décrochage se réactive.
A 2 h 13 min 32, le PF dit « on va arriver au niveau cent ». Environ quinze secondes plus tard, des actions simultanées des deux pilotes sur les mini-manches sont enregistrées et le PF dit « vas-y tu as les commandes ».
L’incidence, lorsqu’elle est valide, reste toujours supérieure à 35 degrés.
Les enregistrements s’arrêtent à 2 h 14 min 28. Les dernières valeurs enregistrées sont une vitesse verticale de -10 912 ft/min, une vitesse sol de 107 kt, une assiette de 16,2 degrés à cabrer, un roulis de 5,3 degrés à gauche et un cap magnétique de 270 degrés.
Il n’y a eu aucun message de détresse émis par l’équipage. L’épave a été retrouvée par 3 900 m de profondeur le 3 avril 2011 à 6,5 milles nautiques et au nord – nord-est de la dernière position émise par l’avion.
—-
L’analyse du déroulement du vol à partir de l’exploitation des enregistreurs de vol a permis d’établir dix nouvelles recommandations de sécurité.
– Trois recommandations portent sur l’exploitation
Entraînement au pilotage manuel
Suppléance du commandant de bord
– Une recommandation porte sur la certification
Mesures d’incidence
– Quatre recommandations portent sur les enregistreurs de vol
Enregistreurs d’images
Enregistreurs de paramètres de vol
– Deux recommandations portent sur la localisation des avions
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
Il était le candidat malheureux de Sikorsky et Boeing face au V-280 Valor de Bell… Read More
View Comments
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
Il semble qu'aucun des 3 pilotes ne soient des pilotes d'Air France.
- Un ex Aix Inter
- Un Amraury de Lagrange
- Un ENAC
Et pour l'état de l'avion avant d'entreprendre le vol ... motus également.
Le rapport est bourré d'imprécisions et surement pas expoiltable.
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
C'est pour cela que le rapport est "intermédiaire" (rapport d'étape) et non pas définitif...
Je suis perturbé. Ces pilotes ont connus les petits avions il y a longtemps et le CdB a même fait du planeur d'après le rapport (et de la Caravelle aussi). Ils ont donc au moins à un moment tous connu des vrais avions sans électronique. Mais leut pratique devait être sérieusement rouillée car il est clair qu'a aucun moment ils ne se sont rendus compte de la situation réelle, coincés entre leurs sensations éronnées et des procédures leur interdisant toute improvisation même dans une situation désespérée... Il n'y a qu'a voir le réflèxe du pilote place droite qui après avoir enfin poussé sérieusement sur le mmanche à un moment avancé de l'évènement, et obtenu une réaction saine de l'avion (diminution de l'incidence), réagit suivant la sacro-sainte procédure quand l'alarme de décrochage est revenue active, c'est à dire en tirant sur le manche, provoquant une nouvelle détérioration de la situation...
Et si on laissait les pilotes piloter au lieu de les faire surveiller le robot et le manuel ?
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
Quels que soient les systemes embarqués,il faut s'attendre à des problèmes de vitesse quand on monte à partir du FL350 avec un A330 chargé dans un air plus chaud.
Avant de traiter une panne on assure la trajectoire en priorité -horizon artificiel, manettes des gaz et vario et il faut savoir le faire en manuel.
Il est navrant qu'il n'y ait pas d'indication d'incidence dans le cokpit,c'est la valeur la pus importante pour le vol,ça marche quels que soient la masse, l'altitude,la configuration avion(hypersustentateurs) et meme le facteur de charge(le décrochage peut être aussi dynamique)-triste économie.
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
Bien vu, "Flagadajon"... meme si on a pas plus d'une vie aussi bien dans un liner, que dans un DR400 !!
Au moins revoir les fondamentaux autrement que dans une "boite" montée sur vérins, ça apporterai certainement un plus à de nombreux cadets dénués d'humilités et tellement habitués à appuyer sur les touches d'un FMGS pour faire voler un avion... (dixit l'un d'eux)!!
Il faut dire aussi qu'arriver en qualif machine Bus avec 175hdv ou presque, ça fait pas beaucoup de recul tout ça... lamentable aéronautique moderne !
Et sinon, non Polo, Airbus n'a jamais tord, ni ne commet aucune erreur de conception... c'est bien connu ! ;-D
(PS : je vole aussi sur Bus, mais j'ai connu quelques avions avant ça ! ;-)
Fondamentaux ?
Il semble que les fondamentaux du pilotage ont été perdus de vue dans cette affaire. Alarme de Décrochage implique : Action à piquer (réduction de l’angle d’attaque), Poussée Requise (Assiette, Puissance) jusqu'à rétablissement des paramètres de vol et ensuite au retour au vol de croisière dans la foulée.
Les actions entreprises en l'occurrence ne reflètent absolument pas cette obligation fondamentale mais s'apparentent plus à un comportement brouillon, à savoir mélange d'actions à cabrer associée à une augmentation de poussée ou action à piquer et diminution de poussée et persistance dans cette voie jusqu’à la fin ! Les pilotes concernés se souvenaient-ils même de ces fondamentaux pourtant forts simples à appliquer? Ne sont-ils pas inconsciemment mis sur un piédestal qui leur donne à penser qu’il est impossible qu’ils puissent commettre la moindre erreur et altère ainsi leur jugement par manque d’humilité (ceci plus chez Air France qu’ailleurs au demeurant).
Les pilotes de lignes et ceux qui évaluent leurs compétences devraient sûrement envisager un programme de formation complémentaire en aéroclub sur de petits monomoteurs ou ils réviseraient ainsi les bases, au lieu de rester confrontés en permanence à un environnement proche du virtuel dans leurs cockpits ou simulateurs et ou les paramètres affichés et le ressenti physique s'apparente plus à un jeu vidéo qu'à la réalité objective !
Dans un avion de ligne moderne, malheureusement, on a pas plusieurs vies, on en n'a qu'une.
Flagadajon
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
Par conception, lorsque les mesures de vitesse ont été inférieures à 60 kt, les 3 valeurs d’incidence sont devenues invalides
C'est marrant comment les recommandations peuvent rapidement porter sur la formation et si peu sur la CONCEPTION
Est il normal qu'un avion de ligne ne donne plus d'info d'incidence parce que ses calculateurs ne savent plus faire
Ah non, mais c'est vrai que ce n'est pas la faute d'Airbus...
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
Une question me ta-rode l'alarme de décrochage est elle indépendante des données des sondes pitos ?
Si la réponse est non! alors n'est 'il pas justifié que les pilotes ayant des données complètement erroné sur la situation du vol, n'est pas fait cas de cette alarme pensant qu'elle aussi était erroné?
Si la réponse est oui, c'est à dire que l'alarme de décrochage est indépendante des données émise par les sondes pitos,alors pourquoi les pilotes n'ont il pas fait piqué l'avion?? c'est la base du pilotage! non?
SEB
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
Le rapport complet est disponible en téléchargement ici:
http://www.bea.aero/docspa/2009/f-cp090601e3/pdf/f-cp090601e3.pdf
Pilote
ça un rapport ? C'est plutot une synthese .
Un rapport detaillerait tous les elements à chaque seconde de vol , les interactions entre les systemes , le deroulements des recherches en mer et pleins d'autres details.
Force est de constater qu'il a fallu plus d'un mois au BEA pour pondre une synthese aussi courte que la precedente et reprenant exactement les memes elements et soulignant les recommandations logiques associées .
Donc absolument aucun faits nouveaux, ceci est très etrange et très inquietant ....
On s'interroge sur l'impartialité du BEA .Pourquoi ne diffusent ils pas un vrai rapport pour laisser nous faire une opinion nous memes ,nous ,pilotes ?
L'erreur de jugement des pilotes est peut etre dûe à une mauvaise ergonomie des systemes et des alarmes qui ont aboutit à une conscience erronée de la situation d'ou la responsabilité du constructeur.
Esperons que le rapport final comporte plus que 4 pages , l'administration BEA precedente semblait soucieuse de rediger des rapports complets....
Point sur l’accident du vol AF 447 et les recommandations du BEA
On à du mal à comprendre des mecs entrainés ,qui à priori ne savent plus faire sans PA?
Pas de tubes pito qui fonctionnent c'est un fait ,mais y a pas de GPS dans ces avions
à plusieurs millions de dollards ? Moi dans mon 119 j'en ai un à 300 dollards !!!