Twin Jet a redémarré progressivement ses vols régionaux réguliers après le premier confinement, avec une demande passager faible et des Beech 1900D peu remplis. Le deuxième confinement ne peut qu’aggraver la situation de la compagnie française qui, en une vingtaine d’années, a construit un réseau de lignes à faible flux de passagers.
Avec 80% de passagers en moins sur ses lignes régulières, la compagnie régionale Twin Jet a maintenu tant bien que mal une partie de ses vols entre les deux confinements, de manière à ne pas détruire définitivement des lignes. Certaines d’entre elles, comme le Metz/Nancy-Lyon, relancée le 14 septembre 2020, peinent à atteindre les cinq passagers en moyenne, pour un Beechcraft 1900D de 19 places, avant même le deuxième coup de semonce que constitue le deuxième confinement. Faute de passagers, la ligne depuis Metz/Nancy vers Marseille n’a quant à elle pas rouverte pour le moment.
La ligne subventionnée Paris-Orly-Le-Puy-en-Velay est elle aussi à nouveau ouverte depuis le 14 septembre 2020, avec seulement deux liaisons hebdomadaires, le mardi et jeudi, contre douze liaisons hebdomadaires avant le confinement. « Nous avons du mal à franchir la barre des huit passagers » s’inquiète le directeur de Twin Jet qui ajoute : « sur une année nous réalisons environ 1.500 heures de charter à la demande et les clients charters se font de plus en plus rares à l’heure actuelle. Les coûts fixes mangent peu à peu la trésorerie qui n’est pas inépuisable… A moins d’une aide sous la forme d’un investissement de l’actionnaire majoritaire ou une aide de l’État, voire des régions, la situation va devenir intenable. »
C’est d’ailleurs le cri d’alarme de la toute jeune Union Nationale des Compagnies Aériennes Françaises (UNCAF), présidée par Olivier Manaut, par ailleurs PDG de Twin Jet, qui en appelle au gouvernement dans un communiqué de presse pour un soutien urgent et vital aux petites compagnies aériennes : « Les [nouvelles] mesures de confinement annoncées vont définitivement anéantir les compagnies aériennes qui sont actuellement devant une montagne de dettes absolument impossible à rembourser… «
Créée en 2001, Twin Jet exploite treize Beechcraft 1900D sur des lignes transversales en France et vers trois destinations européennes : Milan, Stuttgart et Zurich. Ses principaux clients sont des hommes et femmes d’affaires qui ont besoin de se déplacer rapidement et qui n’ont pas forcément d’autre alternative à l’avion.
Parmi les quatorze lignes dont dispose la compagnie, Paris-Orly vers le Puy-en-Velay est la seule bénéficiant de subventions. Les autres sont assurées intégralement sur fonds propres. Comme pour toute entreprise, les lignes doivent être donc rentables pour assurer les charges salariales et le développement de la compagnie. Or, comme chacun le sait, depuis le premier confinement, la donne a changé. Comme la centaine de compagnies françaises effectuant du transport ou des travaux aériens, Twin Jet dépend d’une reprise économique qui tarde à venir, mise à mal par le nouveau confinement décrété par le gouvernement le 29 octobre 2020.
Or, ce reconfinement oblige à nouveau à fermer des lignes : après avoir rouvert la ligne entre Marseille et Pau en septembre 2020, la compagnie régionale s’est ainsi vue contrainte de la fermer à nouveau et jusqu’au 18 janvier 2021.
Si l’avenir immédiat du transport aérien régional dépend d’une hypothétique reprise économique rapide, elle est aussi conditionnée par la santé des autres acteurs du transport aérien, en particulier des aéroports. « A cause des coûts que cela représente, certains aéroports que nous desservons nous ont fait part de leur éventuelle intentions de cesser de maintenir opérationnelles leurs infrastructures dédiées aux vols commerciaux de manière temporaire » s’inquiète également Guillaume Collinot, » ce qui signifierait pour nous un arrêt pur et simple des lignes concernées. »
Bien avant le premier confinement, dès le 25 février 2020, le directeur général de Twin Jet, Guillaume Collinot, a décidé d’arrêter les vols sur la ligne Marseille-Milan, conséquence de la situation sanitaire qui se dégradait rapidement en Italie. Et lorsque la situation devient à son tour alarmante en France, la compagnie réussit toutefois à maintenir ses avions et ses pilotes en vol.
« Au moment du confinement, nous avons souhaité donner une dimension sociétale à l’entreprise » explique Guillaume Collinot qui précise que « la moitié de la flotte de Twin Jet a été modifiée pour effectuer des évacuations sanitaires. » Mis à disposition de l’État, les avions ainsi modifiés n’ont pas rencontré le succès espéré par le directeur général de la compagnie. « En revanche, ce qui a plutôt bien fonctionné durant cette période de confinement, c’est le transport de personnel médical de point à point, en somme ce qui ressemble le plus aux vols charters que nous opérons toute l’année. Pendant le confinement, nous avons réalisé exclusivement ce type de vols. »
La première priorité de la compagnie pendant le confinement généralisé en France aura été d’anticiper la maintenance calendaire des appareils et de maintenir les compétences des quelque cinquante pilotes employés par la compagnie régionale.
« Malgré l’absence de transversales pour les entreprises durant le confinement avec la fermeture d’Orly, nous avons proposé des vols charter à prix réduits, ce qu’on appelle les « navettes » de manière à conserver une activité pour les pilotes et pour la compagnie » explique encore Guillaume Collinot qui poursuit : « nous voulions alors faire tout notre possible pour reprendre les vols réguliers de manière rapide et optimale dès que cela serait possible. Nous espérions une reprise autour du 12 octobre 2020 qui ne vient pas, et sept mois sans beaucoup de vols, c’est une situation qui devient peu à peu catastrophique. »
Guillaume Collinot s’insurge contre la pression politique de groupes écologistes et certaines décisions liées au transport aérien : « Empêcher les gens de prendre l’avion sur des trajets de moins de 2h30 est une absurdité. Avant d’empêcher les gens de prendre l’avion, la question à se poser est : pour quelle raison les gens ne prenaient pas le train avant et préféraient l’avion? De manière générale, les voyageurs d’affaires ne prennent pas l’avion par pur plaisir. »
Olivier Manaut, PDG de Twin Jet et président de l’Union Nationale des Compagnies Aériennes (UNCAF), précise : « Voyager en avion n’est pas une obligation, mais une nécessité pour de nombreux concitoyens. Ainsi l’aviation existe car elle répond à un besoin, et si nous croyons en la réelle démocratie, l’avenir de ce secteur ne doit pas être décidé par 150 Français mais par les millions de Français qui utilisent le transport aérien et qui pourraient ne plus le faire… ».
Le 14 septembre 2020, Twin Jet reprenait la ligne Metz/Nancy-Lyon abandonnée par Air France avec trois liaisons hebdomadaires. Pour cette ligne, comme pour la majorité des lignes transversales, un avion de 19 places est d’une importance capitale selon le directeur de la compagnie : « Je partage l’idée qu’il est absurde de proposer une liaison transversale régionale avec un avion de cinquante places. Je prêche pour ma paroisse mais le Beech 1900D est un vecteur à mon avis beaucoup plus adapté à la demande passagers en temps normal. » Pour autant, Guillaume Collinot en appelle au bon sens, au dialogue et à la réflexion.
« Je crois à la volonté de ceux qui nous gouvernent et des édiles de faire avancer les choses. Peut-être que cette période devrait être l’occasion de revoir le mode de fonctionnement de l’aérien? Mais enfin, la politique doit être une vision, pas un pression exercée par un quelconque lobby. Il y a en France une centaine de compagnies aériennes effectuant des travaux divers (transport de passagers, de fret, travaux aériens) et pourtant, à part l’une d’entre elles, les quatre-vingt-dix-neuf autres n’ont reçu aucune aide de l’État. Il faut écouter ce qu’ont à dire ces entreprises, prendre leur pouls, les accompagner pour éviter la catastrophe et surtout, ne pas refaire le coup des assises du transport aérien qui n’ont servi à rien! »
Pour l’heure, si elle a recours au chômage partiel de ses salariés, la direction de Twin Jet ne prévoit pas de plan social dans la compagnie. « Les salariés ne sont pas responsables de ce qui arrive » insiste Guillaume Collinot qui tempère « mais plus l’heure passe et plus la situation économique est difficile à tenir. «
Si le directeur général de Twin Jet est inquiet quant à l’avenir, la compagnie poursuit néanmoins l’expansion de sa flotte et le programme de modernisation des Beechcraft 1900D. Un treizième Beech 1900D a rejoint la flotte de Twin Jet en février 2020. Il bénéficiera du programme de modernisation de 10 millions d’euros annoncé fin 2019, au rythme de trois avions modifiés par an. Les treize appareils seront équipés d’une suite avionique AeroVue de BendixKing et d’hélices à cinq palles de manière à réduire le bruit en cabine. Les passagers et le personnel navigant bénéficieront également du wifi à bord de la totalité de la flotte ainsi que d’une liaison satellite.
Fabrice Morlon
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J'ai entendu à la radio, il y a quelques temps, le PDG d'aéroports de Paris dire que cette mesure stupide qui interdit les vols de moins de 2h30 était en fait un leurre destiné à calmer les écolos fébriles et que, lorsque les choses seraient revenues à la normale, les vols repartiraient comme avant.
J'espère vivement qu'il ait raison !
@ Robert Le Borgne , confirmation c est un leurre.
5 pax ! Serieusement ?
Plus le temps passe, jusqu'à ce que l'heure soit passée.