A quelques exceptions près, le trafic est orienté à la hausse sur les plates-formes françaises qui multiplient les actions pour attirer de nouvelles compagnies.
Comme prévu, l’arrivée du TGV dans l’Est de la France a porté un coup dur à l’activité de l’aéroport de Strasbourg qui enregistre depuis l’ouverture de la ligne, le 10 juin dernier, un recul spectaculaire, mais attendu, de son trafic. Sur le seul mois de juin, la baisse du nombre des passagers a été de -17,1% et celle du nombre des mouvements de -10,1%. En juillet, premier mois plein d’exploitation de la ligne TGV Est par la SNCF, les liaisons avec Paris ont accusé un net coup de frein : Orly a perdu -36,9 % et CDG, -24,1%. Sur l’ensemble du réseau, la chute de -13,8% risque fort d’indiquer la tendance pour les mois à venir.
Sans attendre, évidemment, l’inauguration en grande pompe médiatique de cette nouvelle ligne ferroviaire, l’aéroport de Strasbourg s’est lancé dans la recherche tous azimuts de nouvelles compagnies, aussi bien traditionnelles, que charters ou low cost, mais le volume à compenser est important. L’aéroport Marseille-Provence, qui a été confronté au même problème à partir de juin 2001, estime que le TGV Méditerranée lui » coùte » un million de passagers par an. Il lui aura fallu environ cinq ans pour enrayer l’hémorragie et renouer avec la croissance. Les excellents résultats du premier semestre 2007 (+14,3%) devraient permettre à la plate-forme phocéenne de revenir cette année au niveau de trafic de 2000. Strasbourg est prévenu : la reconquête demandera du temps.
Le moteur du redressement de Marseille est la nouvelle aérogare MP2 dédiée aux vols réguliers à bas tarifs qui a généré, selon la direction de l’aéroport, 94 % des 410 000 nouveaux passagers traités entre janvier et juin 2007 : » le trafic low-cost représente désormais 16% du trafic total alors que sa part de marché atteignait 4% sur la même période l’an passé « . MP2 devrait également permettre à l’aéroport marseillais de retrouver sa place dans la hiérarchie française, en revenant au niveau de Lyon-Saint Exupéry.
Le coude à coude entre les deux aéroports dont les zones de chalandise se recouvrent à la périphérie, promet d’être intéressant. L’aéroport lyonnais a connu un encourageant début d’année avec une croissance de +6,2% sur les six premiers mois de 2007 et surtout un été très actif puisque la hausse du trafic s’est élevée à +10,2 % en juillet et à + 12,2% en aoùt, ce qui l’installe sur une pente de +7,5% pour l’année.
Le phénomène low cost –
Ces bons résultats lyonnais sont la conséquence du dynamisme du trafic international (+11,8%). Ils sont également portés par la montée en puissance du segment low cost qui atteint désormais 6% du trafic global de la plate-forme. Seule ombre au tableau, l’aéroport n’est toujours pas parvenu à convaincre une compagnie à bas coùts d’ouvrir une base dans son nouveau terminal à services simplifiés fin prêt.
Les compagnies low cost, malgré leur nombre croissant, sont plus que jamais courtisées par les aéroports européens et elles ne se privent pas de jouer de la concurrence que se livrent les plates-formes entre elles. En France, Beauvais et Bâle-Mulhouse tirent particulièrement bien leur épingle du jeu. Beauvais où cinq compagnies low cost opèrent, franchira cette année la barre des 2 millions de passagers. Sur le premier semestre, la croissance enregistrée avoisine 10% et six nouvelles lignes doivent être ouvertes avant la fin de l’année. De son côté Bâle-Mulhouse continue à tirer les bénéfices de la politique tarifaire mise en place en 2004 pour redresser cet aéroport sinistré après la faillite de Swissair. Avec un peu plus de 2 millions de passagers traités, l’aéroport binational enregistre une progression de 12% sur le premier semestre 2007. » L’objectif annuel de 8% sera atteint sans aucun doute « , estime-t-on du côté de la direction, d’autant que Ryanair a décidé à son tour de s’implanter à Mulhouse et lance 5 nouvelles lignes. De son côté easyJet poursuit son développement. Avec 4 avions basés, la compagnie britannique pourrait réaliser aux environs de 53 % du trafic global de la plate-forme cette année.
Carcassonne a également le sourire. Grâce à Ryanair qui opère 6 lignes régulières, son trafic est en hausse de 16% au premier semestre. A ce rythme, la capacité maximale de la plate-forme estimée à 500 000 passagers sera prochainement atteinte. Des travaux d’aménagement de l’aérogare (séparation des trafics Schengen et non-Schengen) sont programmés sur 2007 et 2008 pour un montant total de 450 000 euros. Grenoble et Chambéry continuent également de surfer sur la vague low cost. Depuis 2004, année où le conseil général de l’Isère a confié au groupement Kéolis-Vinci la gestion de l’aéroport grenoblois, la fréquentation a été multipliée par 2,5 à Grenoble. Toutefois, le trafic de ces deux aéroports alpins se concentre sur les mois d’hiver. Sur 21 lignes régulières à destination de Grenoble, seules 2 fonctionnent tout au long de l’année.
Si les aéroports tirent parti du dynamisme des low cost, ils savent aussi qu’ils sont appelés à subir les décisions de ces nouveaux acteurs du transport aérien. Montpellier en a fait la douloureuse expérience cette année : » les bons résultats de l’ensemble des destinations n’ont pas permis de compenser les baisses de trafic des différentes compagnies low-cost et de leur nouveau positionnement commercial visant à diminuer de manière drastique les fréquences sur le programme hiver « , déplore la direction de l’aéroport qui a enregistré au premier semestre un repli de -2,5% de son activité. Autre plate-forme en recul, Clermont-Ferrand (-5,49% au premier semestre 2007) ne parvient pas à enrayer son lent déclin. La recherche de compagnie low cost ne donne toujours pas de résultat.
Dynamisme des régions
A trois exceptions près donc (Strasbourg, Montpellier et Clermont-Ferrand), la première partie de l’année s’est révélée favorable aux aéroports français qui affichent tous de belles performances à l’image de Bordeaux qui a connu un de ses meilleurs été, avec une croissance de +10,2% en juillet et aoùt qui porte la hausse du trafic sur les huit premiers mois de 2007 à 7,4%. Lille, également, confirme ses bons résultats de 2006, avec une croissance de près de 14% sur le premier semestre. Il est en passe de faire partie des aéroports millionnaires, tout comme Ajaccio dont le trafic se redresse sensiblement (+5,1%) cette année. Nantes voit également les ouvertures de lignes se multiplier. Huit liaisons régulières ont été mises en place au printemps. Le trafic progresse de 7,2 % sur les six premiers mois de 2007. Cette tendance devrait se confirmer sur l’ensemble de l’année et sur 2008 puisque pas moins de 10 nouvelles lignes régulières doivent être créées pour la saison hiver 2007-2008.
Dans le haut du tableau, Toulouse (+ 2,5% sur le premier semestre 2007) et Nice (+3,24%), en revanche, enregistrent une évolution de leurs activités plus modeste, qui s’explique, pour Nice, par le fait que la plate-forme de la Côte d’Azur a déjà bénéficié de l’effet low cost. La place de Nice au premier rang des plates-formes régionales n’est pas remise en question pour autant. Plus de 3 millions de passagers la séparent en effet de Lyon et de Marseille, respectivement deuxième et troisième.
Quant aux aéroports parisiens, loin devant, ils enregistrent également sur la première partie de l’année 2007 de bons résultats de trafic puisque 41,5 millions de passagers ont été traités par Aéroports de Paris, ce qui représente une progression de 4,4%. Avec un peu plus de 28,5 millions de passagers, Paris-CDG enregistre la plus forte croissance (+4,9%). Orly, avec près de 13 millions, progresse de 3,4%. Il est évident que les plates-formes parisiennes et plus particulièrement, la plus importante, bénéficient du dynamisme du groupe Air France-KLM. Ce constat peut d’ailleurs s’appliquer à la plupart des plates-formes régionales desservies par Air France et ses filiales régionales. Il est certain également que les plates-formes généralistes bénéficient directement du dynamisme de l’économie mondiale et de la santé retrouvée du transport aérien.
Le fait marquant de ce début d’année restera la création, au printemps, des trois premières sociétés anonymes aéroportuaires à Lyon, Toulouse et Bordeaux. Nice prévoit de devenir la quatrième avant la fin 2007. Cette réforme constitue effectivement un tournant important pour ces aéroports puisque l’Etat, partenaire majoritaire avec 60% des parts sociales (CCI : 25 % et collectivités territoriales : 15%), est appelé à se retirer rapidement pour favoriser une ouverture du capital à de nouveaux investisseurs privés. Il est évidemment encore trop tôt pour constater les effets de cette réforme de fond. Les premiers mois ont surtout été mis à profit pour installer le nouveau cadre administratif et la nouvelle organisation. Les premières conséquences tangibles ne sont pas attendues avant l’année prochaine. Il est acquis également que les opérateurs privés sont désormais prêts à faire leur entrée dans le capital des grands aéroports régionaux. Le paysage aéroportuaire français est sur le point de connaître de profondes évolutions.
Gil Roy. Air & Cosmos N°2093 / 28 septembre 2007
|Paris CDG | 28 543 414 |(+4,9 %)|
|Orly | 12 957 101 |(+3,4 %)|
|Nice | 4 845 591 |(+3,42 %)|
|Lyon | 3 562 692 |(+6,2 %)|
|Marseille | 3 270 212 |(+14,3 %)|
|Toulouse | 3 070 867 |(+2,5 %)|
|Mulhouse-Bale | 2 062 989 |(+ 12,0 %)|
|Bordeaux | 1 655 630 |(+6,3 %)|
|Nantes | 1 273 882 |(+7,2 %)|
|Strasbourg | 959 659 |(-5,0 %)|
|Beauvais | 1 006 205 |(+9,9 %)|
|Montpellier | 615 593 |(- 2,5 %)|
|Ajaccio | 450 396 |(+5,1 %)|
|Lille | 484 455 |(+13,9 %)|
|Grenoble | 359 400 |(+10,1 %)|
|Clermont-F. | 274 222 |(-5,49 %)|
|Carcassonne | 217 212 |(+ 16,2 %)|
|Chambéry | 200 600 |(+23,2 %)|
Sources : Aéroports / © Gil ROY
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