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Categories: Transport Aérien

Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two

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Gil Roy

Le vaisseau spatial privé a résisté au mur de la chaleur. Le système aérodynamique de freinage imaginé par Burt Rutan a été validé par les pilotes d’essais de Scaled Composites.

Une nouvelle étape vers les premiers vols commerciaux dans l’espace a été franchie, le 4 mai dernier, par Virgin Galactic. Pour la première fois, le vaisseau Space Ship Two (SS2) à bord duquel prendront place les futurs touristes de l’espace, a effectué un retour dans les couches denses de l’atmosphère. L’objectif de ce vol d’essai était de valider la solution aérodynamique imaginée par Burt Rutan et les ingénieurs de Scaled Composites pour freiner l’engin et ainsi lui permettre d’affronter le redouté mur de la chaleur.

Le SS2 arrimé à l’avion-porteur White Knight Two (WK2), a décollé de la piste de Mojave à 6h43 du matin. Il était piloté par les pilotes d’essais Pete Siebold et Clint Nichols. Mark Stucky, Brian Maisler et Brandon Inks étaient aux commandes du WK2. Après 45 minutes d’ascension, à 51.500 ft d’altitude (17.000 m), le SS2 s’est largué. Il a commencé son vol plané et pour la première fois, il a adopté la configuration de réentrée dans les couches denses de l’atmosphère en faisant pivoter vers le haut son double empennage arrière afin qu’il fasse un angle de 65° par rapport à l’axe du fuselage. Cette configuration a été conservée pendant 1 minute et 15 secondes, alors que le vaisseau descendait quasiment à la verticale, à 15.500 ft par minute, soit environ 85 m/s… freiné par l’empennage qui faisait office d’aérofrein. Vers 35.000 ft d’altitude, les pilotes ont reconfiguré le vaisseau pour revenir en vol plané standard et exécuter un atterrissage en douceur. Ce septième vol solo de SS2 aura duré 11 minutes et 5 secondes.

C’est un système ingénieux qu’a imaginé Scaled Composites dans la lignée des multiples innovations qu’a signé Burt Rutan tout au long de sa carrière. C’est peut-être la clé du défi technologique du programme Virgin Galactic. La solution imaginée par Rutan repose sur l’aérodynamique et les lois de la physique pour contrôler la vitesse et l’altitude. Lorsque l’empennage bascule à 65°, le fuselage est alors parallèle à l’horizon. La traînée devient très importante le temps de la traversée des couches denses de l’atmosphère. Cette position qui à l’avantage d’être extrêmement stable aussi, facilite le pilotage et ne nécessite pas d’aide au pilotage de type commandes de vol électriques. La combinaison de la traînée élevée et de la faible masse de l’engin fait que la température en surface demeure très basse par rapport aux vaisseaux spatiaux traditionnels qui doivent avoir recours à des boucliers thermiques.

Les essais en vol vont se poursuivre tout au long de 2011.

Gil Roy

Space Ship en configuration standard (vol plané)
A bord du simulateur de vol Space Ship
Burt Rutan à l'intérieur de Space Ship
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    A Jean-Mi
    Je suis relativement d'accord avec cette analyse très rationnelle (quoique chez l'homme, il y ait aussi du symbolique et de l'exemplarité, ce qu'il ne faudrait pas oublier...).
    Mais la question demeure: un tel vol représente-t-il en émissions 200, 2000, 20 000 voitures dans les embouteillages?

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    A ceci près que le Space Ship n'est pas lancé d'une véritable fusée comme l'est la navette spatiale .
    Il s'agit ici de vols commerciaux à très haute altitude .
    Ce qui n'enlève bien entendu rien au talent de monsieur Rutan dans l'utilisation de son nouveau concept ni même non plus aux ingénieurs de la NASA qui oeuvrent avec génie pour une cause différente depuis 60 ans.

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    J'aimerais bien savoir ce que consommera et émettra chacun de ces futurs vols commerciaux dans l'espace. Au risque de déranger ces débats d'ingénieurs, je trouve scandaleux, à l'heure ou tout le monde se préoccupe de son empreinte carbone (les compagnies aériennes et les aéroports les premiers), que certains envisagent tranquillement de permettre à ceux qui ne savent plus quoi faire de leur argent .....de nous pomper l'air!

    • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
      Il faut surtout remettre un ordre de grandeur à ces "pollutions" et les comparer à d'autres. Si un lancement représente l'équivalent en pollution de 200 voitures coincées 2 heures sur le périf' aux heures de pointe, ça ne me gène pas qu'il y ai un lancement de l'unique SS2 par quinzaine ou par mois, sachant qu'il y a matin, midi, et soir, tous les jours, plusieurs milliers de bagnoles plantées une heure ou deux dans les bouchons parisiens, londonniens, new-yorkais, pékinois, calcutéens, etc... Qu'on s'occupe plutôt de diminuer de 1% les émissions de nos voitures, et que ceux qui ont fait ça gagnent un voyage dans l'espace, ça sera plus rentable pour nos poumons !

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    Quel leçon ..... ils nous donnent ...
    _ Félicitation à toute leur équipe et respect.....
    _ Le rêve continue d'éxister
    _ Loïc Pochet

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    Peut-on réellement parler de rentrée atmosphérique pour une descente initiée au FL500 ?
    Il s'agit plutôt d'une descente rapide en configuration de rentrée atmosphérique.
    Quoi qu'il en soit, une étape importante !

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    Burt Rutan expliquait, il y a quelques années, avoir eu l'idée de cette configuration originale en regardant un volant de badminton.

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    Si c'est bien une première, on ne peut pas non plus parler d'une rentrée atmosphérique comme le titre le suggère, pour la raison qu'il n'y a pas eu véritablement de sortie de l'atmosphère (la vitesse initiale et donc l'énergie cinétique à résorber était certainement plus faible que pour une véritable renrée atmosphérique).
    Pour autant, la validation de la stabilité et de l'efficacité de la configuration de rentrée est une étape cruciale.

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    (a integrer à mon message)
    Le vol dernier a eu lieu sans allumage des fusées, donc à moins de 300 m/s au début, donc il ne risquait aucun échauffement. Il devait plus servir à valider la stabilité et le pilotage avec les empennages pliés.

  • Rentrée réussie dans l’atmosphère pour Space Ship Two
    Attention à ne pas sacrifier au coté médiatique de l'opération Space Ship, qui pousse à tout confondre : le "mur de la chaleur" est plutot cité pour la vitesse minimum de rentrée dans l'atmosphère, ou vitesse de satellisation, qui est de 7450 m/s.
    C'est ce que doit subir la Navette spatiale.
    On parle aussi de "mur de la chaleur" en complément du mur du son, vers Mach 3 à des altitudes d'avions.

    Je crois que le SpaceShip est capable de Mach 3.1 à très haute altitude, soit 1200 m/s, ce qui est loin du mur de la chaleur. Sa "rentrée" fait 60 fois moins d'énergie au kg que celle de la navette ! D'ailleurs le SpaceShip est en composite epoxy, et il ne résiste absolument pas à de hautes températures.

    Par ailleurs, vous parlez de 15 500 ft/min (qui font 79 m/s et non 85) comme quasiment vertical. Cela ferait la très modeste vitesse de 284 km/h, qui tient plus d'un vol parachutal que d'une rentrée atmosphérique.

    Je ne veux pas enlever à Burt Rutan son côté génial et dynamique, mais il faut rendre à César...
    L'opération SpaceShip a le mérite d'être privée (bien que fort peu populaire), mais elle refait les perfos qui étaient atteintes dans les années 50. Et avec les fortunes dépensées par les multimilliardaires sponsors en médiatisation, il reste à prouver qu'elle coute moins cher qu'à l'époque.

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