Engagements internationaux pour la décarbonation de l’aéronautique, remise en marche du transport aérien à la sortie de la crise du Covid, conséquences multiples de la guerre d’Ukraine, modernisation du contrôle aérien, les eVTOL aux JO Paris 2024… Damien Cazé, directeur général de la DGAC revient sur les temps forts de 2022. Une chose est sûre : la Direction générale de l’aviation civile est mobilisée sur tous les fronts.
L’adoption, en septembre 2022, par l’Assemblée de l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI) de la neutralité carbone en 2050 comme objectif climatique pour l’aviation civile internationale, restera pour Damien Cazé, le principal fait marquant de 2022. « La déclaration de Toulouse, en février 2022, faite sous présidence française du Conseil de l’union européenne a préparé le terrain en créant un mouvement de l’ensemble des pays européens, et au-delà, des responsables d’États extra-européens et des acteurs du secteur aérien. » L’accord de Montréal résulte d’un compromis, d’un engagement du secteur, « d’une immense promesse de ceux qui ont proposé cet accord qu’ils trouveraient les solutions techniques pour le mettre en vigueur. C’est un défi que nous lançons au reste du monde de permettre la décarbonation d’ici 2050. Il faut le relever ! »
Pour le directeur général de l’Aviation civile, le deuxième moment fort de l’année internationale est « la réaction extrêmement rapide et énergique des pays européens » suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il souligne « la forte mobilisation » et les « propositions très fortes de la Commission européenne » qui pendant la nuit de l’invasion a tout de suite mis en œuvre la fermeture du ciel ukrainien puis mis en place un dispositif d’interdiction d’entrée des avions russes dans le ciel européen et d’interdiction des avions européens d’évoluer dans le ciel russe. « C’est une fracture dans le mouvement général d’ouverture du ciel qu’on a connu depuis 1945. Ce fut un moment fort qui a été suivi par un immense élan de solidarité des pays, mais aussi du monde aérien qui s’est mobilisé pour l’Ukraine. Nous avons beaucoup d’échanges avec nos collègues ukrainiens. »
2022 restera aussi l’année de l’ouverture et de la reprise du trafic aérien après une longue période inédite. Damien Cazé reconnaît que cette reprise a été « assez chaotique dans l’ensemble de l’Europe » avec des mesures de restrictions du trafic. « La France n’y a pas échappé. Elle s’en est plutôt mieux tirée que beaucoup d’autres, malgré les problèmes techniques des bagages qui ont été très visibles. » Il salue le modèle social français qui a fait qu’au moment du redémarrage, plus ou moins laborieux, du transport aérien, la France s’est montrée « moins démunie » que d’autres pays européens. Il note aussi « une vraie solidarité entre les acteurs du transport aérien, un effort pour jouer collectif en France. » Aujourd’hui, il s’agit de « retrouver la confiance des voyageurs. » La Charte d’engagement des acteurs du transport aérien, signée fin novembre 2022, à l’occasion du congrès de l’Union des aéroport français est un signal fort. Le Directeur général de l’Aviation civile prévient : « La demande est différente. Il ne faut pas essayer de recréer le monde d’avant. Il faut voir comment on entre dans le monde d’après. »
Des engagements ont été pris au début de la crise pour accélérer la décarbonation du transport aérien. Le Conseil pour la recherche aéronautique civile française (CORAC) qui vise à optimiser les efforts des acteurs du transport aérien dans le domaine de la recherche et de l’innovation est le moyen d’y parvenir. La DGAC est à la manœuvre : « Nous avons été fortement mobilisés tout au long de l’année ». En novembre 2022, à Toulouse, le gouvernement a annoncé la prolongation de son soutien à l’industrie aéronautique avec une enveloppe de 435 M€ pour 2023, dans le cadre du plan France 2030. « Au-delà de l’aéronautique, cet engagement de l’État va dans le sens de la réindustrialisation de la France ».
Pour Damien Cazé, 2022 est aussi « l’année des promesses tenues en matière de modernisation du contrôle du trafic aérien en France. » Il reconnaît que la France est « un des points noirs » du trafic aérien en Europe. « Ce qui m’a toujours surpris, c’est le contraste entre la qualité de nos contrôleurs et le retard de nos outils. » D’où sa volonté d’accélérer la mise en place de 4-Flight, le futur système de contrôle aérien des centres en-route de la navigation aérienne (CRNA). Le premier centre concerné a été Reims en avril, puis Aix-en-Provence, en décembre. Suivront Athis-Mons en 2023, puis Bordeaux et Brest en 2025. « C’est un investissement considérable d’un milliard d’euros sur 15 ans. Tout doit être déployé en 2026. A mon arrivée, on parlait de 2030. » Le déploiement de 4-Flight est une priorité qui a fait passer au second plan, certains autres projets, reconnait Damien Cazé qui tient à souligner que le plan 4-Flight a été lancé par l’équipe précédente : « j’en tire les bénéfices maintenant ». Et d’ajouter : « Nous ne devons pas être le maillon faible du passage du trafic en Europe ».
Dans cette rétrospective des faits marquants de 2022, le directeur général de l’aviation civile a tenu à faire figurer le baptême de l’héliport d’Issy-les-Moulineaux, « Héliport Valérie André ». Pour Damien Cazé, c’est plus qu’un symbole. « Cette nomination marque la fin d’une controverse qui a duré des décennies. » C’est aussi le signal que l’État a décidé de « maintenir l’héliport », mais aussi de l’« adapter » : « L’emprise aéronautique va être diminuée. La présence de l’aviation commerciale basée va être arrêtée. En revanche, il y aura toujours de l’aviation commerciale. »
La confirmation du maintien de l’héliport d’Issy-les-Moulineaux est à rapprocher du développement des VTOL, cette nouvelle génération d’aéronefs à décollage et atterrissage vertical, électrique ou hybride, qui se profile. Dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024, la France veut apparaître comme le premier pays à mettre en place une liaison eVTOL en Europe, voire dans le monde. « C’est la course pour faire voler des eVTOL, en France, en 2024. La pression monte. » reconnait Damien Cazé. Là encore, la DGAC est en première ligne : « nous sommes là pour accompagner la prise de risque des acteurs de la filière, pas pour la freiner, ni l’interdire. »
La DGAC est également focalisée sur le salon du Bourget : « Ce sera le premier grand salon aéronautique du monde d’après-Covid. On sent un immense enthousiasme à l’idée de se retrouver au Bourget pour exposer nos projets. La France et l’Europe sont très attendues. C’est un rendez-vous important de l’aviation décarbonée du futur. Ce sera le Bourget de l’aviation de 2050. La DGAC est très engagée. »
Propos recueillis par Gil Roy
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