L'A320 d'US Airways et ses 155 passagers et membres d'équipage, dans l'Hudson River, à New York, le 15 janvier 2009. © Warner Bros. Entertainment
Clint Eastwood a résolument pris le parti de faire de Chelsey B. Sullenberger un héros. Il lui fallait dès lors des méchants. Le réalisateur les a cherchés du côté des enquêteurs du NTSB qui n’ont évidemment pas apprécié le rôle.
A sa sortie, fin 2016, le film Sully a fait un carton qui s’est rapidement doublé d’une polémique. Outre l’amerrissage de l’A320 dans l’Hudson River remarquablement mis en scène, le temps fort de ce film est l’audition publique des deux pilotes menée par les enquêteurs qui cherchent à démontrer la faute de commandant de bord Chelsey B. Sullenberger, alias Sully.
9 commentaires
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Ce type de film est une fiction. Ce n’est donc pas la réalité.
Il est cependant normal que le NTSB réagisse car souvent, les personnes (formant le public) peuvent confondre fiction (virtuel) et réalité et qu’elles aiment, par facilité, adopter des jugements rapides sur les bons et les méchants.
Le film n’est pas la vérité, mais peut aider à poser ou se poser des questions qui permettront de trouver la vérité (ou au moins, une vérité) par la recherche des réponses aux bonnes sources. Exemples de sujets de réflexion : rôle du commandant de bord, place des automatismes, entraînement des pilotes, méthode d’investigation des accidents et accompagnement psychologique des mis en cause, comportement à adopter face aux « accusations » ou « critiques » externes ou internes (sentiment de culpabilité, auto-accusation, auto-critique).
Le film « Sully » n’est pas donc pas inintéressant.
Autre sujet de réflexion : Comme dans le film, on peut trouver que la vue sur le monde depuis le cockpit est belle, que la vie est belle et d’un seul coup, on se retrouve avec une catastrophe à gérer. La perception que nous avions que la vie est belle était-elle une fiction ou une réalité ?
Le NTSB, tout comme le BEA, n’a pas précisément vocation à être populaire ou bien aimé du public, cela est induit par sa fonction d’investigations de haut niveau technique et de confidentialité.
Dès lors que les enjeux sont énormes on sait bien que l’impartialité peut être diffractée par les pressions, parfois considérables que ces bureaux d’enquêtes subissent étant tout de même étroitement liés aux intérêts industriels des états qui les rémunèrent !
On en a bien senti les effets lors de crash à fort retentissement médiatique comme celui d’Habsheim par exemple, mais il y en a d’autres !
De ce point de vue, la défiance peut être parois de mise et ce film en est aussi une forme d’illustration.
Hello, Adam, you’re right ! Mais, s’il vous plaît, mes amis, ne perdons pas de vue qu’il s’agît d’un film et la remarque de Gil comme quoi il faut pour le nourrir des bons et des méchants est tout à fait juste. Alors quoi, si les fonctionnaires du NTSB sont susceptibles, quelle importance ? Le film est excellent. Je suis allé le voir à reculons, car en principe tous les films qui traitent d’accidents d’avions sont généralement mauvais, invraisemblables, à vomir même (exemple ‘Airport’ avec les roues du 707 qui patinent dans la gadoue, ce qui a conduit un avocat à vouloir nous faire croire que l’Arc-en-ciel de Mermoz avait fait de même dans la boue de Rio de Janeiro !). Il faut croire qu’Eastwood est d’un autre bois, pas celui dont on se chauffe, mais celui aux multiples écorces qui sait témoigner du passé. Un petit clin(t) d’oeil au Maître.
Ensuite, je voudrais dire que ma sensibilité de pilote de ligne a été touché par le film, en ce que sa chute – la dernière phrase – résume en si peu de mots toute la noblesse de notre métier : « one fifity-five ». Oui, tous les passagers (et l’équipage) ont été sauvés. Et là, je me plais à dire à nos directeurs – ils devraient lire Saint Exupéry avant d’accéder à leurs fonctions – qu’ils ont tort à vouloir nous faire parler de « clients » au lieu de « passagers ». Car ce mot qui contient « passage » résume à lui seul la responsabilité de l’équipage en entier (du commandant de bord à l’hôtesse récemment enrôlée). Vous pourrez mettre tous les automatismes que vous voudrez dans ces glass cockpits, le commandant de bord sera toujours maître après Dieu, portant l’autorité que lui a déléguée son président et surtout toute la responsabilité du vol. J’ai lu des livres qui vantent les mérites des pilotes militaires. Effectivement, ils ont souvent du mérite, mais jamais la fierté d’avoir assuré le passage de centaines de milliers d’humains d’un continent à l’autre, le jour, la nuit, par des météo parfois improbables… Merci Monsieur Clint Eastwood !
Il semblerait que ce soit devenu une habitude de souiller le travail des seules personnes (les enquêteurs, NTSB, BEA, BST Canada…) qui sont capables de comprendre un accident. Fonctionnaires pour la plupart, obligés de garder le secret, ils ne peuvent même pas argumenter alors que les propos les plus farfelus contredisent leurs éléments d’enquête. Une liberté de l’info à sens unique…
L’article du Guardian, en PJ, est excellent a sujet de la relation entre fiction Hollywoodienne et réalité, et du mal qu’un portrait biaise d’enqueteurs excellent peuvent avoir — pour des raison politiques propres a Monsieur Eastwood — sur l’estime du publique sur le NTSB, l’equivalent USA du Bureau Enquête Analyse en France. La conclusion de l’article du « Guardian » est pertinente, et je me permets de la traduire. » Dans le monde entier, la reputation du NTSB est le standard absolu d’impartialité, de sa perceptivitée, et des recommendations qui ont d’important benefices sur la sécurité. (SULLY, le film) a souillé la reputation du NTSB pour un hero qui avait nul besoin de défense. https://www.theguardian.com/film/2016/sep/12/sully-clint-eastwood-hudson-river-plane-crash-ntsb
Que l’enquête soit sévère certes, c’est normal, mais que ce pilote pose son Airbus dans ces conditions relève de l’exploit, qui peut dire le contraire ? Surement pas les passagers…
Très juste Monsieur ESCLAFIT. Les assurances se sont déchainées sur ce pilote qui a pris une décision de sauver la vie de 155 passagers.
Le pilotage par définition est une école et un apprentissage à la bonne décision.
Pierre, pour un pilote poser un avion sans le casser est un acte « normal ». Ce que Sully a fait est « normal » et ce qui est surprenant c’est que cela soit devenu un acte « héroïque ». il y a 50 ans les pilotes se posaient régulièrement dans de telles conditions (avion et moteurs non integres) . Mermoz après avoir lancé son dernier message » Coupons moteur arrière droit » a encore volé 10 minutes et s’est crashé dans un océan moins « calme » que l’Hudson. Ce qui était une pratique « normale » pour laquelle les pilotes étaient formés et entrainés a disparu . Il ne reste que des pilotes de la génération de Sully pour exercer leur métier « héroïquement » ; la fiabilité des avions et des moteurs a rendu possible cette évolution et réduit en conséquence les durées et contenus des formations. Le marché est en train de préparer les « clients » (passagers) a accepter les avions mono pilote pour demain et sans pilote pour après demain.