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Ryanair dans le collimateur d’Air France

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Gil Roy

La compagnie française accuse la low cost irlandaise de percevoir des aides illégales des CCI et des collectivités territoriales qui créent une distorsion de concurrence. En 2008, selon Air France, Ryanair a perçu en France, 35 millions d’euros soit 11 € par passager embarqué.


Selon le figaro (11 mars 2010), Air France s’apprêterait à interpeler la Commission européenne sur les aides illégales perçues par Ryanair. La compagnie française a fait ses comptes. Au niveau de l’Europe, le montant total des aides s’élèverait selon ses estimations à 660 millions d’euros par an pour 35 millions de passagers transportés.

Air France s’appuie sur les rapports des Cours des comptes régionales. Elle a extrapolé les chiffres français à l’ensemble de l’Europe. En France, en 2008, les Chambres de commerce et les collectivités territoriales auraient versé 35 millions d’euros à Ryanair dont une partie en toute infraction avec la loi. La Commission européenne autorise en effet le versement d’aides financières au démarrage des lignes pendant trois ans seulement. Air France en profite comme toutes les autres compagnies. Mais dans les faits, toujours selon Air France, les subventions se prolongent au-delà de ce délai légal d’où son action en justice.

Cette décision d’attaquer Rynair sur le terrain judicaire est d’autant plus étonnante qu’Air France n’est nulle part en concurrence frontale avec l’irlandaise. Mais le fait que Ryanair devienne aujourd’hui le premier transporteur européen devant Air France-KLM, Lufthansa et British Airways est perçu comme une menace à terme, d’autant qu’en cette période de crise aigüe du transport aérien, les subventions faussent la concurrence et permettent d’éponger les déficits.

Gil Roy

|AEROPORTS| Aide/pax| Montant global de l’aide|
|Beauvais |9€ |28,6 M€ de 2001 à 2006|
|Bergerac |9€ |2,3 M€ de 2003 à 2006|
|Biarritz| 9€| 3,7 M€ de 2000 à 2006|
|Brest |23€ |1,09 M€ de 2003 à 2006|
|Carcassonne| 9€| 6,5 M€ de 2001 à 2006|
|Dinard |12€ |4,4 M€ de 2001 à 2006|
|La Rochelle |12€ |2,2 M€ en 2006|
|Limoges| 11€ |2,9 M€ de 2003 à 2006|
|Marseille |10€ | 2,7 M€ en 2006 et 2007|
|Montpellier |9€ |4,5M€ de 2002 à 2006|
|Nantes |10€ |0,5 M€ en 2006|
|Nîmes| 9€ |4 M€ de 2000 à 2006|
|Pau| 14€ |2 M€ de 2003 à 2006|
|Poitiers |18€ |2,1 M€ de 2003 à 2006|
|Rodez |32€ |3,2 M€ de 2004 à 2006|
|Toulon |13€| 0,5 M€ en 2006 |
|Tours| 22€| 2,1 M€ de 2003 à 2006|

Sources : Air France et Cours régionales des comptes / Le Figaro

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Les low cost limitent la crise sur les aéroports français

Les aéroports régionaux français qui ont misé sur les compagnies low cost s’en sont sortis beaucoup mieux que les autres en 2009. Alors que le trafic global a reculé de -3,9% (perte de 6 millions de passagers) sur l’ensemble des aéroports, Marseille progresse de +4,7% et Beauvais de +4,3%. Dans son ensemble, selon l’Union des aéroports français (UAF), le trafic low cost représente 18,9% du trafic métropolitain, mais 28,1% du trafic des aéroports régionaux. Il a atteint 27 millions de passagers en 2009 (+3,3%). Selon l’UAF, les compagnies low cost génèrent 4 milliards d’euros dans l’économie des régions. Cette estimation explique le soutien des CCI et des collectivités territoriales aux transports low cost. G.R.

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Rien ne va plus entre Angoulême et Ryanair

Le Conseil général de Charentes a décidé d’attaquer Ryanair en justice pour rupture abusive de contrat. La compagnie a décidé d’arrêter la ligne Angoulême-Londres après le refus de la collectivité de leur accorder la rallonge de 175.000 euros qu’elle exigeait. Dans le cadre du lancement de la ligne, en 2008, le Conseil général de Charente s’était engagé à subventionner la ligne à hauteur de 925.000 euros répartis sur trois ans : 400.000 € en 2008, 300.000 € en 2009 et 225.000 € en 2010. G.R.
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Selon Air France, les aéroports régionaux français ont accordé 35 M€ d'aides à Ryanair en 2008
En 2009, Ryanair a traité 6 millions de passagers sur les aéroports régionaux français
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Ryanair dans le collimateur d’Air France
    Bonjour à tous,

    Le problème soulevé dans ce cas n'est pas les subventions en elles même, mais plutôt les rallonges accordées par les régions aux compagnies low cost, en l'occurence Ryannair dans ce présent cas.
    Ceci est illustré avec la ligne Angoulême-Londres, cette ligne a fermée parce qu'il n'y a pas eu de subventions supplémentaires accordées.
    En somme, lorsque les régions cèdent aux pressions de la compagnie pour obtenir plus de subventions, là la concurrence devient déloyale puisque ces dernières sortent du cadre légal.

    Ryannair a t'elle tord d'en profiter ? non qui ne tente rien, n'a rien.

    Air France a t'elle tord de défendre ses intêrets ? bah non, qui ferait différement pour défendre ses intêrets ?...

  • Ryanair dans le collimateur d’Air France
    Taper sur Air France est un sport très français.
    La frustration de ceux qui n'ont pas pu y entrer n'éxplique pas tout car au sein même de la compagnie, on trouve des gens pour cracher dans la soupe.
    La politique du hub, stratégie retenue depuis plus de 15 ans par Air France a eu son heure de gloire. Ryanair a choisi le point à point. Les 2 compagnies sont malgrés tout concurentes. La démarche en justice d'Air France peu paraitre surprenante, pourtant je parie que si on inversait les rôles, monsieur O'leary n'hésiterait pas une seconde.
    Dans cette crise du transport aérien, l'une des pires qu'on ai connu, chacun lutte pour survivre et tous les moyens sont bons. Même se faire entretenir par les CCI sans envergure.

    Maël.

  • Ryanair dans le collimateur d’Air France
    On oublie simplement une chose: les subventions accordées aux compagnies low-cost s'adressent à toutes les compagnies aériennes... L'aéroport de Marseille-Provence a lancé des appels d'offres, une parmi elles stipule que "une aide est accordées à TOUTES COMPAGNIES AERIENNES QUI INAUGURERAIENT UNE NOUVELLE LIGNE au départ de l'aéroport". Donc par exemple, AIR FRANCE ouvrirait un Marseille-Athènes, desservit par aucune compagnie se verrait une somme allouée suivant un cahier des charges bien précis. Sauf que celle-ci ne veut plus ouvrir de nouvelles lignes au départ des régions préférant diriger ses passagers sur ses hubs existants. Alors, on suit l'affaire avec passion, puisque rein n'interdit les aéroports d'investir avec les compagnies aériennes. Du tape à l'oeil pour impressionner et pour se rendre encore bien plus ridicule de ne pas savoir, en ces temps si difficiles (pas pour toutes) gèrer une entreprise et de ne plus savoir comment éponger plus de 1,2 milliard d'euros de déficit... Ceci étant, Ryanair a bien raison, combien coûte la soit-disant continuité territoriale à l'Etat? On serait curieux de savoir, combien touche le tandem AF/CCM pour la desserte de la corse, là c'est bizarre personne n'en parle!!! L'aéroport de MRS subventionne les nouvelles lignes pendant seulement 3 ans et ce d'une façon dégressive. Merci.

    • @ Serge 13
      Sans entrer dans le débat polémique du bien fondé de la démarche d'Air France, je confirme simplement que les aides incitatives à l'ouverture de ligne sont légales et s'appliquent à toutes les compagnies, non seulement pour la création de ligne nouvelle, mais aussi pour l'augmentation de capacité sur une ligne existante. Air France en bénéficie aussi.

      Gil Roy

      • @ Gil Roy
        Pour répondre à votre commentaire Mr. Roy:
        Les aides aux lancements de lignes sont légales effectivement. Oui mais elles sont encadrées.
        1. elle doivent être déclarées. Ce n'est pas le cas des aides apportées à Ryanair dans 99% des cas, en France en tout cas.
        2. elles doivent être limitées à trois ans (5 ans dans certain cas). Encore une fois ce n'est pas le cas, Ryanair touche des subventions depuis plus de dix ans sur certaines bases françaises.
        3. Ces subventions doivent être dégressives, ce qui encore une fois, est loin d'être le cas de Ryanair qui augmente systématiquement ses exigences vis à vis des aéroports.

        Ces règles sont parfaitement résumées dans l'avis de la commission européenne concernant l'affaire Ryanair/Charleroi.

        Air France bénéfice de subvention, mais dans dans un cadre légal, là est la différence.

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