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Ryanair : La perte trimestrielle n’annonce pas la fin d’un modèle

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Pierre Sparaco

Au cours du dernier trimestre 2013, Ryanair a enregistré une perte de 35,2 millions d’euros. Il serait précipité d’en déduire que la low cost irlandaise est en difficulté. Elle maintient son objectif de 500 et 520 millions d’euros de bénéfice net pour l’exercice en cours. Dans le même temps elle fait évoluer son offre vers la clientèle d’affaires.


Cette semaine, l’information, tronquée, inexacte, a fait le tour de la planète aviation en quelques heures, témoignant d’une grande légèreté de la part de nombreux médias, et non des moindres : Ryanair n’est pas en difficulté, continue de bien se porter financièrement et prévoit de boucler l’année fiscale 2013/2014 par un bénéfice net situé entre 500 et 520 millions d’euros. Plus d’un demi-milliard ! Dans ces conditions, il serait indécent de lui attribuer de supposées difficultés et de dénoncer la remise en cause de son modèle économique. Lequel n’en est pas moins en cours d’aménagement pour tenir compte des exigences changeantes du marché low cost, très particulier, et qui obéit à des règles qui lui sont propres.

Que s’est-il passé ces derniers jours ? D’où vient cette soudaine inquiétude ? Tout simplement d’une lecture trop rapide de quelques colonnes de chiffres mises à la disposition des analystes et, accessoirement, des journalistes. Au cours du trimestre terminé le 31 décembre dernier, Ryanair a en effet affiché une perte de 35,2 millions d’euros, à comparer à un bénéfice de 18,1 millions d’euros douze mois plus tôt. Une nette dégradation, qui était anticipée, et qui met tout simplement en évidence le caractère profondément cyclique du trafic de la compagnie « ultra low cost ».

Pendant la saison d’hiver, la clientèle loisirs se fait plus rare, au point de conduire Ryanair à mettre momentanément au sol jusqu’à 80 de ses 300 avions. Une manière de faire étonnante, brutale, qui lui permet de réduire fortement son offre et de maintenir un bon coefficient d’occupation des sièges. Certes, un avion qui reste au sol coûte cher mais la formule sociale de Ryanair permet aussi de réduire les dépenses fixes, la plupart de ses pilotes n’étant pas des salariés de l’entreprise dans l’acception classique du terme. Quand ils ne volent pas, ils ne sont pas payés, tout simplement.

Quoi qu’il en soit, au cours de ce trimestre litigieux, point de départ de commentaires souvent extravagants, le chiffre d’affaires de Ryanair a stagné. Mais, hors carburant, les coûts directs d’exploitation ont encore diminué, limitant les dégâts. Le passage à vide du début de l’hiver étant passé, la reprise, de toute évidence, deviendra vite une solide réalité, confirmée par l’ouverture de nombreuses lignes nouvelles et la création de quatre « bases » supplémentaires, Bruxelles, Athènes, Thessalonique et Lisbonne.

Bruxelles et Rome retiennent tout particulièrement l’attention, les 737-800 irlandais devant desservir Zaventem et Fiumicino, et plus uniquement « Bruxelles-Charleroi » (à 50 kilomètres de la capitale belge) et Ciampino, un petit terrain secondaire romain. On l’a déjà dit, il s’agit là d’une double initiative spectaculaire qui confirme la réorientation de la stratégie de Ryanair, bien décidée à s’arroger des parts de marché jusqu’à présent détenues par les compagnies classiques, essentiellement Brussels Airlines et Alitalia. La première s’achemine certainement vers des moments difficiles, la seconde, en état de survie au service des soins intensifs, ne devra sans doute son salut qu’à Etihad, Air France-KLM s’étant désintéressée du dossier italien.

Michael O’Leary, directeur général de Ryanair, se fait imperceptiblement moins arrogant et témoigne à présent d’une volonté bien réelle de mieux soigner ses passagers, y compris par la gratuité du second bagage à main et l’attribution de sièges à l’embarquement. Et, ce qui est implicite, une opération de séduction à destination de la clientèle d’affaires : elle ne voulait évidemment pas de Charleroi mais elle ira à Zaventem. A quand Orly au lieu de Beauvais ?

Dans 5 ans au plus tard, Ryanair passera le cap des 110 millions de passagers annuels, confortant ainsi son avance sur EasyJet, Vueling et les nouveaux venus comme Norwegian. Ses tarifs restent, de loin, les plus bas, sa vraie raison d’être.

Pierre Sparaco

Michael O'Leary vise 110 millions de passagers d'ici à 2018
Depuis le 1er février 2014, les passagers Ryanair peuvent sélectionner leur siège lors de leur réservation (supplément de 5 à 10 €)
Changement de stratégie : Ryanair se déplace vers les aéroports principaux
Pour faire face à la saisonnalité de son activité, Ryanair a prévu de laisser au sol 80 de ses 300 Boeing 737-800
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Ryanair : La perte trimestrielle n’annonce pas la fin d’un modèle
    cette compagnie exploite honteusement son personnel et vit sur des subventions accordées par des petits roitelets locaux. elle représente a la fois le pire du capitalisme tout en vivant de subventions publiques... un modèle exécrable en tous points. elle tire tout le transport aérien vers le bas. oui aux low cost qui ont permis de tirer vers le bas des tarifs trop élevés mais en respectant le droit du travail et sans syphoner nos impôts locaux. J ajoute que la vulgarité de son pdg est insupportable.

  • Ryanair : La perte trimestrielle n’annonce pas la fin d’un modèle
    Un modèle qui consiste à tirer son bénéfice des subventions réclamées à toutes les villes de destination est discutable. Beauvais, Bergerac pour ne citer qu'elles sont surement très contentes de "cracher au bassinet" de Ryanair, mais j'espère seulement pour elles que les retombées locales sont supérieures.

  • Ryanair : La perte trimestrielle n’annonce pas la fin d’un modèle
    Ancien directeur général de l'aéroport de Beauvais de 2000 à 2013, dont Ryanair fait 85% du trafic, je partage entièrement les analyses pertinentes de Pierre Sparaco sur l'évolution du modèle de Ryanair et le non évènement que constitue la perte du dernier trimestre 2013.

    Un seul point de désaccord cependant: je ne vois pas Ryanair abandonner Beauvais pour Orly, dont les slots disponibles sont systématiquement attribués à Transavia.

    Quant à une base éventuelle de Ryanair à CDG, ce serait une affaire d'Etat: Ryanair, après Easy Jet à Roissy, ce serait l'arrêt de mort d'Air France, inacceptable par l'Etat.

  • Ryanair : La perte trimestrielle n’annonce pas la fin d’un modèle
    Je viens de finir de lire le témoignage écrit par un CDB de la compagnie,aux éditions Altipresse.Franchement, çà ne donne pas envie de voyager sous les couleurs de la compagnie Irlandaise,malgré un bas-coût évident!!

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