Après le désistement d’Air France-KLM, seul un nouvel intervenant pourrait sauver Alitalia de la faillite. La compagnie italienne pourrait intéresser un transporteur aérien du Golfe. Dans l’urgence, Alitalia a choisi de mettre en vente une partie de son patrimoine immobilier.
Le conseil d’administration d’Alitalia, présidé par Roberto Colaninno, a reporté au 27 novembre la date limite de la recapitalisation de l’entreprise, exsangue et en danger de mort. Mais les 300 millions d’euros espérés ne constitueront tout au plus qu’un ballon d’oxygène et certainement pas une solution durable. D’autant qu’Air France-KLM, par la voix d’Alexandre de Juniac, son président, a confirmé son refus de participer à cette injection d’argent frais, ce qui revient à dire que la participation du groupe franco-hollandais tombera bientôt de 25 à 7 %. Une reculade qui risque fort d’apparaître ultérieurement comme une erreur. Soit qu’Alitalia s’effondre, Air France-KLM risquant fort d’en porter la responsabilité morale, soit que la compagnie italienne aboutisse dans le giron d’un autre intervenant non-européen.
Maurizio Lupi, ministre italien des Transports affirme urbi et orbi qu’il continue d’entretenir de bons rapports avec Paris, sans que l’on sache s’il s’agit d’un optimisme de façade ou de la traduction d’espoirs bien réels de réunir les conditions d’un retournement de situation. De manière générale, le gouvernement italien, bien que très préoccupé par l‘avenir de son pavillon aérien, donne l’impression de garder la tête froide, un contraste frappant avec l’époque Berlusconi.
Doit-on s’attendre à l’arrivée d’un nouvel acteur à la table de négociation ? Le nom d’Aeroflot a été cité à plusieurs reprises, ces jours-ci, mais probablement à tort. En revanche, on imagine volontiers l‘arrivée d’un acteur du Golfe, tout les regards se tournant tout naturellement vers Etihad Airways. La compagnie d’Abu Dhabi, très dynamique, est plus petite qu’Emirates et Qatar Airways et cherche avec force à combler son retard. Ainsi, elle s’efforce de drainer davantage de trafic vers son hub et vient, pour ce faire, d’acquérir 33,3 % du capital de la compagnie régionale suisse Darwin Airline. Très rapidement sera ouverte une ligne Zurich-Abu Dhabi, en complément du service quotidien déjà assuré depuis Genève. Voici Darwin promise du jour au lendemain à un bel avenir, bien qu’elle dispose tout au plus d’une dizaine de Saab 2000 (elle est représentée en France par APG).
Reste le fait qu’Alitalia, préoccupée par ses difficultés financières immédiates, cherche par tous les moyens à trouver des liquidités. L’un des moyens choisis consiste à mettre en vente une partie de son patrimoine immobilier, divers bâtiments estimés à une soixantaine de millions d’euros. Ce choix n’a pas été annoncé publiquement mais apparaît dans les petites annonces du dernier numéro de l’hebdomadaire américain Aviation Week. Les offres doivent être déposées au plus tard le 21 mars prochain. Voilà qui en dit long sur la gravité de la situation mais indique aussi qu’Alitalia espère être toujours en vie à la fin de l’hiver.
Sans préjuger des développements futurs de cette descente aux enfers, l’équipe Colaninno continue de travailler à un plan de redressement de la dernière chance. Tout à la fois pour rendre Alitalia plus attrayante et, dans l’immédiat, sauver les meubles. Environ 2.200 suppressions d’emplois seraient envisagées, pilotes et PNC inclus, une cure d’amaigrissement tardive mais sans doute indispensable pour jeter les bases d’un nouveau départ. Cela dans un contexte qui tient désormais de la course contre la montre.
Pierre Sparaco
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Suite au refus d’Air France, Alitalia se retrouve au bord du précipice
C 'est une triste nouvelle pour les italiens mais Alitalia est en sursis depuis longtemps et de ce fait prendra peut-être le chemin de Sabena.
Suite au refus d’Air France, Alitalia se retrouve au bord du précipice
Pour avoir côtoyer professionnelement cette compagnie
j ai toujours vu des piquets de greves à FCO à la preparation de vols, voilà ou conduit le dogmatisme syndical et l incapacité des dirigeants à prendre les bonnes décisions au bon moment. Un clin d'oeil à AF qui suit la même trajectoire...
Une cie du Golfe vient de prendre commande de 50 A380, AF annule deux options. la croissance est ailleurs
Comment lutter contre des salaires de mécaniciens à 700€.
Que dire du surnombre de personnel en poste en Corse chez AF et dans les DOM?
le social sur le dos des Cies française se paiera un jour.
Je ne fais pas de la polémique, je suis réaliste avec les chiffres sous les yeux.
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Suite au refus d’Air France, Alitalia se retrouve au bord du précipice
Accord total avec gommearabique. On peut ajouter que Air France supporte la gabegie de la DGAC, richement entretenue par les taxes aériennes, le tout servant à payer une armée de contrôleurs aériens parmi les moins productifs d'Europe. Un boulet que n'ont pas à traîner les compagnies du golfe ou les compagnies asiatiques. Tout finit par se payer et malheureusement Air France, qui lutte pour sa survie face à celles-ci sur les longs courriers, et à déjà perdu la bataille du court courrier face aux low cost, à autre chose à faire que de faire du bouche à bouche à Alitalia.
Suite au refus d’Air France, Alitalia se retrouve au bord du précipice
Bonjour,
je reprends cordialement les propos :" libérer les énergies et baisser les charges permettra à coup sûr de financer le maintien d’un système social valable " il faudrait en parler aux salariés des low cost pour avoir leur avis.
Au dix neuvième siècle les propriétaires des mines de charbon menaçaient de devoir fermer leur mines si on interdisait le travail des enfants...
Chercher la croissance, encore que la planète s'essouffle et la compétitivité : faire mieux pourquoi pas, mais avec une obsession de réduction des coûts c'est pas gagné!
Suite au refus d’Air France, Alitalia se retrouve au bord du précipice
pas d'accord avec "gommearabique" : marre des discours simplificateurs su genre "si on devient plus compétitif ce sera au détriment de tout le reste" simplement parce que c'est faux. RIEN n'apporte plus d'argent à un état, donc à un système social, que la croissance. RIEN n'étrangle plus les boites, donc fait diminuer la croissance, qu'une pression sur le coût du travail trop importante.
libérer les énergies et baisser les charges permettra à coup sûr de financer le maintient d'un système social valable. Comment expliquez vous que l'on soit devenu les derniers de la classe, et que tous les pays du nord s'en sortent super bien alors que leur système social est très qualitatif ?
Suite au refus d’Air France, Alitalia se retrouve au bord du précipice
Bonjour,
on peut toujours faire mieux et moins cher que son voisin, mais au bout du chemin, car la vie à un "prix" on supprime l'éducation, les soins, les congés, la retraite, la culture, les syndicats, bref on inverse une certaine conception du progrès et on retourne se battre pour manger, s'abriter, se reproduire...
Demain une nouvelle compagnie sera plus compétitive que les low costs actuelles et après demain ?
Après demain on se déplace à pieds c'est moins couteux ! Et hop finit les avions.