Avec le rachat d’Hex’Air, la compagnie du Puy-en-Velay, la marseillaise Twin Jet devient l’un des principaux opérateurs de Beech 1900D en Europe. De son réseau à la maintenance en passant par la formation des pilotes et des mécaniciens, Twin Jet a construit un modèle à succès qui repose sur le biturbopropulseur de 19 places.
Hex’Air va désormais rejoindre Twin Jet dans le groupe FMA (Flight Management Airways). C’est ce qu’a annoncé Olivier Manaut, PDG du groupe, le 7 septembre dernier. Hex’Air est une petite compagnie aérienne créée en 1991 et qui exploite deux Beechcraft 1900D, comme ceux composant la flotte de Twin Jet, l’un sur une ligne quotidienne Le Puy-en-Velay / Paris Orly qui transporte 8.500 passagers par an, et l’autre pour des vols charters.
Le rachat de la compagnie Hex’Air est le fruit d’un concours de circonstances. « Fort de ses succès, Twin Jet est en recherche de développements, ce n’est pas un secret » avoue Guillaume Collinot, directeur général de la compagnie qui poursuit : « pour se développer, on n’a pas pléthore de solutions : soit on ajoute de nouvelles lignes et on achète de nouveaux avions, soit on achète des compagnies. » Mais il semblerait que le développement de Twin Jet n’est pas le seul élément a avoir pesé dans la balance. Alexandre Rouchon, directeur d’Hex’Air, aurait également cédé aux sirènes de Twin Jet du fait d’une réglementation européenne qui s’alourdit : « La réglementation actuelle nécessite un travail en interne avec du personnel qualifié entièrement dédié à cette tâche » explique le directeur de Twin Jet avant de poursuivre : « les petites compagnies ont des difficultés à maintenir ces compétences en interne et nous avons tout l’attirail nécessaire chez Twin Jet avec notre équipe avoisinant désormais les cent personnes. »
Mais qui dit rachat peut supposer également absorption. Si la marque Hex’Air sera conservée et si les deux avions de la compagnie garderont leur livrée à bandes multicolores pendant une durée encore indéterminée, le CTA (Certificat de Transport Aérien) d’Hex’Air va disparaître au profit de celui de Twin Jet avant la fin de cette année. En termes de personnels, pas de licenciements prévu. Les cinq pilotes actuellement employés par Hex’Air seront désormais salariés par Twin Jet, de même que les trois personnes employées par la compagnie à Loudes (Haute-Loire). De la même manière, Alexandre Rouchon passera du statut de directeur d’Hex’Air à celui de salarié de Twin Jet, en charge de la ligne Le Puy-en-Velay / Paris Orly initialement opérée par sa compagnie.
L’annonce du rachat d’Hex’Air intervient au moment même où Twin Jet fait une autre annonce ayant un rapport avec son développement : l’ouverture d’une ligne Toulouse / Friedrichshafen, le 5 septembre dernier, qui représente quatre vols directs par semaine. Ce n’est pas un hasard si la ligne nouvellement ouverte relie deux villes où sont implantées des unités d’Airbus group. Le mastodonte européen de l’aéronautique a en effet lancé un appel d’offres pour le déplacement de ses cadres, du bassin industriel toulousain vers les installations d’Airbus defense and space à Friedrichshafen, où travaillent près de 2.500 personnes au développement de satellites, de sondes et d’équipements d’observation de notre planète. « Remporter cet appel d’offres européen lancé par Airbus goup est pour nous une reconnaissance importante, une sorte de Graal » se réjouit Guillaume Collinot. Les termes du contrat précisent qu’Airbus group s’engage à participer à hauteur de 50% des sièges disponibles du Beechcraft 1900D qui comporte 19 sièges.
Si Twin Jet dessert également la ligne vers Stuttgart, la compagnie n’en est pas à son premier coup d’essai en Allemagne. Début 2016, Twin Jet avait profité des travaux sur l’aéroport de Metz-Nancy-Lorraine, qui rendaient inopérables ses dessertes vers Toulouse, Bordeaux et Marseille-Provence, pour tester une ligne Brême-Nuremberg. Le test, qui devait être la première liaison de la compagnie à l’extérieur du territoire français, s’est avéré peu concluant pour la compagnie qui a préféré abandonner cette ligne après seulement deux mois d’exploitation. « Le marché allemand est très différent du marché français » explique le directeur général de Twin Jet, « les habitudes de paiement sont également très différentes de celles observées en France, de même que les habitudes de déplacements, mais ce test nous a permis d’apprendre beaucoup de cette expérience allemande« .
Twin Jet serait-elle vouée à demeurer sur le territoire français? Dans l’esprit de son directeur général, sa compagnie a l’ambition de se développer tant vers le cabotage acheminement de marchandises ou de passagers sur une courte distance. Une compagnie aérienne en provenance d’un pays d’origine donné peut embarquer des passagers dans un État étranger pour les débarquer dans une autre ville de ce même État que vers les lignes internationales.
Twin Jet, c’est avant tout une success story… « à la française » aime à rappeler Guillaume Collinot, directeur de la compagnie. Créée en 2001 à Marseille, avec une première liaison Nîmes-Châteauroux, la compagnie est spécialisée dans les dessertes régionales à forte typologie « affaires« . Avec l’achat d’Hex’Air, Twin Jet dessert désormais 15 aéroports par des lignes régulières en France (Paris Orly, Marseille, Nice, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Metz-Nancy, Pau, Limoges, Périgueux, Bergerac, Le Puy-en-Velay), en Allemagne (Stuttgart et Friedrichshafen) et en Italie (Milan) et effectue également du transport à la demande, pour des équipes sportives ou des personnalités, ainsi que des vols sanitaires.
« Depuis les origines de la compagnie, nous employons et salarions notre personnel navigant technique en France et nous entretenons nos avions (immatriculés en France) dans nos propres ateliers basés à Aix-en-Provence » souligne Guillaume Collinot. Il faut dire que tout un arsenal a été déployé autour de et pour Twin Jet dans un groupe également inventé par le créateur de la compagnie, Olivier Manaut, avec l’objectif de limiter la sous-traitance au stricte minimum. Une recette qui semble porter ses fruits puisque la compagnie affiche un chiffre d’affaire de plus de 26 millions d’euros en 2015, avec un résultat bénéficiaire et transporte un peu plus de 90.000 passagers par an.
Twin Jet, est l’une des trois entreprises qui constituent le groupe FMA (Flight Management Airways) qui en est actionnaire majoritaire. On trouve également dans le giron ce groupe suisse, auquel Olivier Manaut a vendu toutes ses parts, deux autres entreprises : Kerozen Industrie et Air Qualifications. Kerozen Industries, créé en 2004 sur l’aérodrome d’Aix-en-Provence, est un atelier de maintenance aéronautique PART 145 qui entretient notamment les 10 Beechcraft 1900D Airliner qui composent la flotte de Twin Jet, en plus d’autres appareils du même type appartenant à d’autres compagnies européennes. Les deux Beech 1900D d’Hélix’Air étaient d’ailleurs entretenus, peu avant le rachat de la compagnie, chez Kerozen Industries.
Air Qualifications, ensuite, est l’école de formation qui permet de faire passer les qualifications de type (QT) Beechcraft 1900D aux pilotes de Twin Jet mais aussi à ceux d’autres compagnies. L’école forme également des commerciaux et des agents d’escale. « L’école a formé une quinzaine de pilotes en 2015 et c’est la garantie pour Twin Jet d’avoir des pilotes bien formés sur ses appareils » précise le directeur de Twin Jet qui poursuit, quelque peu navré par la loi du marché des pilotes : « nous sommes dans une période où les compagnies aspirent les pilotes. C’est la logique normale, mais ce sont les petites compagnies, comme Twin Jet, qui forment les pilotes qu’elles voient bien souvent partir pour rejoindre de grosses compagnies qui peuvent leur offrir de meilleurs salaires. » Résultat : un turn-over important qui fluctue en fonction des appels du pied effectués par les grosses compagnies aux pilotes de Twin Jet, comme à ceux d’autres compagnies similaires.
Autre sujet de discorde pour le directeur de Twin Jet, la pression financière que peut subir la compagnie sur certains aéroports. Et parfois, ça coince au point d’abandonner une ligne pourtant annoncée mais qui n’a jamais démarré. Le 8 mars 2016, une ligne Lyon-St-Exupéry / Turin devait être mise en place par Twin Jet, qui devait ainsi réanimer une ligne fermée depuis fort longtemps avec cette dimension « affaires » caractéristique des dessertes de la compagnie française.
Twin Jet avait reporté la mise en service de la ligne à mai puis avril pour enfin annoncer un report sine die sans plus d’explications. « L’aéroport de Lyon nous a imposé un service de bus pour emmener nos passagers au point de filtrage sécurité » explique Guillaume Collinot qui précise que « l’aéroport estimait alors que la facture devait être à notre charge, ce qui faisait bien entendu grimper le prix du billet en flèche et rendait la ligne inexploitable. » Et le directeur de la compagnie de regretter cette situation : « L’abandon de cette ligne nous a bien sûr coûté de l’argent et c’est 5.000 à 6.000 passagers « affaires » par an que nous ne transporterons pas. »
Pour autant, Twin Jet ne va pas s’arrêter là et son directeur général compte bien sur l’ingéniosité de ses équipes et la motivation de la centaine de personnes qui la composent désormais pour porter la compagnie aérienne au plus haut. « Twin Jet c’est avant tout la réussite d’un travail d’équipe et la preuve qu’on peut faire vivre une entreprise française, la développer et être content d’y travailler. »
Et tout reste envisageable pour FMA, qui entend bien développer encore sa compagnie, aussi bien en mettant en place de nouvelles lignes sur le territoire français qu’en rachetant des compagnies concurrentes en France comme à l’étranger. Le petite compagnie Twin Jet, en se donnant les moyens de ses ambitions, n’en a donc visiblement pas fini de grimper vers les sommets.
Fabrice Morlon
La nouvelle Twin Jet en chiffres | |
Capacité de 200.000 sièges | Plus de 90.000 passagers par an |
12 avions du type Beechcraft 1900D | 45 vols par jour |
30 millions d’euros de chiffre d’affaires prévus en 2016 | 15 destinations desservies |
100 employés | Répartition des publics transportés : 70% affaires / 30% tourisme |
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